Les Nuits Sauvages

Aubry : « Une vie sans le cœur qui fait des bonds, ça sert à rien. » – Heeboo

Aubry : « Une vie sans le cœur qui fait des bonds, ça sert à rien. »

Interview Nuit - Avril 11, 2018

Aubry, c’est un rigolo. Un mec qui se prend pas la tête, même quand ses clefs usb le lâchent deux minutes avant un set. Dj du réveil au coucher (quand il se couche), Aubry respire la « bonne musique », aka tout ce qui se danse, donne le smile et fait battre plus fort son petit coeur. Aubry, oui oui, c’est un petit coeur, qui sait plus ou moins là où il va, pas toujours là où il est, mais définitivement là d’où il vient.

Aubry c’est un sudiste en manque de Vitamine D. Des criquets dans la poche, la garrigue en poupe et le soleil qui brille à l’intérieur. Du coup, à Paris, bon bah, il « survit » ; en faisant des blagues, en poussant des « boh » et des disques tous les weekends avec son crew Pardonnez-Nous ou La Sale!, et en buvant des bonnes bouteilles avec les copains.copines quand vient la nuit. Aubry, on dit « oui », parce que lui, il dit rarement « non ». Sauf à la hype et à ce qui sonne/donne « faux ». Le coeur sur la main, le sourire flambeur, mais la parole franche, Aubry distribue les bons points, vague, vogue au gré du vent, vomit les fausses notes, mais tend toujours la main. Et c’est ça, un bon pote. 

Vendredi, on le retrouve aux manettes de la deuxième édition de Secteur H à La Java. Au programme : Cosmin TRG (le revenant) et Volte-Face pour secouer les murs d’un de ses clubs préférés de la ville. L’occasion pour nous de poser quelques questions à l’un de nos djs favoris, collaborateurs, partenaires de dancefloor et véritable ami.

Aubry, qui es-tu ?

Aubry, la vingtaine bien tapée, Bélier romantique.

La fête, pour toi, en trois mots ? 

Hystérique, bénéfique, mélancolique.

Ta première soirée en club c’était quoi ?  

Ma première expérience de club a été une belle porte prise en 2007 à l’entrée de l’incroyable club La Station vers Avignon. Alors pour info c’est pas comme la Station à Paris, ou alors un genre de station où tout le monde se mettrait à porter des jeans Kaporal (ce qui est pas impossible, y’a bien des meufs qui portent des colliers en plastiques ras le cou d’une laideur absolue en ce moment).  
« Je me souviens de Cardini debout sur ses platines à la fin de son set en train de réclamer une dernière track aux orgas »
On était sortis avec des potes du lycée, on était probablement à 90% mineurs. « Ça va pas être possible ». On a terminé dans un club nommé Le Manoir. Y’avait des faux murs en brique en plastique, la bouteille était à 60 euros et les gens avaient des glowticks dans leur verre. Ça m’a fasciné et en même temps je trouvais ça un peu ridicule. La musique était fun radiesque, donc à chier, et y’avait un genre de podium avec une cage, mais c’était hyper petit et un peu miteux. J’en garde le souvenir qu’il vaut mieux commencer bas pour garder un peu de fraîcheur.

Le truc qui t’a marqué de cette époque ? 

Ce qui m’a marqué, vers mes 16/18 ans, c’est clairement les soirées Dragon Ball. Dans le sud de la France c’était des événements majeurs, en périphérie de Nîmes, généralement dans des zones commerciales, avec des line-up qui sembleraient absurdement trop gros aujourd’hui par rapport à la capacité de la teuf (on devait être genre quelques milliers). J’imagine que les cachets ne devaient pas être les mêmes. La première que j’ai faite, en 2006, y’avait Slam, Kalkbrenner, Holden, Mark Broom, Bartz, Lee van Dowski, Zombie Nation, Lazarus, Cardini, Chloé, Gregor Tresher, Alex Smoke et j’en passe. C’était vraiment le son de l’époque, on était à fond. Tout le monde prenait des montagnes de taz, sauf moi qui était bien trop jeune. Je me souviens de Cardini debout sur ses platines à la fin de son set en train de réclamer une dernière track aux orgas, et de son set en général qui m’a ultra marqué. A l’époque je ponçais tous les jours son mix Lust, rempli des tubes de l’époque. This World de Slam remixé par les Wighnomy Brothers, Blood de Lopazz, le Superbrand de Misc que je joue toujours. C’était la folie, j’ai énormément d’attachement pour cette période qui a beaucoup influencé mes goûts actuels. Les retours de bar live à dormir dans les caisses, les fouilles quasi systématiques avec les chiens par nos amis de la police nationale bonjour, les fins de festival à dormir dans des fossés à Montpellier, la teuf à l’époque c’était un sacré folklore, mais on était tellement heureux et insouciants qu’on s’en foutait, parce qu’au final on avait le soleil qui se levait sur la garrigue et des grandes maisons où chiller le lendemain en sentant le mistral souffler par les fenêtres. Ce sont des souvenirs impérissables.

Tes anecdotes de soirée les plus géniales/drôles/absurdes, c’est quoi ?  

Je crois que y’en a vraiment beaucoup. Parmi les trucs vraiment absurdes, j’en ai une bonne. C’était une date à La Machine du Moulin Rouge y’a 6 ou 7 ans. Je jouais avec mon meilleur pote sur le central juste après un groupe live un peu pété qui visiblement n’emportait pas l’adhésion du public qui était venu en masse (c’était sold out) pour j’sais plus qui qui jouait après nous. Des mecs commencent à jeter des bières sur scène, nous on commençait à se brancher pendant que le groupe terminait, je nous vois nous planquer sous le dj booth en voyant des canettes voler par-dessus, complètement hallucinés et flippés par la situation. On a dû attendre que le groupe s’enfuie pour oser sortir du dj booth. C’était n’importe quoi.
« L’after, c’est un peu comme un bière après le taff pour moi »
En autre anecdote j’ai la soirée où on a invité Liza Monet au Social Club. Jamais vu une marée humaine aussi hystérique. Je me souviens avoir mangé des sushis avec Afida Turner à Pigalle. Avoir discuté une petite heure avec Mirwais, dont je suis ultra fan, dans les loges du Batofar. Avec Pardonnez-nous on a fait pleins de conneries pas hyper racontables mais dont je suis très fier. La dernière fois à la Rotonde on a eu la brillante idée de se dire que des rouleaux de papiers toilettes pouvaient faire office de serpentin. Résultat, on a eu des comètes filantes de papier WC dans la salle toute la soirée. Ça m’a fait marrer jusqu’au lendemain. J’aime bien les trucs vraiment hyper absurdes et on avait atteint un vrai truc.

La fête, ça tient quelle place dans ta vie ?  

C’est central. Dès que j’essaye de lever le pied j’y retourne. Mais la fête c’est beaucoup de choses différentes. C’est traîner dans des bars, c’est faire un repas avec des potes qui traîne, c’est sortir en club, c’est aller en festival, c’est organiser un événement… C’est difficile d’en tirer une généralité. Mais oui, depuis que j’y suis, je lâche pas, sans doute pour ça que j’en ai fait mon travail. Et quand j’arrête, au bout de quelques jours, ça me démange, c’est plus fort que moi.

Tu as l’impression qu’on fait de plus en plus la fête à Paris ou le contraire ? Pourquoi ?

On fait beaucoup la fête et peut-être même un peu trop désormais. Pléthore de choix, pas forcement toujours de bon goût. Chacun essaye de tirer la couverture et le public à soit et on voit les sempiternels djs bankable tourner entre les soirées. J’ai tendance à penser que c’est la rareté qui crée l’excitation, or nous sommes dans une période d’overdose de choix totale. Je vis moins de moment de magie qu’auparavant. Il y a quelques années, il n’y avait guère que Die Nacht pour trouver des spots un peu originaux, c’était souvent le bordel, mais c’était drôle. Y’avait de beaux moments de grâce dans les soirées. Y’en a toujours évidemment, mais j’en vis moins, peut être parce que je suis trop vieux et con, j’sais pas.

Toi, c’est quoi qui te pousse à sortir le soir ? 

Mes potes. A Paris, je ne sors pratiquement que pour mixer, pour l’excitation d’être sur scène, de partager un truc. Sinon je reste chez oim, je regarde par la fenêtre et je mange des graines. Spontanément, je sors souvent en semaine, le mercredi ou le dimanche. Si j’ai envie de danser je bouge ailleurs, dans le sud de la France, à Barcelone, à Berlin, qu’importe tant que je m’y sens libre.

Tu vas en after ? Pourquoi on va en after d’après toi ? 

Parce que c’est le moment de la soirée où le stress retombe, où il est possible de discuter avec ses potes et de se marrer sans pression. C’est un peu comme un bière après le taff pour moi. Et puis parfois on se retrouve dans des spots de ouf. Des apparts en rooftop avec des vues pas possibles, des maisons où c’est encore plus la teuf que la teuf d’avant, des endroits où on mettrait pas les pieds en temps normal. Avec le temps j’en fais beaucoup moins, mais j’apprécie toujours quand l’occasion se présente. Et sinon si on va en after c’est clairement parce qu’on a pas envie de rentrer chez soi seul. C’est une manière de faire reculer l’instant fatidique du retour à la réalité. Et ouai ma gueule fallait pas y aller aussi fort.

Ton record de nombre d’heures de fête ? 

Franchement je ne sais pas, mais je suis pas un forceur de ouf. J’ai jamais enchainé 48h de teuf. Mon record ça doit être 24h. Mais j’aime pas trop l’idée de performance derrière le record. Les 24h du mix avec Pardonnez-nous ont souvent été de bonnes perfs aussi. Et puis les fois où on commençait la teuf à Clermont-Ferrand et où on décidait de partir en after à Montpellier à 6 heures du matin en caisse c’était généralement assez brillant aussi. 

Ton plus grand fail en soirée, c’était quoi ? 

Oh doit y en avoir tout un tas. Y’a une fois, je pense que je devais être un peu trop fonfon, je m’étais collé au mur extérieur du club dans l’espoir d’y entrer sans qu’on me voit. Je me pensais invisible contre le mur et que j’allais me faufiler easy. Bon évidemment ça n’a pas fonctionné, c’était ridicule. Après je crois pas avoir eu d’énormes fails non plus. Peut être une panne simultanée de toutes mes clefs usb avant de mixer au Salo avant un groupe live. Ça c’était vraiment un chouette moment de stress. L’ordi qui plante devant 2000 personnes, c’était cool aussi. Dernièrement j’étais hyper content de partir à Londres clubber un peu. Sans carte id, on s’est pris successivement quatre portes dont une naturelle puisque le club était fermé, avant de rentrer pour l’after. C’était marrant c’était un genre d’after de rien du coup. D’une déambulation nocturne vouée à l’échec.

Qu’est ce que tu trouves dans la nuit, que le jour ne t’apporte pas ? 

La nuit, les gens se révèlent. Leur nature apparaît avec ce qu’ils boivent ou prennent. J’aime également le calme que la nuit confère. Je la trouve plus inspirante. J’ai toujours vécu la nuit parce qu’on y est moins sollicité et plus attentif aux détails. J’ai l’impression d’avoir le temps et d’être enfin dispo intellectuellement. Quand tu sors, les gens sont beaux, tout le monde essaye d’être la meilleure version d’eux même (bon sauf les gens qui ont l’alcool mauvais mais eux devraient plutôt envisager de régler ce soucis avant de sortir). Les gens font des efforts pour être drôles, pour être différents. Le jour, c’est la norme qui l’emporte et c’est boring. 

Le verre que tu bois toujours à l’apéro versus le verre que tu commandes direct en arrivant en club ? 

L’apéro commence souvent irrémédiablement par une pinte, option Picon si je suis en forme. En arrivant au club c’est vodka/fraise directement. Et si je dois arroser ça de shooter, soit un très bon rhum, soit un Jager. J’aime bien les alcools glace également. Et le champagne.  Y’en a jamais assez. Ou jamais tout court. Mais quand il est là ça fait plaisir.

Tu choisis comment tes soirées ? En fonction de quoi ? 

En fonction de celles que j’organise et de celles où on m’invite à mixer. Je suis donc assez dépendant de ça et je choisis très peu au final. J’ai eu une grosse période où je choisissais par rapport aux line-up, désormais je recherche plutôt un mood et les potes. S’il y a ces derniers et si je sens un mood bienveillant et un truc qui va sortir de l’ordinaire, go.

Le truc qui te dérange tout particulièrement aujourd’hui, dans les soirées, à Paris ?

Toute cette techno partout, tout le temps. Certaines drogues qui ne rendent pas les gens festifs mais plutôt à l’état de légume. Mais définitivement toute cette mode de la techno partout tout le temps, vraiment. Ça frappe pour frapper, je ne comprends pas. Alors évidemment c’est une mode et on se marrera quand tous ceux qui ne jurent que par ça passeront à autre chose une fois la hype passée. On a déjà eu ça avec les fluokids, la minimale, la house… Je suis dans mon canapé une bière à la main et je vous vois tous. Quand le vent tournera on sera là pour distribuer les points d’opportunisme. See ya.
« La mort de la fête, c’est ce moment où ça devient un business, où tu sens que tu es vu comme un client »
Et sinon, pour terminer, je trouve que beaucoup de personnes se prennent beaucoup trop au sérieux tout en voulant être cool. Si t’as envie de plus être cool dans deux ans, banco c’est exactement comme ça qu’il faut être. Musicalement ça va souvent péter des morceaux à sept vues sur Youtube, ça se branle sur chineurs de truc, je saisis pas tout ça. En tant que dj c’est hyper visible sur le dancefloor : ton morceau à sept vues, personne va s’en souvenir. Les gens ils vont se souvenir du moment où t’as passé The Weekend de Michael Gray. Pas parce que le morceau est chanmé (ce qu’il est) mais parce que t’es un bon dj et tu l’as bien emmené et tu le fais repartir sur un truc intelligent ensuite. Et que c’est comme ça que tu graves des souvenirs aux gens. En faisant des choses absurdes, mais en les faisant bien. C’est la conscience professionnelle du cool. Je pense que les gens devraient moins s’habiller en noir, moins essayer de ressembler à des influenceurs ou influenceuses Instagram, et juste penser à se marrer et avoir du fun. Tout ce qui nous entoure est tellement sombre. Mettons de l’amour dans nos nuits et arrêtons de surjouer la mode pour se regarder ensuite dans trois ans dans une glace en se disant « mais qu’est ce que je faisais, pourquoi j’ai un triangle sur le bras et sept piercings à l’oreille ». Bref je suis toujours dans mon canap’ et j’attends. Finalement on est tous le poseur de quelqu’un d’autre.

La nuit, c’est un business ou un plaisir ?

Un plaisir. Ça ne sera jamais un business. J’ai toujours refusé de monter le prix d’une entrée juste pour faire un peu plus de bénéfices. J’ai toujours refusé les bars trop chers et les vestiaires hors de prix. Je joue gratos pour les (vrais) potes. Je m’en fous. La mort de la fête, c’est ce moment où ça devient un business, où tu sens que tu es vu comme un client. Mon but c’est de me sentir libre. Et ne pas avoir l’impression de payer quelque chose son juste prix, c’est le contraire de ça.

En parlant de ça, tu es de type qui chope ou qui se laisse choper ? Pourquoi ? 

Je me laisse complètement choper, et puis j’avise. Je chope pas. J’aime pas ça. Si un beau garçon débarque, tout se définit généralement en un eye contact. Mais je sors pas pour choper de toute façon. Je sors pour être avec mes potes et me dire putain Paris c’est beau la nuit. Et choper des shooters gratos après avoir commandé 7 pintes.

Le meilleur club actuel pour toi à Paris ?  

J’ai pas un club en particulier qui me fait kiffer parce que je trouve les clubs à Paris trop contraignants. J’aime pas sentir la présence de la sécu dans un club. J’aime pas avoir l’impression d’avoir des interdits. Après j’ai des clubs que j’apprécie pour différentes raisons. J’aime aller à la Folie parce que c’est bienveillant, parfois un peu foutraque, mais au moins c’est vivant. Y’a deux ans nous avions organisé une fête avec Lakuti en guest, les gens poussaient tellement que la table se reculait sur elle, c’était un énorme bordel, mais au moins c’était vivant, et au final elle en a gardé un super souvenir. On ne garde jamais qu’en souvenir les moments qui dérapent, les moments hors de contrôle. Ils sont précieux et je trouve qu’ils manquent d’espace où s’exprimer en club. Sinon j’aime bien La Java, où j’organise la Secteur H vendredi 13 avril, parce que c’est un endroit bourré de charme, et évidemment La Station, mon club pref parce que j’y aime l’équipe, la vibe, l’esprit, tout. Pour le coup c’est un vrai endroit qui laisse des espaces de liberté et donc de beaux souvenirs émerger. Long life à eux. Et sinon c’est pas actuel mais le Pipi/Caca puis le Péripate ont laissé des traces indélébiles.

En dehors de Paris ? 

Comme tout le monde, le Berghain, évidemment. Meilleur club de la planète pour l’aura qu’il dégage. Le plaisir de voir des mecs déguisés en corbeaux avec le Berghain starter pack se faire refouler en deux secondes. Et puis ce rituel, croiser le regard de Sven, passer la sécu, se déshabiller, arriver dans cet immense hall sombre où trône une immense statue blanche qui semble nous écraser de sa présence et gravir les marches qui montent à ce soundsystem hors du commun, ça existe juste nulle par ailleurs. Après mon vrai plaisir de sortie, celui que j’attends, c’est boire des coups à Avignon l’été, durant le festival et faire la fête dans la rue, danser sur des groupes live, danser des slows en buvant des litres de rouge et me faire surprendre par un mec qui va me faire des tours de magie juste pour le plaisir. Ce sont les moments où je me sens le plus en accord avec moi-même. Sinon les Nuits Sonores à Lyon parce que ça correspond au début de l’été et c’est un moment toujours très heureux, même si la disparition des événements en pleine ville est vraiment à déplorer. Quand on parlait du business tout à l’heure … J’adore faire la fête dans les villes du sud en général. Marseille et Barcelone en tête. Juste pour le plaisir de déambuler avec un pote, une amie, un amant, un copain, un verre à la main dans la tiédeur de la ville, s’accouder à un zinc au hasard et se laisser porter. J’adore me laisser porter. C’est ça la vraie fête pour moi. Pas le rituel apéro/club/after un peu pété, que j’ai beaucoup trop fait.

Un orga ou collectif que tu trouves vraiment très fort en ce moment à Paris ?

Alors je citerais quand même Pardonnez-nous pour le principe chauvin et parce que je retrouve pas notre humour ailleurs. Sinon bien entendu les classiques Otto10 et Alter Paname qui sont quand même hyper au-dessus en termes d’idées de thème et de déco. Ils sont tarés, ils sont géniaux. Souk Machine aussi évidemment. Dans le milieu queer La Culottée, qui explose les genres et les limites, ça me parle. La Menergy parce que c’est quand même incroyable l’énergie qui se dégage de cette soirée et parce que j’adore y mixer.

Le remède qui soigne ta gdb du lendemain

Alors je vais passer pour un gros freak mais j’ai une gdb routine hyper précise à base de coca cola, d’olives aux anchois, de câpres, de coppa, de Yop, de surimi, de fromage (généralement du bleue crémeux) et de yaourt au chocolat. J’arrose tout ça de Perrier et je me roule en boule dans mon lit en attendant le lendemain.
« Dans dix ans, je passerai ma vie à boire des cuvées de ouf en mangeant du parmesan AOP, un sombrero sur la tête »

Drogue dure ou drogue douce ? 

J’aime pas les drogues douces. J’aime pas les drogues dures. J’aime même pas le chocolat. Mais qu’est ce que j’aime la charcuterie putain. Et la trufface.

Le track qui te donnera toute ta vie envie d’aller faire la fête ?

Chilly – For your love, l’edit de Todd Terje. Putain de track de ouf, impossible de pas avoir un énorme smile collé sur la gueule et les pieds qui démangent d’aller sur la piste après ça.

Quel type de teuffeur seras-tu dans 10 ans, d’après toi ? 

Dans 10 ans j’aurai appris à arrêter les excès, je serai libre max, je passerai ma vie à boire des cuvées de ouf en mangeant du parmesan AOP, un sombrero sur la tête. Je lâcherai quelques pas en fin de soirée, je raconterai des histoires que j’embellirai pour pas avoir l’impression d’avoir eu une vie trop miteuse, j’aurai un chien, un mas, je produirai de la musique sur des grosses enceintes hyper précises les fenêtres ouvertes pour quand même entendre les cigales, un peu comme Sascha Funke période Mango. Je prendrai le temps d’apprécier le soleil qui se lève et j’empêcherai les gens de fermer les volets en after. Mais je ne ferai sans doute plus d’after. J’aurai de beaux manteaux bien coupés mais des chemises jamais repassées. Je sortirai uniquement le weekend faire une date ou deux. En fait j’aurai sans doute la vie de Laurent Garnier, mais sans la passion pour la drum’n’bass.

Si tu as des gosses, tu les vois sortir comment dans 20 ans ? 

Dans 20 ans plus personne ne sortira, les gens feront des soirées uniquement depuis leur smartphone sur Periscope. Y’aura un pote qui mixera depuis son appli dj, et puis les autres boiront des coups seuls en s’envoyant des smileys et en fumant sur des cigarettes électronique. Heureusement que dans 20 ans on sera probablement tous morts, putain.  

Tu seras toujours dans les parages ou tu te seras rangé ?

Dans 20 ans je ne serai sûrement plus à Paris mais dans le sud de la France. C’est chez moi, c’est là d’où je viens, c’est là ou je terminerai. M’enfin disons plutôt dans 30 ans, dans 20 balais je serai encore occupé à conquérir l’univers (si on est pas tous morts par l’invasion de la Corée du Nord, cuits par le réchauffement climatique ou fatigués de ne pas arriver à pécho de velib à Paris).

Pourquoi tu fais tout le temps des blagues Aubry ? 

Les gens ne comprennent pas mais je ne fais pas de blagues, je suis hyper sérieux. Après ça me rend quand même heureux de faire marrer les potes. J’aime bien la surenchère, le cynisme, quand j’ai un bon partenaire sensible à ce genre d’humour on m’arrête plus.

En vrai t’es un gros romantique nan ?

Bah évidemment qu’on peut m’acheter avec un bouquet de fleurs. Parait que ça marche bien. Une vie sans romantisme ça sert à rien. Une séparation sans pleurs ça sert à rien. Une vie sans le cœur qui fait des bonds ça sert à rien. Mieux vaut se réincarner directement en Transformers et laisser la place à des personnes qui aiment écrire des poèmes et sentir la lavande. La fête doit de toute façon être romantique. Il doit y avoir de la beauté qui se dégage des lieux et des corps et que tout ça ne fasse qu’un. Il faut que chaque instant ait l’air mémorable et romantique. Et surtout il faut jouer avec les yeux. C’est important les yeux.

Un message à faire passer à Aubry en l’année 2200 ? 

On avait dit qu’on arrêtait les afters, putain. Et arrête de baver.

Adeline Journet

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