Fusionnelle, fraternelle, paternelle, complice… Les adjectifs pouvant qualifier la relation de ces deux amis d’enfance sont divers et variés. En revanche, nous pouvons affirmer que la solidité de leurs liens n’a d’égale que celle de leur techno. Et quand on privilégie la qualité dans les relations, choisir le support musical le plus noble semble une évidence. L’Établi, c’est team only vinyl !

Nos lecteurs suisses auront l’occasion de prendre la température du duo qui se produira aux côtés, entre autres, de Bas Mooy et SNTS à la DISCONNEKT hosted by Rudelbums vendredi 18 mai à Genève, et pourquoi pas de récolter un sourire de Ben !

Comment vous en êtes venus à la musique, chacun de votre côté ?

Ben : On y est venus ensemble, je dirais. On allait tout le temps en soirée pour écouter de la techno, puis quand on en a eu marre d’être uniquement spectateurs on s’est achetés une paire de platine et on a commencé à mixer. Je me souviens parfaitement du trajet, on a roulé des heures pour aller chopper des MK2 d’occasion, sur la route on écoutait Lucy (Stroboscopic Artefact), meilleur achat de notre vie.

Marco : On écumait les dancefloors depuis des années. Comme le dit très bien Ben, on passait notre temps devant les platines, accolés au dj booth à observer comme des enfants (que l’on était) ces ambianceurs de soirées ! A force de déchiffrer leurs mimiques, tenter de comprendre la gestuelle, on en a eu marre de rêver d’être à leur place. On s’est alors décidés de passer à l’acte, et depuis c’est du one love avec nos MK2.

Vous vous êtes rencontrées comment tous les deux ?

Ben : On a été successivement dans la même école et le même lycée, donc on se connait depuis un bon moment maintenant. On a été dans la même classe quand on avait 12 ans, et va savoir pourquoi on est restés potes.
Il existe une version alternative : j’ai recueilli Marco comme mon propre fils quand sa mère et moi on a décidé de s’installer ensemble, j’ai tout de suite vu que ce petit bonhomme avait du potentiel, et quand il m’a enfin appelé Papa je lui ai offert sa première paire de platine, ça a vraiment soudé notre famille de pouvoir partager cette passion.

Marco : Je tolère ce mec depuis presque 15 ans. On partage beaucoup depuis toujours, à commencer par un groupe de meilleurs potes communs depuis l’enfance. On a découvert la musique comme des illuminés aux mêmes soirées, pris nos premières cuites ensemble, ça sonne romantisé, mais c’est vrai. On a en quelque sorte grandi ensemble !
Ben est pour moi un père de substitution, mon petit Guetta à moi. Le beat-matching, le calage au casque, le scratch, je lui dois tout ou presque !

Il vient d’où votre nom d’artistes, au fait ?

Ben : Quand on a acheté nos platines, on a bien dû trouver un endroit où les mettre et c’est dans l’établi de mes parents qu’on les a posées. Nos potes disaient “on va voir l’Etabli” quand ils venaient nous écouter à la maison, et puis c’est resté.

Marco : On s’est enfermés dans cet établi comme des ermites ! On jouait sur un sound-system primitif « récupéré » sur un chantier. À y repenser, j’en suis presque nostalgique, wallah.

« Mixer répond à un besoin qui est celui d’extérioriser certaines émotions »

C’est quoi votre plus grande inspiration dans la musique ?

Ben : Je ne suis pas certain de comprendre la question alors deux réponses :
A : Question difficile… pour moi la musique c’est de l’émotion pure, et mixer réponds à un besoin qui est celui d’extérioriser certaines émotions, je suis de nature plutôt réservée voir secrète, je parle peu de ce que je ressens.  Je trouve dans la musique (et le fait de mixer) une forme de partage d’émotion et d’énergie qu’il me serait impossible à verbaliser.
B : Question difficile… perso je suis toujours impressionné par les pionniers, et ceux qui ont véritablement construit le mouvement, mais pour ne pas rabâcher des noms devenus légendes je vais me concentrer sur les quelques contemporains que j’admire : Takkaki Itoh, Savas Pascadilis, Robert S.

Marco : Je trouve sa réponse complètement déplacée. Nos équipes en charge de la communication déclinent toute responsabilité quant aux conséquences de cette prise de position !
Pour démontrer ma bonne volonté, je vais m’obliger à répondre sérieusement. Je dirais donc Freddy K pour sa sélection, sa maitrise de l’art, sa prestance et Ancient Methods pour son emprunte musicale. Si je devais avancer deux derniers noms, je parlerais de Max Durante et Sunil Sharp, qui pour moi sont, tout comme les autres, des forces tranquilles de la scène, des types qui laissent l’expérience et leur musique parler !

C’est quoi qui vous plaît dans le fait de travailler à deux ?

Ben : Je crois qu’on tire un bénéfice mutuel de notre duo, d’une part parce que chacun de nous fait ses expériences de son côté et en fait profiter l’autre, mais aussi – et surtout – on se respecte vraiment musicalement, et on adore partager ça, du coup quand tu vois que t’es en train de faire danser ton binôme comme un ouf tu sais que t’es dans le juste… d’une autre part on est tous les deux assez critiques et exigeants, et avoir une paire d’oreille supplémentaire c’est également précieux parce que si c’est mauvais on hésite pas à se le dire ; c’est ce qui nous fait avancer.


Marco : Clair. On a une approche critique et constructive, et ça nous permet de tirer un peu de bon dans chacun des gigs que l’on fait. Au travers son approche très éclectique de la musique, Ben apporte beaucoup à ce projet d’après moi : une collection techno solide au possible, des skeuds de house au groove ravageur, du jazz pointu, et ça se ressent dans ses choix !

Vous faites quoi quand vous ne faites pas de musique ?

Ben : Le plus clair de mon temps libre y est consacré, autrement en dehors du taff et si j’ai le temps, j’aime passer du temps avec mes potes, lire, aller au musée.

Marco : Je passe le plus clair de mon temps à rattraper les erreurs de calage de Ben. C’est chronique chez lui. A le faire grandir, j’aime aider les gens biens. Après, c’est un mec en or donc ça va !

C’est quoi le truc que vous aimez le plus chez l’autre ?

Ben : Son zizi. Putain c’est quoi cette question de merde ? Tu crois qu’on va t’envoyer une photo de nous en 69 ou quoi. Sa sélection ! (Désolé mon pote si tu pensais avoir d’autres qualités…)

Marco : Sa manière timide de sourire aux mecs mignons positionnés devant le dj booth. Je trouve ça attachant, ça rend jaloux son mec et on en rigole beaucoup tous les trois !