Les 5 teufs à ne (surtout) pas rater en avril – Tu l’as peut-être pas encore bien saisi, mais le printemps s’est installé, et l’été a déjà pointé le bout de son nez. Dans ton coeur, là, en soum-soum, pas très officiellement, juste comme ça, sans rien dire, l’été est là. Tu l’as peut-être encore pas bien vu, mais les sourires se multiplient, à mesure que les nuits filent, les rires se précisent, la fête pas si futile ; même clandestines, les saisons t’habitent, la fête taquine. D’une hibernation soluble, froide et parfois douleur, naîtra la célébration, la victoire des belles choses, la douce libération. Tes pleurs tendrement, se lover sous l’aile chaleureuse des jours de salut. Le printemps s’installe, en soum-soum, l’été est déjà là, dans ton coeur, et tes larmes d’eau, en poussière, pour transformer les maux.
1 – samedi 7 avril – Sous Tes Reins (La Station-Gare des Mines)
Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’on a clairement tiqué sur l’affiche. Bonbon de modernité. Touche de joie et d’esthétisme dans un monde d’ombres et de zombies qui rodent en surface (genre), l’affiche de la Sous Tes Reins nous a réveillé la rétine. Bon Dieu ça fait du bien. À deux doigts de la fracture nous étions. Oui oui. Puis parce que Sous Tes Reins c’est un des projets de Reno, aka l’une des reines de la nuit, et Quentin, aka le dj tout paillettes, De Vedelly. Comment ne pas jeter un oeil au line-up ?
En vrai ? On a donc jeté un coup d’oeil au line-up, et le coeur nous a tous lâché. CARDOPUSHER. Le roi de l’acid horror disco (totale invention mais son style est hybride comme ta future voiture) à Paris ? À la Station de surcroît ? On y croyait presque pas…
Tu es… Maxime. Tu traînais souvent à la Station l’été dernier. Mais cet automne, le mauvais temps avait eu foi de toi. T’es un peu frileux. T’as le blanc du corps qui frissonne facilement du coup t’as hiberné en regardant des séries, t’as chiné les brocantes emmitouflé dans ta parka et puis bon, finalement, t’a bossé ta thèse. Puis avec l’arrivée des beaux jours, tu as recommencé à checker la prog de ta chère chère chère Station. Et bingo, tu es tombé sur l’une des plus belles fêtes de ce début de printemps. SOUS TES REINS. Un bien joli nom pour accueillir l’un de tes artistes préférés. Le grand Cardopusher. Enfin grand que pour toi, parce que tes potes, face à ton excitation trop palpable, se sont quasiment tous écrié “C‘est qui ce mec qui te fait te mettre dans TOUS TES ÉTATS ?! Tu peux arrêter de t’agiter stp ?“. Ce mec c’est genre ton dieu. T’as tous ses vinyles. Tu connais ses prods par coeur. Tu les chantes. Tu les joues. Parce que oui t’es aussi un peu dj à côté de tes études tardives. Cardopusher, même si en vrai, peu de gens le connaissent à Paris, ou alors vraiment, seulement les VRAIS, tu rêvais de le voir jouer, et ton rêve devient enfin réalité.
L’artiste qu’on y attend : Tu l’auras (peut-être pas encore) compris, le vénézuélien installé à Barcelone, Cardopusher. Bon, y’a quand même un sacré panel de talents ce soir-ci, entre Herrmann, l’américaine Ciarra Black et les cools mecs de Paris Acid Boys !
Heure de pointe : 23 h 45
Potentiel de chope : Un bon gros 89 % sur le set de Cardopusher, c’est LÀ qu’il faudra tenter ta chance !
% sauvagerie/déviance : 81 %
Les bails : de 22 h à 06 h / 9 —> 12 euros
2 – vendredi 13 avril – Secteur H (La Java)
Pourquoi ? Parce que la Secteur H a pour habitude de ne convier que des artistes peu habitués des scènes parisiennes. Pour la dernière, on se prenait dans la tête 2 h 30 d’un Matrixxman très énervé. Pour celle-ci, deux noms qu’on attendait plus : Cosmin TRG le roumain et Volte-Face le britannique. Cosmin, ça fait bien trois ans qu’il t’a pas donné l’occasion de t’exciter sur la vitalité de ses sets. Vote-Face, lui, n’est pas un habitué des clubs parisiens, on le découvrait pour la première fois en octobre dernier au Rex. Et on en était restés sur notre faim. Encore, encore, encore ! On en veut ENCORE !
En vrai ? Parce qu’il paraît que les gars sûrs du Secteur Ä vont passer faire un tour pour filer quelques baffes. Puis parce qu’il nous fallait trouver un spot safe pour une nuit de tous les diables. Le vendredi 13, tu choisis BIEN ta soirée…
Tu es… Jean-Sylvère, tu te demandes depuis 35 ans et demi pourquoi tes parents ont osé. T’as grandi avec le souvenir des raves parties, nourri des sourires de tes parents ébahis quand ils racontent l’Âge d’Or, et leur come-back au goût amer. Toi, t’acceptes pas trop que les jeunes fassent la fête dans des hangars. Tu dis “les jeunes”, oui, parce que t’as l’impression d’être vieux, très vieux, quand tu t’y frottes, quand tu t’y piques, à ces minots au torse dénudé et à la bouche déformée qui s’embrassent sans capote à la langue, qui s’excitent en silence et en rythme sur les booms booms des nouvelles stars de la techno. La techno, tu l’écoutes fort, mais dans un bon casque. Quand tu bosses au bureau. Quand tu chines dans les boutiques de vinyle. Quand tu rentres chez toi et que tu nettoies le diamant de ta cellule avec précaution, avant de lancer un bon gros Aeternam Vale. Jean-Sylvère, tu travailles dans l’immobilier, et tu préfères garder tes passions du côté des passions. La journée tu te fais chier, un peu. Mais quand c’est parti, quand t’es sorti, au Rex, à La Machine, en club parce que les hangars c’est plus ton truc, tu décolles, t’es plus là, qu’on te foute la paix, t’es dans ton élément, et c’est juste dément. La Secteur H, tu en fais ton affaire !
L’artiste qu’on y attend : Cosmin TRG le poète, qu’on se le dise on l’attend de pied ferme, pour lui demander, pourquoi une telle absence. De son véritable nom Cosmin Nicolae, Cosmin TRG on le découvrait en 2011 avec Simulat et on l’adulait pour Gordian en 2013 avec l’incroyable track New Structures for Loving.
Heure de pointe : 01 h 04
Potentiel de chope : 83 % sur le set de Cosmin, 98 % sur le set d’Aubry, mais tout dépendra de l’heure… et de l’humeur de ce dernier… hu hu hu…
% sauvagerie/déviance : 75 %
Les bails : de 23 h 59 à 06 h / 8 —> 10 euros
3 – vendredi 20 avril – Forensics x [a+w] (La Station-Gare des Mines)
Pourquoi ? Plusieurs noms interpellent. Urban Spree. Tech Noire. Aufnahme + Wiedergabe. C’est suffisant non ? Enfin, le collectif Forensics prend vie. Forensics c’est quoi ? C’est la célèbre Tech Noire, haute en noirceur, à Paris. Forensics c’est aussi la soirée Night Shift qui prend ses quartiers depuis le 13 janvier dernier au fameux Urban Spree berlinois. Forensics c’est un collectif queer et hétéro inclusif qui met en avant la culture wave, goth et techno, peu représentée à Paris, et qui place la drag culture, la performance, au centre de son ADN. Unique à Paris, il était temps, pour nous, de te les introduire, vraiment !
En vrai ? On est super fans du label Aufnahme + Wiedergabe auquel Forensics s’associe pour ce vendredi 20 avril qu’on espère très chaud. Aufnahme + Wiedergabe c’est le bébé de Philipp Strobel. Aufnahme + Wiedergabe c’est Schwefelgelb, Boy Harsher, Thomas P. Heckmann, Codex Empire, SΛRIN ou encore The Horrorist, rien que ça. Boom !
Tu es… Mehdi. Dans ton discman, en 2002, des noms légendaires, des Cure à Joy Division, de Sisters of Mercy à Marilyn Manson, de Bauhaus à Killing Joke, en passant par les classiques Television, Suicide et Cocteau Twins. Tu révises ton bac sur des sons noirs qui te bercent le coeur. Tu traînes dans une bande où la culture goth est philosophie. Habillés de noir on vous surnomme les darkos. Tous en Terminale L, vous en riez bien de ces surnoms. Dix ans plus tard, t’en as fait ta vie de la musique, tu écoutes plus d’EBM qu’avant, et tu vends des vinyles dans un store dont t’admires beaucoup le patron, Jean-Michel (que tout le monde appelle simplement Jarre). Tu conseilles des jeunes en manque de sensation ; Redouane, Julia, Sévan, élevés à la sauce Jul et Kenji Chirac, tu leur donnes un peu de toi, un peu de ce qu’il y a eu de bon dans ce monde. Tu leur mets un casque sur les oreilles et tu changes les disques. Tu leur montres qu’aujourd’hui encore la culture dark a de beaux jours devant elle et qu’ils peuvent, eux aussi, se l’approprier. Ta dernière trouvaille ? Tempers. Un duo qui te fout les frissons. Parce qu’un doux mix entre Boy Harsher et Arcade Fire. Tu écoutes tout ce que sortent [aufnahme + wiedergabe]. Tu t’es mis à la techno. Oui oui. Tu t’es découvert une passion pour le son brut de Schwefelgelb. Ces deux mecs te rendent dingues. Et quand Tech Noire a fait ses premières soirées à Paris, la curiosité t’a emportée. Tu t’es ouvert à un monde encore nouveau. C’est ta besta Salomé qui t’y a trainé. Ha les apriori que tu avais sur la culture drag…! Tu t’en étais jamais caché. Imbécile. Tu as découvert Ghōst, Miss Drinks ou encore Lady Galore. Et tout a changé.
L’artiste qu’on y attend : Sid & Eddy, de Schwefelgelb, car ils retournent toujours les foules qui s’y confrontent.
Heure de pointe : 00 h 21
Potentiel de chope : 91 %
% sauvagerie/déviance : 93 %
Les bails : de 22 h à 06 h / 9—> 12 euros
4 – samedi 21 avril – Wet For Me – 10th anniversary! (La Machine du Moulin Rouge)
Pourquoi ? Parce que cet anniversaire, tu l’attends depuis dix ans. Oui, parce que depuis dix ans, la Wet For Me fait mouiller filles du tout Paris (et de toute la France, voire de toute l’Europe), garçons mignons en manque de sensualité, et créatures en tous “genres” qui veulent virer les cases dans lesquelles habituellement (et trop souvent), on les met. La Wet For Me c’est Barbi(e)turix, un collectif de filles qu’on aimait à appeler “trash but class” quand elles sont nées. La Wet For Me, c’est une sorte de réponse à la fermeture du célèbre Pulp. La Wet For Me, c’est une programmation progressiste, un espace safe pour toutes et tous, un halo lumineux d’amour qui ne cesse de brûler dans la nuit, qui ne cesse de repousser les frontières et de mettre en avant, ces filles sur lesquelles les projecteurs peinent parfois à briller. Bravo. Et merci !
En vrai ? T’as vu le line-up et tu poses encore la question ?
Tu es… Samantha, 38 ans. Tu t’es jamais remise, ni de la fermeture de ton QG, le Pulp, ni du set de Chloé un soir d’hiver, au 25 boulevard Poissonnière, alors que tu rencontrais Marianne 22 ans, ni de la mort subite de Sex Toy, aka Delphine Palatsi, son dj résident, en 2002, cinq ans avant la fermeture des portes. Samantha, tu es une grande nostalgique. Tu as baigné pendant des années, dans cette douceur sourde qui rythmait le weekend. Les Scratch Massive, Jennifer Cardini et autres Ivan Smagghe et Arnaud Rebotini, y poussent leurs tracks à l’époque, avec la simplicité qui fait les débuts des plus grands. Et toi tu vogues, tu vagues, tu dragues. Puis viendra la Clitorise à la Flèche d’Or, ta première Wet au Nouveau Casino, et la grande Machine du Moulin Rouge qui d’un coup accueille la plus grande soirée pour filles de toute l’Europe. Tes copains rentrent sans problème. Tu oublies presque le Pulp. Tu montres tes seins. Tu essaies de parler dans le micro quand le patron, Rag, tourne les yeux. Tu sautes faire la bise à tes héroïnes, Louisahhh, Clara 3000, Jennifer Cardini, Chloé, Ellen Allien, Paula Temple, Charlotte de Witte, et la grande Peaches. Samantha, tu as 38 ans, et tu t’amuses toujours comme avant. T’as fini de voguer, puis de draguer. Mais tu t’amuses. Et c’est bien, du temps qui passe, la seule et unique ruse…
L’artiste qu’on y attend : Sur les 20 artistes au line-up, on citera la grande Louisahhh, Betty, Myako, Léonie Pernet, Maud Geffray, Jeanne Added, Sophie Morello, Nari Fshr, RAG, Leslie Barbara Buch, Sara Zinger, Vikken, F/cken Chipotle, Apollo Noir, Louise de Ville, Catherin, Cassie Raptor… Ha bah on a quasiment cité tout le monde, déso mais t’as pas tous les jours dix ans !
Heure de pointe : On va te mentir, d’une il va falloir choper tes préventes TRÈS tôt ; de deux, il faudra te pointer à la porte pas trop tard pour éviter la cohue ; de trois, y’a rien à rater dans cette prog (ce qui peut clairement se dire de toutes les soirées), MAIS, t’as pas tous les jours dix ans !
Potentiel de chope : 99%, mais tout dépendra de toi, c’est ce soir là, ou jamais !
% sauvagerie/déviance : 88 %
Les bails : de 22 h à 7 h / 14 —> 18 euros
5 – samedi 28 avril – Creepy Sisters : Polychrome ◐ Manifesto XXI (Trabendo)
Pourquoi ? Parce qu’une des spécialités du collectif Polychrome c’est de programmer des artistes qui n’ont pas de page facebook ! (sourire). Plus sérieusement, Polychrome a pour réputation de mettre en avant des artistes qui n’évoluent que sous terre, dans les milieux alternatifs, en sous-marin, des perles qui n’attendent qu’une chose, être dévoilées au grand jour, mais pas trop grand quand même ! Pour ce nouveau format club, les mignons de Polychrome s’associent au magazine impertinent Manifesto XXI, pour une nuit bouillonnante, entre hard-italo, rave-rap, gabber, techno et musique expérimentale. Tentant nan ? Ça va être l’amour à la paaaaage !
En vrai ? Pour ces mots là : indépendance, exigence, ouverture, intempestif, fenêtre sur corps, table de dissection des stéréotypes, palette de contre-cultures. Puis une très belle affiche signée Hugo Brillet (aka Pas Sion).
Tu es… Sarah. Et Sarah t’en as marre. Marre des line-up merdiques. Marre des collectifs qui se prennent pas trop la tête. Marre de la nuit qui s’emmerde. Ou-é, parce que la nuit, à Paris, la plupart du temps, tu te fais C.H.I.E.R.. Tu te fais chier parce que tu peux pas te déhancher sans qu’un mec vienne se frotter. Tu te fais chier parce qu’impossible de danser avec tes copines sans qu’une bande de lourdos s’empresse de vous proposer un plan à 76. Les lourdos, en vrai, y’en a pas tant que ça, mais c’est eux qu’on entend le plus, dans certains clubs, alors que les 6 h du matin sont prêts à sonner. Enfin, ça c’était avant. Avant que tu arrêtes de te faire chier en club. Parce que sont apparus les hangars. Parce que des lieux comme La Station, l’Aérosol ou les Instants Chavirés (et tu ne les citeras pas tous), ont ouvert. Tu t’es ouverte, entièrement, à une culture que tu connaissais peu. Et t’as découvert, oh oui, tu as DÉCOUVERT, un monde qui t’ouvrait grand les bras, mais que tu ne voyais pas. Tu as arrête de te faire chier, grâce à des collectifs qui font bouger la nuit, qui ouvrent la nuit, qui questionnent et bouleversent les codes de la nuit. C’est d’ailleurs là, dans ce monde nouveau où tu te fais plus du tout chier la nuit, que t’as rencontré Anthony. Onze mois que ça dure. Alors, Sarah, tu dis merci.
L’artiste qu’on y attend : On va pas se mentir, de Sentimentale Rave à Safia Bahmed-Schwartz, en passant par les créations visuelles de Cassie Raptor, on les aime tous. Mais comme on doit choisir on va citer deux noms, la pop dark de Succhiamo et l’expérimentale newyorkaise de Cienfuegos. T’es pas prêt pour ça. Mystique, la fête sera mythique !
Heure de pointe : 00 h 59
Potentiel de chope : 89,5 %
% sauvagerie/déviance : 91,6 %
Les bails : de 23 h 30 à 06 h / 8 —> 10 euros