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Pourquoi faut-il faire 311 kilomètres en stop pour aller teuffer au Saint Love festival ce dernier week-end de janvier ? – Heeboo

Pourquoi faut-il faire 311 kilomètres en stop pour aller teuffer au Saint Love festival ce dernier week-end de janvier ?

Janvier 27, 2020

Air G

L’air de la mer vous manque ? Nous aussi. Ce week-end du 31 janvier – 1er février, tout le monde prend ses clics et ses clacs, direction Saint-Lô en Normandie, pour la grosse teuf organisée par le collectif M.A.D Brains. Au programme : plongée dans la scène locale normande le vendredi, et venue des parisiens de Maison Close Records le samedi, tout ça dans un ancien entrepôt frigorifique des années 40. Heureux ?

Les potes de M.A.D Brains reviennent en pleine force pour la cinquième édition de leur festival Saint Love. Pour nous parler de cette initiative qui nous enchante, on a invité Antonin, co-directeur artistique de M.A.D Brains et dj à ses heures perdues (sous l’alias Mac Declos), et Thomas, lui aussi co-directeur artistique et dj (sous le nom d’Ethereal Structure), ainsi que fondateur et président de l’association. Ils nous parlent de l’importance de la scène locale normande, de leurs bons goûts musicaux, de leurs teufs les plus folles, et de leurs rêves les plus fous. Si après ça t’as pas la déter’ de faire la route jusqu’en Normandie, on peut plus rien pour toi.

Crédit : Air G

M.A.D Brains pour vous c’est arrivé comment, quand, pourquoi ?

Antonin : Tout a commencé lorsque j’ai été sélectionné pour participer au tremplin du festival Electro Léo en 2016. Cherchant une voiture de Caen pour rejoindre le festival j’ai contacté Thomas qui était aussi sélectionné, à partir du moment où il a mis du Polar Inertia dans la voiture, j’ai tout de suite su qu’on allait bien s’entendre. Et c’est ainsi qu’un jour il m’a proposé de rentrer dans le crew en 2017. 

Thomas : Alors tout a commencé fin 2012 / 2013. On jouait pour l’anniversaire d’un pote (Numa) dans un petit club de Caen, la soirée s’est tellement bien passée qu’on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ! Un mois après c’était le début de cette belle aventure.

Pourquoi ce nom d’ailleurs ? C’est venu comment ?

Antonin : Je passe et laisse le président parler pour celle ci !

Thomas : Bonne question, tout ce dont je me souviens c’est qu’on voulait qu’il y ait “Brains” dedans pour symboliser la réflexion à plusieurs autour du projet.

Pourquoi c’est important pour vous de contribuer à l’impulsion de la scène locale ?

Antonin : Je pense tout simplement que la scène locale est le futur de scène nationale ou internationale. Il faut donc la pousser à son max et savoir la faire rayonner à plus grande échelle.

Thomas : Nous sommes sur un musique de niche, même si elle l’est de moins en moins alors cela nous paraît essentiel de défendre cette culture, les gens qui commencent, qui essaient des choses car c’est dans ces espaces que la musique de demain est pensée. De plus notre ville (Caen) est vraiment riche de collectifs et d’artistes indépendant, il faut faire entendre leurs voix, leurs musiques et leurs besoins pour faire avancer la scène et ouvrir des espace ou on va pouvoir diffuser tout ça !

Ca fait combien de temps que vous organisez le festival Saint Love ? Pourquoi ce festival ?

Antonin : Ce festival en est à sa 5ème édition, bien qu’au début ça n’était pas vraiment un festival, cela se passait juste sur une soirée ! Ce festival a avant tout pour but de privilégier la qualité à la quantité avec une jauge de 400 personnes. Même si la jauge est réduite cela ne nous empêche pas de faire venir des guests comme on l’a fait précédemment avec par exemple : Zadig, Anetha, Kas:st, Arnaud Le Texier ou bien Parfait. 

Thomas : Le Saint-Love Festival a bientôt trois ans, pour maintenant cinq éditions réussies. Ce festival sert à porter “dans son jus” une partie de notre direction artistique, la partie la plus “dure” et la plus “Techno”. On se permet des choses dans ce cadre là qu’on ne ferait pas forcément ailleurs, c’est un vrai plus !

Crédit : Air G

Pourquoi ce lieu, dans les locaux d’Art Plume ?

Antonin : Pour ma part Art Plume est un lieu qui m’est cher, car j’y ai mis les pieds dès mon plus jeune âge, j’y prenais des cours de cirques et ensuite ça a été là bas que j’ai fais mes premières sorties fin collège/début lycée. Dès lors que j’ai intégré le collectif et que je me plaçais en tant qu’orga, j’ai donc direct pensé à ce lieu ! Ma première (vraie) date a donc été là bas pour la première Saint Love, en warm up de Parfait.

Thomas : C’est grâce à Antonin, qui nous a parlé de ce lieu dès son intégration dans le collectif, et franchement on n’est pas déçu, superbe ambiance “Underground” dans cet ancien entrepôt frigorifique de la dernière guerre.

C’est quoi l’univers musical de M.A.D Brains ?

Antonin: Je dirai que c’est tout simplement la musique électronique dans son entièreté. On a pas peur de taper dans des trucs plus pointus et moins accessibles au public en temps normal. On essaye d’éduquer notre dancefloor. Récemment on a pu par exemple inviter Stanislav Tolkachev, c’est par forcément l’artiste que certains penserai à booker sur jauge de 1200 personnes, qui plus est à Caen, mais notre public nous fait confiance et cela ne nous a pas empêché de faire complet ! 

Thomas : La musique électronique au sens large, on aime pas trop sectoriser chez nous. La musique est une richesse et ce sont ses variations qui créent du relief et des émotions. Ca se transpose également sur les Djs Sets de nos artistes, tantôt House, Techno, Ambient, Experimental, Industriels, on aime changer en fonction des projets et surprendre notre public !

C’est quoi votre expérience de teuf à chacun ? Votre façon de voir la teuf ?

Antonin: Je n’ai que 22 ans mais je pense que j’ai déjà fais pas mal de soirées que ce soit en club, en warehouse ou en festival dans des pays différents ! Pour moi aujourd’hui je vois la fête comme une moyen pour les gens de s’extirper de leurs problèmes et des problèmes de la société. Mais ces derniers temps j’ai l’impression que la fête en perd et que les gens ne viennent plus pour les mêmes choses. 

Thomas : Je sors depuis assez jeune, on a participé à pas mal de soirées / festivals et c’est ce qui a en grande partie motivé la création de notre structure. Concernant ma vision de la teuf, une programmation large sur la soirée, de la musique qui me surprend (pas trop de set autoroute) un univers graphique assez minimaliste et sombre (comprendre pas trop de lights) et des gens ouverts d’esprits, bref la teuf quoi ! Ah oui, et un bon systême son, hein.

Crédit : Air G

Vous me raconteriez votre pire ou plus beau souvenir de teuf ?

Antonin : Je pense que je me remettrai toujours pas du closing de DVS1 lors du Weather de 2016. Je suis resté scotché à le regarder jouer pendant tout le set et c’est à ce moment que je me suis dis : je veux en faire mon métier. J’ajouterai à ce souvenir mon premier Berghain l’été dernier avec un set mémorable d’Antigone

Thomas : Mmmhh, difficile d’en choisir un, d’autant que les bons sont pas forcément les plus clairs, de très bons souvenirs à Dour, même si clairement je m’étais foiré sur les courses et je me suis retrouvé pendant une semaine à manger uniquement du crabe cru, des chocapic et des sardines, matin midi et soir. Sinon plus récemment on est allé au Rex voir Octave One, Didier Allyne et DJ Deep, soirée de tauliers! Grosse claque (attendue) du Live d’Octave One.

Votre coup de coeur musical de ce line-up ?

Antonin : Pour ma part j’ai deux coups de coeurs, un chaque soir. Je suis tout d’abord impatient d’écouter le closing de Von M, je sais que cela sera la fin parfaite au premier soir du festival. Ensuite j’attends avec impatience les sets de Ntbr et Lacchesi, même si je les ai déjà écouté plusieurs fois, j’ai hâte de les accueillir dans ma ville natale, cela fait déjà un moment que je parle de cette éventuelle date avec l’équipe de Maison Close, quand on eu la confirmation de Art Plume, j’en étais très heureux. 

Thomas : J’ai hâte d’entendre le Live de Conformance le vendredi, ça fait vraiment longtemps qu’on souhaitait les booker mais on voulait le cadre qui convient à leur musique ! L’aspect EBM du samedi de la team Maison Close me chauffe bien aussi. Après c’est difficile de mettre les locaux de côté, on book que ce qui nous fait vraiment plaiz’ donc on attend beaucoup de tout le monde ! (Ouai je prend pas vraiment partie je sais.)

C’est quoi l’heure que vous préférez pendant une soirée, celle que vous savourez le plus, et pourquoi ?

Antonin : Je pense que je préfère le closing car c’est le moment où l’étau se resserre sur le dancefloor et c’est souvent à ce moment que les vrais passionnés restent. Et d’un point vu artistique j’apprécie tout les slots, c’est toujours un beau défi à relever ! 

Thomas : Le Warm-Up, parce que c’est tellement intéressant à construire en tant qu’artiste et la fin car les gens se transforment en pâte à modeler et on peut vraiment les emmener sur des terrains un peu plus “difficiles” !

Crédit : Air G

C’est qui l’artiste qu’on rêverait d’inviter à une soirée mais on y croit pas trop ?

Antonin : Pour ma part cela serait un bon Cybotron, les deux ont été tellement précurseurs du mouvement et je pense que cela ferait du bien à tout le monde de se (re)prendre une baffe par des masters comme eux. Je pense également à Kraftwerk, qui est pour moi le booking impossible.

Thomas : Un classique mais je vais dire Aphex Twin, j’écoute fréquemment ses morceaux et je suis sur le cul à chaque fois. J’aimerai également aller sur des choses plus expérimentales comme Alva Noto, Fumiya Tanaka Aoki Takamasa & co, mais c’est pas évident à mettre en place.

C’est quoi le rêve de M.A.D Brains, à plus grande échelle ?

Antonin : De mon point de vue cela serait d’arriver à monter notre label ainsi qu’un éventuel festival qui refléterait nos idées et notre vision de la musique. 

Thomas : Continuer d’être soudé comme maintenant entre nous, on a vraiment une super ambiance de travail et tout roule assez sereinement. Et bien sûr continuer de proposer des projets variés de qualité.

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