Pas toujours facile de mettre les pieds dans un club de légende. Après le Berghain, le Kit Kat, le Sisyphos et le Tresor à Berlin, la Jaded à Londres et Concrete à Paris, on a franchi les lourdes portes du très respecté Lärm à Budapest, le temps d’une soirée hors du temps. Rendez-vous en plein centre de la capitale Hongroise, dans le bouillonnant quartier des ruin bars.
Incompréhension dans l’adresse. La petite troupe que nous formons déambule dans les rues bondées, croisant successivement étudiants bruyants en manque d’attention et la working class qui se presse de rentrer au chaud. Nous cherchons l’intime Lärm, pourtant l’adresse indiquée nous amène devant un bâtiment immense : le Fogas, plus grand ruin bar de la ville (comprendre : un building auparavant désaffecté, désormais réhabilité en Disneyland de l’alcool). Bizarre. Nous continuons et trouvons l’Instant, un club huppé, qui étale sa file d’attente partout sur le trottoir. On continue encore. En remontant toute la rue, nous trouvons enfin le Lärm, à la devanture particulièrement sobre et dont l’absence de queue nous intrigue. Pourquoi je raconte cette histoire ? Parce que ces trois établissements ne sont en fait qu’un seul et même complexe, réseau inter connecté de cavités où l’on peut se balader d’un club à l’autre. Un dédale de souterrains, une dizaine de bars différents, des couloirs voûtés, des patios spacieux et surtout une déco complètement dingue : projections monumentales par-ci, mobilier Renaissance par-là, sculpture de dix mètres sur le toit, etc… BREF une vision du club radicalement différente de Paris et un énorme terrain de jeu pour notre soirée dans la perle du Danube.
Club : Lärm
Ville : Budapest
Adresse : Akacfa utca 51, Budapest 1073, Hongrie
Nom de la soirée : LavaLava // Bambounou
€ entrée : Tout à fait raisonnable, 6 € sur Resident Advisor.
€ drinks : Meilleur plan du monde pour l’alcool, 2 € la pinte et 3 € le cocktail (et 1 € le shot d’absinthe, on y reviendra).
Signe particulier : Fait partie d’un complexe clubbesque complètement démesuré (et inimaginable en France), bénéficie d’un toit terrasse du plus bel effet et donne accès à une dizaine d’autres salles, dont un spot drum&bass complètement fou.
Pourquoi cet endroit / cette soirée là : Parce que les vacances entre potes finissent généralement en club ou en exploration nocturne : c’était un bon moyen de combiner les deux.
Ce que tu en savais, en avais entendu ? Selon les disquaires : le meilleur club de la ville. Selon les autochtones : le meilleur club de la ville. Le choix était vite fait, donc. En vérité, il nous avait été recommandé par des potes en Erasmus à Budapest. On ne savait pas, par contre, que le lieu était aussi gigantesque.
Première impression : Quand on entre dans le building, on dirait un laser game. Mais avec 2000 personnes. Des bandes fluos sur le mur, de la fumée partout et des cubes de Tetris en néon accrochés au plafond : sans rire, on est vraiment pas loin de l’attraction Toy Story à Disney. Le Lärm, au premier étage, est par contre beaucoup plus sobre et élégant. C’est super agréable de danser, il y a de la place.
Le truc cool : Faire le tour de la mezzanine et toiser le public du club généraliste d’en-dessous, entassé sur de la mauvaise musique, puis retourner tranquillement au chaud devant le set parfait de Bambounou. Puis croiser ce dernier dans les toilettes et lui faire un câlin.
Le gros bad de la nuit ? Sortir en t-shirt après cinq heures de son hyper en forme et découvrir la surprise : il fait -10° et il grêle. Du coup, être malade le reste du séjour. Pas grave ! Le jeu en vaut la chandelle.
Le truc drôle ? J’entre dans le club et un type hurle : « Ok c’est un repère d’expat Parisien en manque de Concrete ». On en rigole un peu mais ça s’avère exact puisque la moitié du public est Français et/ ou a déjà vécu à Paris.
Note musicale de la nuit ? Bambounou impérial, ça mérite bien un 8/10. Bangers techno breakés, high five dans le public et mouvements d’épaule félins : tout est là. Franchement, ce type est monstrueux. Même en studio c’est ouf, son album Centrum est un des trucs les plus novateurs de ces derniers années.
Le truc à y éviter : Ne prenez pas d’absinthe pure, votre santé buccale en dépend. Je ne rigole pas, avec ce degré d’alcool on allume les barbecues normalement. Et prévoyez un pull pour la sortie, c’est important. À part ça, évitez absolument de manger la spécialité pas chère vendue devant les clubs : ça s’appelle un Làngos, c’est à base de pain et de fromage râpé et c’est absolument immonde. Oubliez également l’eau-de-vie traditionnelle qui porte le doux nom de Palinka ; c’est sincèrement imbuvable (on a pourtant mis tout notre coeur). Pour citer Wikipédia : « Les versions les plus alcoolisées sont surnommées en hongrois kerítés szaggató, ce qui signifie littéralement ‘défonceur de barrière’ ». Voilà, vous êtes prévenus.
Le truc à améliorer ? Pas grand chose à redire sur la qualité du club. On est par contre très loin de l’ouverture d’esprit propre à la scène parisienne. Les grandes messes queer à Budapest, c’est pas pour tout de suite.
On a bu quoi ? Absinthe et palinka. Sans commentaire. Ma trachée souffre encore. Sinon, les mojitos étaient exquis et les pintes douces comme un coucher de soleil sur le Danube.
Spotted ? Des expat à gauche, des expat à droite… Une suédoise qui prend mon Facebook pour organiser une croisière sur la Seine, un étudiant Lyonnais en mal de Sucre… Pour rencontrer les locaux, mieux vaut aller dans l’horrible club du dessous.
Degrés de sauvagerie / déviance ? 35% pas plus, les gens sont polis et respectueux (peut-être parce qu’ils ne sont pas chez eux ?). Le décor est tellement beau que personne n’ose y toucher. Pour monter d’un cran, mieux vaut revenir pour le Sziget (parole d’un étudiant en médecine rencontré sur le rooftop).
Pourcentage de bonheur ? 85%, parce que c’est quand même trop cool de retrouver cette qualité sonore dans une ville inconnue. Toutes les deux heures, on part à l’aventure des cavités et on découvre au hasard une salle rock, un bar exclusivement réservé à la vodka et un club de salsa. C’est pas au Rex qu’on peut se permettre de telles divagations.
Dernière impression en partant ? Despacito en redescendant, ça calme.
On y retournera ? Oui, oui, oui. Pour le Sziget ?