Un quart de siècle après la fin des sixties et des années érotiques, qu’en est-il de nos révolutions sexuelles ? Nos coucheries sont-elles aujourd’hui à la hauteur des espérances de l’époque ? Nous-marions nous toujours, et toujours autant qu’avant ? Aimons-nous toujours, et toujours comme avant ? À l’approche de la terrifiante Saint-Valentin, et au regard de notre lectorat de dégénérés (coeur, ndlr), nous avons décidé de vous interroger vous, vous les millenials qui peuplent les nuits sauvages. Pour toi c’est quoi aimer en 2019 ?

Parce que la question s’est clairement posée au cours de l’année passée. En 2018, de nombreux médias s’insurgeaient presque, s’interrogeant face aux résultats d’études ciblées. En mai 2018, le média britannique The Independent présentait un constat acerbe : selon une étude menée par le University College London, sur un échantillon de plus de 16 000 personnes nées en 1989 et 1990, une personne sur huit auraient été encore vierges à l’âge de 26 ans. Difficile à croire, et pourtant. Quelques semaines plus tôt, le magazine Society signait le 22 mars, un article sur la « baisse de baise » de nos jeunes. Ça baise plus trop, ça discute, ça s’enferme, ça Netflix, ça mate des pornos, ça Tinder, mais ça baiserait plus ? Étonnant au premier regard, et à considérer qu’aujourd’hui, le sexe est un sujet de conversation, réflexion, analyse des plus en vogue et assumés. Étonnant à la première lecture, alors qu’aujourd’hui se facilite et se visibilise de plus en plus, la liberté donnée à chacun(e) de déconnecter son genre de son sexe. Étonnant au premier regard, et à voir aujourd’hui la multiplication des backrooms en soirée, teuf ou autres hangars et substituts. Étonnant, oui. On fait l’amour en soirée, mais plus dans son lit ? Alors, et sans remettre en question chiffres et études formelles, pourrions-nous simplement affirmer, que peut-être, les codes auraient changé ? Je « baise moins fréquemment que mon arrière grand-mère, mais mon arrière grand-mère s’est mariée à 18 ans, et quand je baise c’est à trois, la plupart du temps, avec mes deux plans cul, Léo et Anita ; on projette même de peut-être s’installer ensemble, oui oui, tous les trois ». C’est exagéré, vous nous direz, mais c’est pourtant ce qui pourrait sortir de la bouche d’un Millenial en 2019.

Voilà déjà 115 numéro que nous vous lisons dans notre hebdomadaire reporting de soirée léger comme il faut, le ci-nommé DÉGIF, vous les teuffeurs du mercredi, du jeudi, du vendredi, du samedi, du dimanche et parfois des cinq nuits à la fois. Voilà déjà 115 weekends prolongés que vous nous exposez à la lecture, 115 différentes couches à soulever pour connaître vos façons de sortir, danser, aimer et baiser. Déjà 115 semaines de rire, de sourire et de délicieuse surprise toujours agrémentée d’une certaine admiration face à vos révélations libérées et tout en détente. D’ « une danse plutôt torride avec un mec sous speed (…) accompagnée d’une main dans le pantalon rapidement enlevée pour ne pas choquer les jeunes filles », à des constats perspicaces -« j’en ai marre des mecs tinder ; tu suces et ils disparaissent »-, en passant par des anecdotes juteuses -« il a commencé à danser en agitant son machin dans tous les sens », – la nuit sauvage se ravit de l’affranchissement des codes. On se plaint du manque de backroom dans les soirées, de la lumière trop forte, de la lumière qui ne l’est pas assez, on se plaint qu’il n’y a « pas assez de sexe » à telle ou telle soirée, en public ou en privé, et on soulève une nouvelle question : et si plutôt que d’avoir changé, les codes avaient disparus ?

Et si l’abandon était intégral ? Longtemps perçu comme un rite de passage de l’état d’enfance à celui d’une norme masculine ou féminine, et si la perte de virginité en 2019 avait été reléguée au rang des lieux communs, moins ritualisée, repoussée au maximum et/ou mise de côté,  car de plus en plus banalisée ? À l’heure où l’on ne passe plus trop son permis, où l’on s’engage de moins en moins, que ce soit pour l’achat d’un appartement, le projet d’enfant ou la signature d’un contrat de mariage, à l’heure où les millenials s’ancrent plus dans le short que dans le long-term consumming, qu’en est-il de nos façons d’aimer ? Et si, à force de ne plus se manquer et de se consommer les uns les autres, très ou trop vite sur les réseaux, nos désirs avaient muté, poussés plus loin, en une exploration moins redoutée des nouvelles pratiques sexuelles et.ou amoureuses ? Comme l’explique la sexologue Laura Beltran dans un entretien menée par Cécile Bouanchaud pour Le Monde en juin dernier, à contrario de la génération dite « sacrifiée » de nos parents qui donnaient tout pour que « ça marche », le millenial s’interroge : « à quoi bon accepter plein de contraintes pour que cela ne marche pas, finalement ? ».

Rainer Torrado

Mais, et si là aussi les codes étaient en voie de disparition ? On se marie, on se marie plus, on fait des enfants, on fait pas d’enfants, big deal or not big deal ? Plutôt qu’avoir disparu, et si les codes de l’amour s’étaient simplement transposés dans une recherche d’idéaux et de combat pour ses droits, plus officielle, médiatisée et alimentée, la question n’étant plus de savoir qui souhaite se marier, mais qui en a le droit. La question n’étant plus de savoir qui souhaite avoir des enfants, mais qui peut en avoir, aux yeux de la loi ?

À l’approche de la Saint-Valentin du 14 février, maudite pour certains, redoutée pour d’autres et oubliée même pour beaucoup, nous avons décidé de lancer une enquête sans concession et sans prétention. Sans vocation à dévoiler des vérités cachées et officielles, notre questionnaire « Pour toi, c’est quoi aimer en 2019 ? », totalement anonyme, vise à te donner la parole, à toi pour qui la fête est culture, à toi pour qui la fête est inhérente au millenial que tu es. En collaboration avec nos partenaires de choix et de choc, les ci-nommés La Java, Petit Bain, festival How to Love, PWFM, Sous tes Reins, Discoquette, Tech Noire / forensics, Heetch et Sneaky Sneaky, nous publierons les réponses à ce questionnaire le jeudi 14 février prochain, au matin, histoire d’avoir au moins un truc à te… mettre sous la dent !

Otto Zinsou