Les Nuits Sauvages

Tech Noire : « ce n’est pas parce que des drags et des femmes ont les seins nus ou sont en culotte qu’elles demandent qu’on les tripote » – Heeboo

Tech Noire : « ce n’est pas parce que des drags et des femmes ont les seins nus ou sont en culotte qu’elles demandent qu’on les tripote »

Interview Collectifs - Novembre 27, 2017

Parce qu’il n’est pas facile tous les jours d’être queer et darkos à Paris, la Tech Noire est née. Incluante au possible, la Tech Noire ce sont « des drag queens, des talons (beaucoup de talons), des vêtements sales et noirs, de la laque et beaucoup de créatures en tous genres qui dansent sur des sons 80’s, goth, wave mais aussi plus récents ». La Tech Noire c’est un projet issu des inspiration sci-fi cyberpunk qui aura bientôt un an en janvier et qui fait déjà beaucoup parler de lui. Pourquoi ? Parce que les line-up y sont savoureux, un savant mélange de musique noire et de paillettes noires-obscures. Parce qu’à la Tech Noire on s’y sent bien, libérés, on n’y pense plus à rien. Pourquoi ? Parce que la Tech Noire, c’est aussi un pari : celui de rassembler des milieux qui ne se seraient peut-être autrement jamais rencontrés. La Tech Noire c’est une drag queen qui s’exclame : “Ah ! C’est ÇA la new wave ? J’adore ! ». La Tech Noire était un miracle à rêver, pour toute une génération. Et elle est là, bien née.

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Alan Marty-Paquet

Vendredi 1er décembre, la Tech Noire #8 crée clairement l’événement ; en accueillant le duo américain Boy Harsher. Plus qu’un projet musical, Boy Harsher est une course affolante, sexuelle et moderne dont le premier LP sortait en juin 2016 sur DKA records (DIN, Sally Didge). Ce mois-ci, sortait le complément de Lesser, leur premier EP. Vendredi, plus qu’une Tech Noire c’est aussi le tout premier live de Boy Harsher à Paris. En quelques mots, un des événements les plus attendus de l’année sur la scène wave. Pour l’ocassion, nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce collectif libéré qui prône l’abolition des étiquettes en soirées et la fin du communautarisme. Rencontre !

Présentez-vous, ou taisez-vous à jamais…

Lenny aka Ghōst, 27 ans, traducteur de jour, fondateur du collectif, producteur, performer et hôte.sse depuis le 13 Janvier 2017

Al, 28 ans, étudiant en astrophysique, co-fondateur du collectif et DJ résident (Al Niklaus) depuis le 13 Janvier 2017

Agathe, 36 ans, doctorante, DJ résidente (Bunker Bal) depuis le 2 Juin 2017.

Gabriel, 25 ans, styliste et développeuse dans la mode ; et Clément, 36 ans, manager du merchandising européen pour une marque de cosmétique : DJs résident.e.s (Law & Haktion) depuis le 2 Juin 2017.

Vous êtes combien en tout à prendre part au projet ? Depuis quand le collectif est-il actif ?

Lenny : Le collectif est actif depuis bientôt un an. Nous célébrerons notre premier anniversaire le 13 janvier 2018, date de notre première au Tigre. En tout, on est pour l’instant six à prendre part. Le noyau du projet, c’est tout d’abord moi-même et mon copain, Alex. On a lancé le concept en se basant sur une idée qui nous trottait dans la tête depuis plus de deux ans. Mais ce project ne serait rien sans Judith Lapara, co-présidente d’une association féministe culturelle et militante appelée le Scampi Club, qui nous a soutenu dès nos début, et surtout les duos Bunker Bal et Law & Haktion qui mois par mois font danser notre public et trembler les murs du Klub. Bunker Bal aura notamment eu une influence importante sur notre programmation de concerts !

Quand il est 4 h du matin et qu’on vous demande ce qu’est Tech Noire vous répondez quoi ?

Lenny : A 4 h du matin, je viens généralement de tout juste terminer les shows et je peux enfin me détendre, me “dé-tucker” et engloutir mon premier verre de vodka. Je suis donc encore relativement sobre. Je dirais : “La Tech Noire, c’est un mélange de drag shows déjantés et dégueulasses et de pures beats goth et wave au fin fond d’une cave dont on ressort transpirant-e avec des étoiles (noires) plein les yeux. T’aurais pas une clope ?”

Al : En général, même avec deux trois verres dans le nez, j’ai toujours les idées très claires (en revanche, cinq ou six verres, ça se discute) mais je répondrais que la Tech Noire ce sont des drag queens, des talons (beaucoup de talons), des vêtements sales et noirs, de la laque et beaucoup de créatures en tous genres qui dansent sur des sons 80’s, goth, wave mais aussi plus récents.

Agathe : Tuck me in the (dark) beat ? Je ne vais pas répéter ce qu’ont dit Lenny et Alex. J’aimerais plutôt dire ce que ce n’est pas : l’ennui. J’ai un peu de bouteille niveau soirées ici et là. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cette excitation de rencontrer la nuit et ses créatures. C’est beau et crado à la fois.

Gabriel : A 4 h du matin c’est quand les shows sont finis, que les fatigués sont partis et qu’il reste que ceux qui vont être là jusqu’à la fermeture et que ça commence à vraiment se mélanger grâce à l’alcool, la drogue, la musique, l’ambiance et c’est aussi là que le son se fait plus sale. A 4 h du matin généralement j’ai bu deux ou trois verres, pas plus, je mixe très mal bourré.e.

Bon mais quand vous l’expliquez totalement sobres, ça donne quoi ?

Lenny : La Tech Noire, ce n’est pas qu’une soirée clubbing. C’est tout d’abord un évènement LGBTQIA+, hétéro-inclusif et militant qui rassemble les milieux queers parfois mainstream avec des scènes plus underground et alternatives, notamment wave et goth. On propose des concerts live, des drag shows et des DJ sets pour un tarif abordable. Notre but est de rester accessible à un public plus modeste et alternatif, et de proposer le meilleur de la nuit sans devenir une machine à fric.

Notre univers musical aborde des genres tels que la new wave, le goth, la synth-pop, la dark wave, la minimal wave, l’EBM, la retro-wave etc, drag shows inclus. On est très fier-e-s de proposer un « safe space » pour les individus LGBTQIA+ de tous horizons, leurs allié-e-s et les femmes : notre équipe consiste principalement à des personnes s’identifiant comme femme-s et queer. On accueille des personnes tellement diverses : du queer à paillettes au punk à crête, de la drag queen extravagante au goth, des individus cisgenre aux personnes transgenre, qu’i-e-l-s soient gay, bi, hétéro, pansexuel-le…

Lenny : « le milieu goth est foncièrement très queer, mais ce sont deux mondes qui ne se sont jamais mélangés »

Enfin, la Tech Noire c’est aussi une soirée militante : chaque mois on invite des associations LGBTQIA+ telles que Le Refuge ou SOS Homophobie-Transphobie afin de collecter des fonds pour venir en aide au personnes LGBTQIA+ dans le besoin. C’est une soirée où chacun peut venir comme i-e-l est, s’exprimer librement, s’amuser, en laissant les concepts du genre à la porte.

Al : Sobre ça donnerais plutôt : un rassemblement du milieu drag/queer avec le milieu goth/wave. Lenny en a fait une très belle description je n’en dirai pas davantage !

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Alan Marty-Paquet

Agathe : Sobre ce serait : viens et fais toi ton idée. Je trouve les définitions trop limitantes, au delà de ce qui a été dit par Lenny et Alex. Mais ce qui moi me séduit le plus c’est cette porosité entre des milieux qui d’ordinaire se regardent en chiens de faïence, et cette liberté d’être, tout simplement.

Gabriel : Pour moi la Tech Noire c’est la soirée qui manquait à Paris pour les goths queers, puis les queers qui aiment le noir et qui se reconnaissent pas forcément dans la scène gay/lesbienne majoritaire.

Comment elle est née cette soirée ? Le nom vient d’où d’ailleurs ?

Lenny : Ce projet nous trottait dans la tête depuis un peu plus de deux ans. Moi-même je venais de commencer le drag, et j’avais envie de sortir avec les copines, mais la musique des soirées drag n’étais pas toujours à mon goût, et surtout pas celui d’Alex qui évolue dans le milieu goth depuis son adolescence.
Ce qui est étrange, c’est que le milieu goth est foncièrement très queer, mais ce sont deux mondes qui ne se sont jamais mélangés. Le samedi, on se retrouvait souvent à devoir choisir entre drag shows rythmés de musique pop ou house et les soirée goth, wave ou techno. Et on s’est dit : “Tu imagines s’il existait une soirée wave avec des drag shows ?”. Il nous aura fallu du temps, mais deux ans plus tard, nous voilà.

Contrairement aux idées reçues, le nom de la soirée n’a rien à voir avec la techno. Il vient d’un genre cinématographique appelé Tech Noir combinant film noir et science-fiction. Il est inspiré d’un club appelé “Tech Noir” dans lequel se rend Arnold Schwarzenegger dans le film “Terminator” de James Cameron. Un bon exemple de film Tech Noir serait “Blade Runner” (1982) de Ridley Scott ou “The Matrix” (1999) des soeurs Wachowski, qui inspirent énormément nos visuels. On a simplement rajouté un “e” à “Tech Noir” pour faire plus féminin en référence au drag, mais au final on aurait dû l’appeler “Tech Noir-e” haha.

Al : Je gravite dans la scène alternative depuis mon adolescence : concerts punk le vendredi, soirée goth le samedi, des festivals à l’étranger et je mixe depuis quelques années dans la scène industrielle/noise berlinoise. J’ai toujours trouvé la scène queer relativement absente bien que ce soit un milieu très tolérant. Étant fasciné par le drag depuis longtemps (je me suis fait tatouer Divine sur le bras à 21 ans), je me demandais pourquoi ces deux scènes n’avaient jamais réellement convergé auparavant. « Euréka ! » J’ai dit à Lenny, qui venait de se lancer dans le drag : “Qu’est-ce qu’on attend pour se lancer et mélanger nos milieux ?!”. Ça m’a paru évident sur le coup et peut-être un pari risqué mais qui en vallait la peine.

Lenny : « Le milieu de la nuit a tendance à mettre beaucoup d’étiquettes et à séparer les communautés »

Organiser des soirées pour vous, ça représente quoi ?

Lenny : Du boulot, du stress, des maux de tête, des ampoules aux pieds mais surtout : du plaisir.
Pour moi organiser une soirée, c’est pouvoir proposer un espace “safe” où chacun-e peut venir souffler l’espace d’une soirée sans vider son porte-monnaie. Certaines personnes n’ont pas le luxe de pouvoir être elles-même dans la vie de tous les jours, et ont parfois du mal à trouver des événements, même LGBTQIA+, où elles peuvent se sentir à l’aise. Sur l’un de nos posts, j’ai une fois aperçu un commentaire d’une personne transgenre demandant aux habitué-e-s si notre soirée était VRAIMENT un “safe space”. De toute évidence, cette personne ne se sentait pas en sécurité ou libre dans les soirées gays hétéronormées qui rythment les week-ends parisiens. Le milieu de la nuit a tendance à mettre beaucoup d’étiquettes et à séparer les communautés : soirées hétéro, soirées gay, soirées lesbienne, drag shows. On essaie de notre mieux pour rassembler toutes les personnes qui ne trouveraient pas leur place ailleurs et de leur proposer un événement complet de qualité.

Pour ma part, organiser des soirées ça va plus loin que la simple défonce le temps d’une nuit, c’est aussi connecter des individus qui ne se seraient peut-être jamais rencontré-e-s autrement, et former une nouvelle communauté.

Enfin, notre plus gros challenge c’est de faire face à la “mainstreamisation” de la nuit queer parisienne. Tous les événements queer que je fréquentais sont devenus tellement populaires qu’ils en ont peu à peu perdu leur qualité d’événement LGBTQIA+.

Al : Pour moi, pas mal de boulot, plus pour Lenny que pour moi car j’ai des études très prenantes. Mais cela nous donne un aperçu du travail que demande l’organisation d’une soirée. Car mine de rien, lorsque l’on sort en soirée, on ne voit que le côté festif et pas la peine qu’ont les organisateurs à s’assurer que la nuit se déroule bien.

Vous pourriez nous parler de la toute première Tech Noire ?

Lenny : Mais quel bordel… mais aussi quel spectacle ! Notre première Tech Noire était au Tigre et c’était surtout mon petit cœur rempli de joie. On avait invité Hungry, une amie drag queen Allemande qui explose actuellement sur les réseaux sociaux. Non seulement le club était plein à craquer, mais surtout le public était le plus éclectique que j’aie jamais vu : personnes cis, trans, intersexe, hommes, femmes, non-binaires, gay, bi, hétéro, pansexuel-le, queer, goth, punk, club kids, drag queens… c’était incroyable ! Chaque visage sur lequel mon regard se posait arborait un look plus extravagant que le précédent. C’était exactement ce que j’avais imaginé, j’étais aux anges.

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Alan Marty-Paquet

Cependant, le Tigre n’est clairement pas habitué à recevoir des drag shows. On a dû emprunter un mini-projecteur à un ami, mais étant donné qu’il n’avait pas de bouton on/off et qu’il était branché sur une étagère fixée sur un poteau en face de la scène, je devrais traverser la foule en talons pour aller brancher le spot avant la première partie des shows, puis le débrancher à la fin, puis le rebrancher avant la seconde partie, puis le re-débrancher. Les gens voyaient une drag queen de 2 m 10 courir dans tous les sens, c’était n’importe quoi. À l’époque, je m’occupais de tout : la programmation, le flyer, la production, les shows et en plus je performais. J’étais tellement stressée : non seulement je voulais que tout se passe comme sur des roulettes, mais en plus il s’agissait de ma seconde fois sur scène seulement, ce qui n’enlevait rien. C’était un gros bordel, mais un joyeux bordel.

Al : Oulala pas mal de stress à vrai dire car petit club et première rencontre entre un drag show et des goths. On a eu que des retours positifs, les gens étaient super contents et d’autres enchantés d’avoir enfin une plateforme avec une telle diversité !

Gabriel : « j’attends du public qu’il soit respectueux, qu’il soit ouvert, qu’il joue le jeu »

Le truc dont vous êtes fiers avec les soirées que vous organisez ?

Lenny : Comme indiqué précédemment, je suis fier-e d’accueillir des personnes de tous genres, de toutes orientations sexuelles, de toutes couleurs de peau, de toutes religions et surtout de tous milieux. Je suis fier-e d’avoir accompli le pari difficile de rassembler des milieux qui ne se seraient peut-être autrement jamais rencontrés. Quand j’entends une drag queen me dire : “Ah ! C’est ÇA la new wave ? J’adore !” ou que je vois des goths se mettre au drag, je me dis que quelque part j’ai réussi mon pari.

Aussi, je suis fier-e d’avoir pu booker des artistes aussi talentueux et divers que Luminance, Zanias (ancienne membre de Keluar et Linea Aspera), Hørd, badbad et Boy Harsher.

Al : Fier d’avoir une nouvelle plateforme pour les queer weirdos out there. C’est simple, la scène queer goth/punk était quasi-inexistante à Paris, du moins depuis plus de dix ans que j’y gravite. Il était urgent qu’il existe un lieu où l’on puisse être queer, avoir un look extrême, écouter du goth, du punk ou des sons alternatifs et profiter en plus d’un drag show !

Votre rêve à chacun dans la vie ?

Lenny : Pouvoir vivre des soirées et de mon drag, tout en continuant mon taff en ayant une balance parfaite entre les trois. Voyager et proposer notre concept partout dans le monde.

Al : Finir mes études évidement, devenir chercheur en astrophysique et sciences planétaires dans un organisme de recherche spatiale. Continuer de voyager à travers le globe et si possible mixer de temps à autre pour des collectifs queers alternatifs.

Agathe : Je ne suis pas loin d’Alex en termes d’ambitions. Trouver un poste de professeur à l’université, ici ou ailleurs, peu importe. Et du coup exploiter la tribune qui m’est donnée lors de conférences par exemple, afin aussi de parler de sujets qui me touchent quand cela fait sens. Ce qui permet aussi bien évidemment d’inclure les problématiques LGBTQIA+, à l’aune de ma recherche (en substane, l’identité digitale). Quant à Rebecca, elle vient de s’installer à l’étranger mais revient régulièrement.

Gabriel : Continuer mon boulot “de jour” que j’adore sans faire de concession sur ma vie nocturne. Défendre les mêmes valeurs toute la journée mais pas de la même manière forcément.

Qu’est ce qu’on attend d’un public quand on fait une soirée ?

Lenny : Qu’ils se respectent les un-e-s les autres. Qu’il respecte le lieu et ses employé-es qui le respectent à leur tour. Qu’il respecte les drag queens et les femmes : ce n’est pas parce qu’elles ont les seins nus ou sont en culottes qu’elles demandent qu’on les tripote (j’en ai moi-même fait l’expérience). Qu’il apprécie le travail que l’on fournit pour proposer de tels événements, mais surtout qu’il boive, se défonce, s’amuse et s’en souvienne toute sa vie. Ou au moins le lendemain.

Al : Qu’il s’amuse, qu’il se dise : “Putain, c’était fun. Il faut qu’on revienne !”

Agathe : Qu’il prenne pas le dj pour un juke-box… Non, plus sérieusement, qu’il revienne effectivement. Et qu’il s’amuse.

Gabriel : Qu’il s’amuse avant tout, d’une certaine manière je vois ça comme un service qu’on leur vend mais aussi qu’il soit respectueux, qu’il soit ouvert, qu’il joue le jeu aussi. Personnellement j’aime bien avoir des retours, du moment qu’ils sont pas donnés pour blesser.

L’artiste que vous rêveriez d’inviter et pourquoi ?

Lenny : Le groupe qu’on rêvait d’inviter était Boy Harsher, parce qu’on est fans depuis leurs débuts si bien que j’ai moi-même performé sur leur track Pain. Et on a l’immense honneur de les recevoir à la prochaine Tech Noire vendredi 1er Décembre. Check ! Sinon, j’adorerais inviter Light Asylum ou des groupes mythiques comme les Sisters of Mercy ou Siouxsie (inutile d’expliquer pourquoi).

Al : Mylène Farmer ! C’était une véritable goth dans les années 80. J’écoute ses vieux sons depuis près de 20 ans, mais honnêtement elle a bien autre chose à foutre. J’ai un million d’artistes que j’aimerais faire jouer, la liste est longue …

Agathe : A peu de choses près n’importe quel projet de Gérald Donald, avec une œillade vers Dopplereffekt.

Gabriel : Comme Lenny je crois que Light Asylum ça me ferait rêver haha. Essaie Pas ça aurait de la gueule aussi.

Votre plus beau souvenir de Tech Noire jusqu’à aujourd’hui ?

Lenny : La toute première soirée pleine des looks les plus extravagants. Et notre prochain événement qui rencontre le plus gros succès depuis nos débuts.

Al : Des gens sont venus vers nous et nous ont dit “Wow ! Merci beaucoup pour ce concept, on attendait ça depuis des lustres !” C’est très gratifiant.

Agathe : M’amuser enfin à nouveau en soirée. Je m’entends littéralement dire « enfin ».

Gabriel : Quand à 7 h du mat j’étais pas fatiguée et que ça dansait encore, ça a fini en after paresseux dans un bar parisien et j’en avais pas fait depuis longtemps.

On fait souvent des after après la Tech Noire ?

Lenny : Chérie je vais pas en after, après avoir passé 8 h en talons à courir dans tous les sens, j’ai qu’une envie c’est de me démaquiller et me foutre au pieu ! L’after c’est mater Friends au lit avec mes chiens et mon chéri. On va passer pour des vieux avec la team, mais je crois que quand tu es de l’autre côté du miroir, les after c’est plus vraiment d’actualité…

Al : Ecouter le doux son de mon oreiller sur ma couette … Les befores avec plaisir, les afters : no thanks.

Agathe : nope. Pas d’after non plus. J’ai surtout envie d’enlever la couche de plâtre sur la tête.

Gabriel : J’aime bien les afters silencieux, j’en ai plein la tête après une soirée.

Pourquoi on va en after d’ailleurs ?

Lenny : Pour faire durer l’ivresse… parce que pour certain-e-s le week-end ne dure qu’un soir et qu’un soir c’est trop court.

Agathe : « On fait la fête parce que s’ennuyer seul c’est moins marrant…?

Al : Parce qu’on est trop bourrés ou trop défoncés à la fin de la soirée, qu’on ne comprend pas pourquoi c’est silencieux d’un seul coup à 5 h 30 du mat … Paris et ses restrictions.

Agathe : c’est pas à moi qu’il faut demander.

Gabriel : Quand on a pas envie que la nuit se termine, voler encore un peu de bonheur au lendemain.

Pourquoi on fait (beaucoup) la fête d’après vous ?

Lenny : Selon ma psychologue, c’est parce que je suis alcoolique et que je cherche une excuse pour picoler. Elle n’a pas tort, sauf que j’ai pas besoin de sortir pour boire. Joke’s on her ! Je pense que c’est surtout l’envie de se lâcher sans limite dans un lieu qui ne nous appartient pas (sans avoir à tout nettoyer le lendemain), avec des personnes qui nous ressemblent, et pourquoi pas rentrer avec quelqu’un ! (Moi je rentre avec Alex qui me sert de béquille tellement j’ai mal aux pieds).

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Alan Marty-Paquet

Al : J’en sais foutrement rien. Parce que c’est fun et que parfois on à envie d’oublier nos problèmes quotidiens. Un échappatoire.

Agathe : Parce que s’ennuyer seul c’est moins marrant…?

Al : « Deux drag queens qui se font un 69 sur scène, une autre drag qui se fait baiser par un poulpe en papier »

Gabriel : Parce que quand on aime le milieu alternatif et qu’on a pas la chance de pouvoir y gagner notre vie on a besoin de se replonger là dedans le week-end ? Enfin je dis ça, je bosse dans une boîte très cool… mais le week-end je ressens le besoin de m’enfoncer dans une cave, de boire des coups avec d’autres freaks en écoutant la musique qui nous fait vibrer. C’est aussi une manière de se réinventer (socialement, sexuellement …).

Le truc le plus WTF qui vous soit arrivé en soirée ?

Lenny : Qui me soit arrivé à moi ? Un mec en fauteuil roulant entièrement nu avec des pinces-tétons m’a tripoté le cul… mais bon c’était au Kit Kat à Berlin donc ça ne me choque pas. D’ailleurs, rien ne me choque plus à vrai dire…

Al : Deux drag queens qui se font un 69 sur scène, une autre drag qui se fait baiser par un poulpe en papier sous le regard ébahi de goths ! Et oui : c’était à la Tech Noire.

Agathe : Ce pote qui a acheté du sucre glace au lieu de vous savez quoi. Et sa tête donc après « test ».

Gabriel : C’est peut-être pas le truc le plus WTF, mais quand je me dis qu’avec Clément (Haktion) on s’est rencontrés en after à backroom dans un état de décomposition assez avancé je me dis que même la nuit trash crée des choses sur le long terme.

Le pire truc qui puisse arriver quand on organise une soirée ?

Lenny : Que t’aies eu la bêtise de booker un vendredi férié et que personne ne se pointe, ou que ton club soit blindé et que ton son merde toute la nuit.

Al : En tant qu’organisateur, que le club soit vide. En tant que DJ, que le son s’arrête en plein milieu du set pour diverses raisons et que ça dure quelques (très longues) secondes …

Agathe : Une coupure par les flics sans doute. Qui se rajoute à ce qui a été dit supra.

Un ou des collectifs / soirées dont vous vous sentez proches ?

Lenny : Ben, le duo Bunker Bal, qui au-delà de mixer à la Tech Noire organise des soirées et des concerts goth et wave très pointus, au même titre que le collectif Exbtn (Exhibition) qui produit des concerts à l’Espace B. L’association Scampi Club, qui organise des événements culturels et militants. En ce qui concerne les soirées : le Jeudi Barré au Street’art, hosté par Cookie Kunty qui m’a fait monter sur la scène pour la première fois, la Drag Me! à la Mutinerie, l’Xtravaganza aux Souffleurs et la Kindergarten.

Al : Tous les collectifs qui font bouger les choses (féministes, queer, anti-raciste, etc).

Agathe : Ils ont tout dit. La même.

Gabriel : Idem. Sinon les belles personnes qui organisent la Playnight et What the fuck fest**** ! avec qui on a déjà bossé et sinon même si je ne les connais pas personnellement les personnes qui organisent la Péripate parce que j’adore cette soirée et son parti pris.

D’autres projets parallèles sinon ?

Lenny : Alex et moi étant dorénavant basés à Berlin, on lance notre concept sur la capitale allemande sous le nom de Night Shift. Notre grande première aura lieu à l’Urban Spree le 13 janvier 2018, un an jour pour jour après la toute première Tech Noire !

On compte aussi faire une petite tournée Européenne cet été en s’associant avec des collectifs locaux et emmener quelques queens avec nous à Amsterdam, Londres et Tokyo.

On parle aussi d’un project de soirée techno queer, toujours plus alternative.

Enfin, moi j’essaie toujours d’emmener mon drag toujours plus loin. Qui sait jusqu’où je peux aller ?

Al : Exporter notre projet à Berlin avec la Night Shift oui voilà. Lancer une soirée alterno techno / EBM à Paris, puis des projets avec des potes sur Berlin dans la scène industrielle/noise.

Agathe : Je suis impliquée aussi dans la Exbtn.

Gabriel : Je mixe aussi en solo sous mon pseudo version longue Lawbenstriel, je pose et je fais des performances sous ce projet solo et aussi avec Clément sous Law & Haktion.

Crédit photo cover : Alan Marty-Paquet pour Tech Noire

Adeline Journet

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