Les Nuits Sauvages

Dégif #171 : « On est aussi libres qu’avant, seulement on savoure les soirées car on sait maintenant qu’à tout moment on peut en être privé » – Heeboo
© hypocean

Dégif #171 : « On est aussi libres qu’avant, seulement on savoure les soirées car on sait maintenant qu’à tout moment on peut en être privé »

Dégif - Juillet 21, 2020

© hypocean

La main dans le sac ! On a recommencé à faire la teuf, on a pris, repris ce droit. Celui de tout lâcher, dans l’extrême situation d’un horaire débridé, d’un set de musique énervé, d’un baiser partagé avec l’instant, instant poussé, instant tragique, fatidique était ce retour aux sources. Celles de la free, de la rave, et du club de plein air. Mais savons-nous vraiment faire la fête aussi librement ? Pouvons-nous réellement nous passer des équipes de sécu ? Connaissons-nous suffisamment la mesure de nos excès ? Ce weekend, alors que l’on fêtait, une jeune fille a été violé. Parce que le risque, de se perdre, le risque d’être seule, le risque de frotter la liberté de nos teufs à la violence de nos sociétés citadines non adaptées. La fête, ça s’apprend, la fête gâchée ça ne se reproche surtout pas à la victime, ni à l’orga bienveillant qui, peut-être aurait pu « prévoir ». La fête gâchée, ça se reproche à nos gouvernements, qui repoussent dans leurs retranchements, ignorent, snobent, font mine de ne rien voir, de ne pas savoir, de rendre invisible ce qui est flagrant ; nos gouvernements qui accusent la fête elle même pour justifier la fête gâchée. Ce weekend, pendant que l’on fêtait, une jeune ville ne s’est pas fait, mais a été violée – utilisons les bons mots – et il est important d’en parler, même si les témoignages qui suivent sont ceux de l’innocence et du love. Un appel à témoin est disponible sur notre page. Faites la fête, mais prenez soin les uns des autres.

  1. Paul a vécu une conjonction des planètes à La Toilette
  2. Damien s’est égaré dans le bois de Vincennes, normal
  3. Santa a été saoulée par vos comportements les mecs
  4. Julien s’est fait avoir par un ballon pas très net
  5. Vincent nous conseille de pas trop abuser sur les soirées
  6. Jordan s’est fait offrir un petit déj vodka-red bull
  7. Mehdi pense qu’on oublie un peu trop rapidement
  8. Sara aurait pas dû abuser de la boîte à bonheur

PAUL

« Conjonction des planètes »

lundi 13 juillet – Holy Toilette # LUCID DREAM (Bobigny)

Qui es-tu ?

Paul, architecte d’intérieur, toujours celui qui brille le plus !

C’était quoi cette soirée ?

La Toilette (open air) pour bien commencer la semaine et retrouver la scène queer

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Conjonction des planètes

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

En début de soirée un feu d’artifice étincelant était tiré pas très loin du lieu, c’était un tableau magnifique…

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Le closing de Mind.Mater à 6 h, c’était si intense, il y avait une si belle énergie qui traversait les corps !

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

C’était si bon de tous se retrouver et de profiter en open air après le confinement, les gens veulent tout simplement partager et reconnecter avec la fête. Tout le monde était rechargé à BLOC !!

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

La société post-crise change sans nul doute, elle a le désir de retrouver et chérir l’essentiel : l’amour

DAMIEN

« Amour »

jeudi 16 juillet – rave party (Bois de Vincennes)

Qui es-tu ?

Damien CASSARD – étudiant infirmier deuxième année

C’était quoi cette soirée ?

C’était une rave party la nuit de jeudi 16 juillet à vendredi 17 juillet au petit matin, dans les bois de Vincennes, j’adore le concept de la gratuité de ce genre de party, les rencontres sont plus accessible et la notion de partage est aussi très présente, l’ambiance en général est très agréable, chacun fait se qu’il veut, personne n’est jugé.

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Amour

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Le truc le plus fou ? Je crois que c’est quand je me suis perdu une fois vers 6 h du matin, je cherchais une troisième teuf, on m’avais indiqué l’endroit, mais une fois arrivé c’était la teuf du début où j’étais, en fait j’étais revenu à mon point de départ et j’ai mis quelques minutes pour m’en rendre compte ! Ahaha

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Salma Ya Salama – Dalida pour clôturer la teuf à 7 h

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

C’est vraiment bien, nous étions tous à cran après le confinement, ce genre d’événement permet vraiment à tous de relâcher la pression, de se voir différemment. Être en plein air pendant la période de l’été est aussi vraiment très plaisant, faire la fête dans la nature est beaucoup moins anxiogène…

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

Je penses que « le monde d’après » plus communément appelé, prend petit à petit plusieurs formes, du point de vue des soirées c’est vraiment bien que cela continue, pour l’avenir des discothèques le pire reste à venir, beaucoup vont malheureusement mettre la clé sous la porte, le monde de la nuit doit continuer de se battre pour résister et continuer d’exister.

SANTA

« Frustration »

samedi 18 juillet – rave party (Bois de Vincennes)

Qui es-tu ?

Santa, gros bla bla, 29 piges et toutes mes dents

C’était quoi cette soirée ?

Une free perdue dans la forêt, comme chez moi en Bretagne, avec des gens qui savent comment fonctionne une free en moins. Beurk.

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Frustration

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Quand un mec m’a regardé en bavant vers 3 h du matin, j’ai compris que j’étais pas là où je voulais être.

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Aucune idée mais le son était cool.

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

Bah franchement, les parisiens, va falloir apprendre à vivre les free comme elles doivent être vécues quoi. Vous m’avez saoulée avec vos comportements shitty as fuck, surtout les mecs.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

Non, rien va changer et on continuera de se battre dans le vent.

JULIEN

« Ça tabasse ! »

sam. 18 juillet – Trois ans de Martopitek (Fontainebleau)

Qui es-tu ?

Je m’appelle Julien, Ju, Juju ou Moustache, je suis pompier et mon signe particulier en soirée est que je ne suis jamais sans ma bouteille de Ricard

C’était quoi cette soirée ?

Je suis parti aux 3 ans de Araknatek / Martopitek ! C’était pas du tout prévu de base, mais l’après midi je suis allé à L’Amplitude vers Fontainebleau avec ma meilleure pote et son copain. Quand on a su que le lieu de rendez-vous était à 30 minutes d’où on était, on s’est dit qu’on ne pouvait pas louper ça !

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Ça tabasse !

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Je vais me taper l’affiche mais tant pis. La soirée à peine commencée, ma meilleure pote qui me fait tester un ballon et qui me dit « vas-y respire plusieurs fois dedans ». Du coup chute dans le peloton et black out de cinx secondes. Sympa les potes hein ?

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Je connais pas le line up, mais vers 4 h c’était en mode grosse hardcore bien violent.

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

Je pense qu’on est aussi libres qu’avant, seulement on profite différemment, on savoure les soirées car on sait maintenant qu’à tout moment on peut en être privé.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

La société post crise a sûrement changé au début, mais là on a vite repris nos habitudes.

VINCENT

« Bien aménagée pour la distanciation sociale »

mardi 14 juillet – Border City w/ SNTS l Cassie Raptor l Tomar l Bours (Border City)

Qui es-tu ?

Vincent – Snizy – Fromager – Pantalon en Pencott Greenzone

C’était quoi cette soirée ?

Une soirée open air pas loin de chez moi, avec deux artistes que j’apprécie, SNTS et Cassie Raptor. J’y suis allé car j’ai gagné deuxs places pour cette soirée.

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Respectueuse des clients, très grande et bien aménagée pour la distanciation sociale.

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Le set de Cassie Raptor a rendu folle ma copine qui faisait sa première soirée techno, elle a adoré et c’était drôle a voir

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Le set de Cassie était incroyable, celui de SNTS aussi

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

Il ne faut pas trop profiter justement du mou que l’on nous redonne aujourd’hui pour nos soirées, déjà pour notre sécurité et notre santé à tous, mais surtout pour la pérennité de notre loisirs, si on veut que ça continue il ne faut pas trop abuser sur les règles qui nous on été imposées.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

Avant de voir un véritable changement il faut déjà que le pays se relève du gouffre économique qu’il vient de créer en faisant le choix de sauver des milliers de vie, j’imagine sûrement la post crise plus écologique et j’espère plus respectueuse des gens qui n’ont pas autant accès à l’hygiène et aux services de santé que nous.

JORDAN

« Purge émotionnelle »

sam. 11 juillet – Possession (Gennevilliers !)

Qui es-tu ?

Jordan, auto-surnommé Jo par ce que je préfère de loin ces deux lettres à mon prénom entier. Libraire le jour et toujours maquillé de paillettes ou vêtu de sequin la nuit.

C’était quoi cette soirée ?

Avec ma team, on s’est rendus à la Possession le samedi 11 juillet, déjà parce que j’étais ENFIN officiellement en vacances mais surtout parce qu’on attendait tous une grosse soirée de techno pour se retrouver et souffler un bon coup. On connait déjà bien l’ambiance là-bas et on avait hâte de taper du pied en extérieur. Toute la période de confinement a été assez cauchemardesque pour moi qui me suis senti privé de libertés et de moyens d’expression vis-à-vis de ma queerness, j’étais donc ultra impatient de me retrouver dans un univers fait de sons, de bonnes vibes et de lâcher prise. C’était l’occasion de renouveler les énergies et de se venger du fardeau qu’a été l’enfermement forcé. Une sorte de majeur levé au covid, lui signifiant qu’on vivait toujours et qu’on avait envie de le faire plus fort encore qu’auparavant.

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Le sentiment que je retiens, c’était un peu celui d’une purge émotionnelle. Se retrouver là, dehors, de la musique plein les oreilles, entouré de celles et ceux que j’aime, c’était comme revenir à l’avant coronavirus. J’avais l’impression de mettre finalement derrière moi toutes les mauvaises émotions que j’avais éprouvé pendant le confinement. Une joie passée que j’étais impatient de ressentir à nouveau.

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Ahah, rien de bien fou à raconter, hormis que c’était la première vraie teuf de certains de mes amis et que les voir dans cet environnement m’a beaucoup fait rire. Certains disparaissaient puis se manifestaient d’un coup, d’autres planaient et se laissaient pénétrer par le beat. C’était ultra divertissant de les voir s’ouvrir à ce nouveau monde que je connaissais déjà. Je ne retiens que beaucoup de rires et d’amour. Ça, et le mec hétérosexuel absolument adorable qui a complimenté mon make-up et m’a offert une vodka-red bull à 7h30 du matin. Meilleur petit-déjeuner.

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Je ne sais plus qui mixait exactement, je sais juste qu’entre deux et six heures, la musique était absolument dingue et que je n’ai pas arrêté de danser (chose qui n’arrive jamais). C’était exaltant et vraiment très bon.

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

Mon ressenti se dessine déjà bien dans ce que je raconte avant. Je suis ultra heureux qu’on puisse à nouveau prendre le contrôle de nos vies et de nos sorties. La fête est un élément essentiel à mes yeux et dans mon parcours. C’est un moyen de décompression totale et une source de joie inépuisable. Retrouver ces plaisirs et ces libertés, c’est plutôt jouissif.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

J’ai l’impression que les gens essaient de sauver les murs et de faire comme si rien n’avait changé. Le problème, justement, c’est que TOUT a changé. Nos rapports à l’autre, à la société, les convictions qu’on avait. L’inébranlable s’est fracturé et j’ai mis beaucoup de temps à me faire à l’idée et à me re-stabiliser autour d’elle. Ayant mal vécu le confinement, j’aimerais que les choses évoluent de façon empathique et bienveillante : que la rupture qu’on a vécue nous rende tou.te.s plus à l’écoute et nous permette de mieux savourer chaque instant. Seul le temps nous dira si de profonds changements ont vu le jour ou pas. Mon optimiste me donne envie d’y croire.

MEHDI

« Vers l’infini et l’au delà »

dim. 19 juillet – OPEN AIR : White Label Radio x ItinéraireBis (Border City)

Qui es-tu ?

Mehdi, interne en médecine, casquette NY à l’envers

C’était quoi cette soirée ?

J’suis sorti à l’open air Border City parce qu’il faisait beau ce dimanche et que j’avais envie de m’amuser avec ma copine

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

Vers l’infini et l’au delà

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Venu juste avec ma copine, on a découvert pleins de gens sympas avec qui on a gardé contact

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Le track remix Désenchanté vers la fin qui a mis le feu à la foule c’était marrant

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

C’est cool de pouvoir sortir à nouveau, retrouver ses potes et partager le kiff d’écouter du bon gros son électro sans se soucier des problèmes qu’on a eus avant, même s’il faut rester malgré tout prudent.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

Ça dépend, j’ai toujours tendance à penser que les gens changeront avec les différentes crises mais le fait est qu’on oublie rapidement et qu’on retrouve sa vie d’avant.

SARA

« On aurait pas dû »

dim. 19 juillet – OPEN AIR : White Label Radio x ItinéraireBis (Border City)

Qui es-tu ?

Sara, comptable quand j’me réveille, sinon j’ramasse pas mal

C’était quoi cette soirée ?

Un open air dans une boîte à techno, j’aime bien les gars sûr d’ItinéraireBis donc on s’est motivés

Un mot pour exprimer au mieux ton sentiment au climax de cette teuf ?

On aurait pas dû

L’anecdote la plus folle de la soirée ?

Le moment où j’ai sorti un pot de yaourt (vide) de mon sac, personne a capté

Un track, un artiste ou un set qui a marqué le moment ?

Je me souviens de rien, je te dis, j’aurais pas dû, j’ai trop abusé de la boîte à bonheur, j’ai fait un sale bad de weed !

Le pouvoir, le droit de faire la fête, maintenant qu’on le retrouve à peine avec des soirées / rave party encore plus libres qu’avant, tu en penses quoi ?

J’en pense qu’il était temps qu’on réalise la chance qu’on avait de pouvoir se payer le luxe de teuffer en toute liberté.

D’après toi, la société post-crise est en train de changer ?

Oué j’pense que les gens font un peu plus attentions les uns aux autres ? Nan ? J’sais aps, c’est mon sentiment.

Adeline Journet

Articles similaires

Plus d'articles

Dégif

Dégif #152 : « La musique m’excite tellement que je me ferais baiser par tous les DJ qui ont passé du son »


Mariana Matamoros

Culture Club

Paris ne fête plus clair : quelles solutions ?


Le club pour les nazes

Le Lärm (Budapest) pour les nazes


Night Shoot

La Darude, et La Hollande sous la langue de Rainer Torrado