La bonne trentaine, Thomas Delecroix fait partie de ces dj/producteurs bien istallés dans le paysage parisien. Papa, déjà, sans avoir l’âge de l’être, de toute une (très) jeune génération habitée par un renouveau de l’ère techno, Thomas Delecroix nourrit son chemin de techno virile, franche et rentre-dedans. Thomas Delecroix n’est pas homme qui s’épanche dans le verbe, Thomas Delecroix est plus du genre à étaler une techno acide et acerbe pour communiquer. On aime aussi !
Samedi, c’est en tant que soldat Newtrack qu’il opèrera, à l’occasion du très attendu Electric Feels x Newtrack 5th anniversary, au côté de noms aussi mythiques que Lil Louis, Ellen Allien ou encore Levon Vincent. Avant le grand jour, on a voulu en savoir un peu plus sur la propension du bonhomme à faire la fête, kiffer la vibe et ressentir sa musique et celle des autres.
Quand tu dois te présenter à quelqu’un que tu ne connais pas au beau milieu de la nuit, c’est quoi la première chose que tu balances ?
Thomas Delecroix : Bonjour, je m’appelle Olivier et je vais te raconter une histoire.
Un track pour te présenter ?
Thomas Delecroix – Sliders (Original Mix) sorti sur Rive Droite Records
Tu viens d’où ? Tu te souviens de tes premières fêtes ?
J’ai grandi dans le 94, j’habite à Paris depuis 10 ans. Mes premières fêtes, au Rex en 2005, les soirées Automatik. Chez moi on fait la fête dans la rue dans les bars, les clubs, avec les enivrants nécessaires, des éclats de rire et des rencontres improbables.
C’était quoi le truc à l’époque, qui rendait ces fêtes inoubliables ?
La découverte de la nuit et ses aventures mystérieuses, un autre angle de vue sur l’humanité.
C’est à ce moment là que t’as commencé à jouer ?
J’ai acheté mon premier disque en 2005 et j’ai commencé a mixer chez moi, époque minimale, label Cocoon, Popof, et j’ai joué au Cercle Rouge rue Saint Sabin pour la première fois, maintenant appelé Le Lab. C’était mon tout premier dj set, j’ai pas vraiment assuré, j’étais stressos, maintenant ça marche un peu mieux.
Tes premiers amours musicaux ?
J’ai grandi dans le métal et le reggae, de Slipknot, Korn, Rammstein à Groundation.
C’est quoi ta dernière GROSSE GROSSE découverte en matière de musique / artiste, un truc qui te tient à coeur ?
DJ Albert
Tu as changé ta manière d’écouter de la musique aujourd’hui que tu la joues ?
Oui vraisemblablement, j’ai affiné ma sensibilité et ma culture et je connais un peu plus l’autre côté du miroir mais je reste toujours ébahi des productions crées par l’être humain.
Tu te qualifierais de gros fêtard ?
Oui globalement je dois le reconnaitre.
“Faire la fête”, ça veut dire quoi pour toi d’ailleurs ?
Faire la fête, c’est picoler, rigoler, faire des rencontres, aller de bar en bar, de barres en barres, pousser les limites de l’ivresse, se lâcher, c’est une psychothérapie, et du plaisir simple et pur.
“J’aime les choses viriles et intenses peu importe le genre musical”
Tu penses qu’on peut faire de la politique avec son son ? Et à contrario, tu penses qu’on peut faire du son sans que ce ne soit jamais politique ?
Oui tout à fait on peut faire de la politique avec du son. Les chansons engagées le sont stricto sensu, après les morceaux sans paroles ou ne parlant pas de la réalité peuvent l’être aussi, l’art est une vision de notre monde au même titre que la politique, mais ma musique n’est pas vraiment politique, plus une aventure, une expérience sensorielle hors des considérations de la réalité quotidienne dont est issue la politique.
Y’a un côté militant dans ta musique, ou dans ta façon de faire la fête, un truc qui te tient à coeur et que tu défends même si pas toujours ouvertement ?
Je respecte tous les styles de musique mais pour ma part j’aime les choses viriles et intenses peu importe le genre musical. Si je devais militer ça serait dans ce sens, au détriment des productions mièvres.
C’est quoi le truc super important qui a changé entre toi à tes débuts, et toi aujourd’hui ?
J’ai acquis une expérience de la scène qui a fait évoluer ma production et mes performances et qui m’a donné plus de maturité dans mon art.
Il existe un ou des inconvénients dans le fait de faire partie du “monde de la nuit” / “l’industrie musicale” ?
Non pas vraiment, à part qu’on doit répondre à des interviews.
Tu les vois sortir comment les jeunes dans 20 ans ? Tu leur souhaites quoi d’ailleurs ?
J’aime leur énergie, parfois je la trouve mignone, mais une belle intensité et une décomplexion des styles durs, ce qui change de ce que je vivais quand j’avais leur âge où il y avait surtout de la house, on militait pour le retour de la techno à paris, maintenant c’est chose faite (fête) !
On te verra toujours sur scène d’après toi ou t’auras raccroché ?
Je pense que je continuerai toujours à jouer dans la mesure où j’en aurai l’opportunité oui. Je développe également des projets parallèles dont je ne peux pas parler pour le moment.
Un message à faire passer à la “nuit” ?
Faites du sport la journée pour compenser les excès nocturnes !
Une envie pressante, là de suite ?
Oui, j’y vais de ce pas !