C’est pas toutes les nuits, que tu croises dans les clubs, la douceur et la bienveillance. C’est pas toutes les nuits non plus, que tu te retrouves à t’énerver sur le dancefloor, entouré de gens gentils, habillés à l’arrache des dernières tendances, sur un son que t’entends pas partout, oscillant amoureusement entre hardcore et eurodance, qui te rappelle que t’es vivant, et qu’il n’y a pas que la techno. Sans fioritures, la Coucou! est née d’un soupir d’amour, d’une envie de rassembler, d’un besoin de programmer ce qu’il manquait (un peu) à la capitale. La Coucou!, c’est le projet né d’un rien, de Renaud et Ariel. Renaud, aka Reno le bienveillant. Ariel, aka Lëster la douceur incarnée. C’est pas toutes les nuits, que tu te retrouves à te lover dans la tendresse d’un club. Coucou la Coucou!, c’est ton anniversaire.
Déjà trois ans, donc, que la Coucou! fait du bien au moral de la fête. Déjà trois ans, et des artistes qui ont marqué, et sont restés : de SMS à Violeta West, en passant par Flagalova, Fatma Pneumonia, ou encore Aprile et Ultramarie, ils sont ceux qu’on y a découverts, ceux qu’on a pas lâchés depuis. Renaud, la fête, c’est sa vie (ou-é ou-é), Renaud c’est le mec dont la tête est tellement bien calée sur ses épaules, qu’il impose tous les respects du monde. De la (bientôt mythique) House Of Moda, à la délicieusement absurde Powerpouf en passant par son nouveau projet Sous Tes Reins avec Quentin de Vedelly (si t’as pas compris le jeu de mot du nom de la soirée, fais pas comme nous, mets-toi tout de suite à réfléchir), Renaud est multitâches, pas multifaces mais poly-poufs (encore un jeu de mot sur le monde de la nuit en veux-tu en voilà) et adorablement nécessaire à ta facette « diable nocturne ». Ariel, lui, c’est l’artiste en solo Lëster, mais aussi la moitié de SMS. Un grand coeur chaud sur de grandes pattes, des ongles qui font rêver, un sourire qui fait sombrer, une timidité qui donne envie de l’aimer, une gentillesse à faire tomber. Vendredi 2 février, on les retrouve au Gambetta Club pour leur troisième anniversaire : Coucou ! 3rd birthday w/MORSE, Merca Bae, Moesha 13 & more. Ça va suinter dans l’escalier, transpirer sur les platines, mais tant que tu vomis dans les toilettes plutôt que sur le dj-booth, t’es très clairement le.la bienvenu.e.
Prénom – âge – profession parallèle – profession qu’il t’arrive de feindre avoir – date d’entrée dans le collectif
Renaud : Renaud, 3…27 ans, photographe de garçons nus, dompteur de chats, février 2015.
Ariel : Ariel, 23 ans, musicien, prof de philo, février 2015
Coucou ! c’est né quand et comment ?
Renaud : Coucou ! c’est né y a pile trois ans, un soir de février, dans un micro club de la rue de la Fontaine au Roi, le Club 56, et on a eu peur que les murs explosent. J’avais envie de faire une soirée pour faire jouer Ariel en vrai, et je m’attendais pas à ce que ça devienne ce que c’est devenu.
Ariel : On est devenus copains avec Renaud, et assez vite on a eu l’idée de faire des soirées ensembles. Lui il était déjà dans le game et moi je faisais du son et je voulais DJetter, il m’a tout appris lol
Ariel : « On avait acheté des tas de posters des années 2000 pour que ça fasse vraiment boum »
Pourquoi “Coucou!” et pas “Coucou” ?
Renaud : Bah je sais pas, c’est plus sympa de dire “Coucou !” que “Coucou -_-”, tu vois ?
Ariel : J’crois que j’avais choisi « Coucou » parce que Renaud avait des idées bizarres lol ; je me souviens ça a failli s’apeller “Oh Boy !” c’est peut être pour ça qu’on a gardé le point d’exclamation.
Quand il est 4 h du matin et qu’on vous demande ce qu’est Coucou!, vous répondez quoi ?
Renaud : Ouah, moi à 4 h du mat en général je compte la caisse 🙂 Sinon je dirais que c’est un doux mélange de gens cool, aussi bien derrière que devant les platines, qui sont pas là pour se la péter, juste pour kiffer, qui dansent aussi bien sur du gabber, du hip-hop ou de l’eurodance, et qui portent des casquettes, pas mal de casquettes.Ariel : Y’a aussi pas mal de bananes. Mais c’est vraiment tous milieux confondus et sans confrontations. C’est agréable.
Et quand il est 8 h du mat’ ?
Renaud : Ca fait déjà une heure que je suis dans mon lit.
Ariel : C’est assez rare que je me casse en after après la Coucou!, donc en général, je suis dans mon lit aussi.
La première Coucou! on s’en souvient ?
Renaud : C’était y’a trois ans, on avait invité des copains et des copines à venir mixer sans vraiment leur dire quoi que ce soit de plus, Marge faisait des tatoos au marqueur, la salle était trop petite et trop chaude du coup les murs suintaient de condensation, c’était un peu la boum de tes 12 ans mais avec 300 personnes.
Ariel : Y’avait de la superbe déco. On avait acheté des tas de posters des années 2000 pour que ça fasse vraiment boum. Moi je me rappelle que j’ai fait mon premier concert et que c’était mega merdique.
Votre meilleure Coucou! c’était laquelle ?
Renaud : J’ai des souvenirs émus de celles qu’on faisait au Club 56, on se prenait pas la tête, on avait des petites activités à la con, on jouait vraiment n’imp comme musique en plus… Sinon celle des 2 ans était chouette, la prog était super, y avait de la vidéo, le public était au rdv… Puis celle avec King Doudou et Panteros666 était hyper bien aussi, y avait aussi nos chouchous Violeta West et Flagalova au sous-sol, un bon mélange !
Ariel : Tout le monde peut témoigner qu’en général c’est dur pour moi de me rappeler des Coucou! et je dis souvent “celle ci c’était la meilleure”.
Pourquoi vous avez l’impression qu’une soirée comme Coucou! a son importance dans le paysage des teufs parisien ?
Renaud : Je trouve qu’il y a de plus en plus de teufs à Paris, et beaucoup se ressemblent, dans leurs programmations. La Coucou! sort un peu de l’ordinaire dans le sens où on est peu de collectifs à proposer une prog comme la nôtre, oscillant entre des artistes/djs issus de la nouvelle scène hardcore, gabber et d’autres provenant de la nouvelle scène hip-hop, bailé funk… voire même ambient. Ce sont les gens de cette nouvelle génération, bercée j’imagine par tous ces sons et ces styles de musiques différents, la culture internet, qui ont donné naissance à ce terme horrible mais en même temps emblématique qu’est l’Internet Wave (sorry), qui font la Coucou!, une soirée où tu peux entendre un remix acidcore de Britney Spears, un edit frapcore d’un chant de supporters de foot et Summer Jam.
Ariel : Hum Je dirais comme Renaud ; c’est une question de diversité musicale. C’est hyper important dans une soirée de pouvoir entendre plein de choses diverses. J’pense qu’on arrive vachement à équilibrer le truc entre dancehall et hardcore. Et que c’est la plupart du temps, assez cohérent comme line up ; en tous cas on essaie de faire en sorte que ça le soit.
Organiser des teufs pour vous, ça représente quoi ?
Renaud : C’est ma vie (ouh la la les grands mots) ! C’est mon job depuis quelques années maintenant, c’est pas la seule soirée que j’organise, et je pense que j’en organiserai beaucoup d’autres. C’est assez fatigant et stressant, tu ne sais jamais ce qui va se passer, s’il va y avoir du monde, de l’ambiance, si tu vas pouvoir payer les gens, en mettre un peu de côté… mais c’est quand même très excitant.
Ariel : C’est la seule soirée que j’organise, et comme je ne sors plus tellement, voire plus du tout, c’est la seule soirée où je vais donc ça me permet d’inviter mes dj préférés pour me faire une soirée sur mesure lol
Après je pense qu’il y a un enjeu un peu militant, même si on n’est pas du tout dans ce discours là avec la Coucou, je pense que c’est un endroit où plein de gens d’horizons différents se réunissent pour passer un bon moment ensemble.
C’est quoi le truc le plus jouissif dans le faire d’organiser une soirée ?
Renaud : Inviter les artistes que t’as envie de voir jouer, aller à la recherche de nouveaux artistes, voir les gens s’amuser et repartir le sourire (ou la bave) aux lèvres, demander “c’est quand la prochaine ???”, c’est kiffant. Ce que j’aime c’est me balader toute la soirée et prendre la température, voir si tout va bien et si tout le monde s’amuse, socialiser un peu, m’occuper des artistes…
Ariel : Moi pareil, à part que je suis pas très sociable lol
Et le pire truc ?
Renaud : Tergiverser avec les bookers, c’est relou. Renvoyer les gens du backstage, c’est relou.
Ariel : Dès que tu passes à côté de la porte d’entrées, quand 30 personnes te demandent des exo…
Vous avez déjà eu des fails avec Coucou! ?
Renaud : Ouais, je me souviens, en novembre 2015, juste après les attentats, comme en plus on organisait la soirée pas très loin, c’était encore tout frais, la salle était quasi-vide, c’était un peu tristoune, mais l’artiste qu’on avait invitée, Kumisolo, avait trop adoré la soirée, donc ouf quand même !
Ariel : Oui c’est la seule fois où on a raté, mais on s’était mega amusés, même si on était que dix.
Renaud : « Ce qu’on attend du public ? Qu’il vomisse dans les toilettes plutôt que sur le djbooth »
Le public de la Coucou! il ressemble à quoi ?
Renaud : Comme j’ai dit, y a beaucoup de casquettes, de jogging, de tshirts à messages ^^
Plus sérieusement, c’est plutôt mélangé filles/garçons, plutôt jeune, plutôt là pour danser et pas pour chopper, je sais pas, je trouve ça hyper bon enfant, même si je me sens super vieux parmi eux ! En tout cas, on n’a jamais eu à faire à de gros relous.
Ariel : Je trouve qu’il est super varié. Des gens viennent parfois pour des artistes précis, d’autres pour la soirée, et puis y’a un peu de tout, mais que des gens cool je trouve.
Qu’est ce qu’on attend d’un public d’ailleurs quand on fait une soirée ?
Renaud : Qu’il soit respectueux, des gens qui l’entourent, des filles, des pédés, des gouines, des trans, du lieu qui l’accueille, des djs, des gens qui y bossent, qu’il soit bienveillant, que s’il kiffe pas, qu’il se casse plutôt que d’insulter les orgas ou les djs en leur disant que c’est de la merde et qu’il vomisse dans les toilettes plutôt que sur le djbooth.
Ariel : Ouais je trouve ça hyper important le côté bon enfant, donc que les gens soient respectueux et responsables.
Le DJ que vous rêveriez d’inviter mais ça va être chaud ?
Renaud : Hum, difficile, car on a plein d’envie différentes avec Ariel, qui pourraient sans doute être réalisables mais dans d’autres conditions (en vrai je vais rien dire parce qu’il se trame des choses du coup j’ai pas envie de fuiter, tu vois ?)
Sinon on avait envie d’inviter Panteros au début de la Coucou!, moi je le connaissais un peu via mon autre soirée, House Of Moda, car on avait bossé 2/3 fois ensemble, mais mission impossible, le jour où il devait venir son booker m’annonce que c’est pas poss, j’étais vénère. Et puis il est venu plusieurs fois à la soirée après, avec sa clé USB au cas où, il a mixé avec Paul Seul, puis après avec Aergab, et on a officialisé les choses à la rentrée dernière.
Ariel : Moi je pense que c’est Arca même si je trouve qu’il est un peu embêtant depuis peu. Et il prend beaucoup trop cher donc ciao. Sinon après j’aimerais bien qu’on invite Ybrid, mais ce n’est pas impossible. Hein Renaud !!!!
On y boit quoi à la Coucou!
Renaud : Du Perrier pour ma part. Un coca pour le boost de début de soirée (youhou)
Ariel : Du whisky pour ma part. Un peu trop en général.
Sans transition, votre track préféré à écouter en after c’est quoi ?
Renaud : En after ? Quench – Dreams, ou The Age Of Love (Watch Out For The Stella Club Mix). Ou de la grosse techno.
Ariel : Moi ça change tous les jours. Aujourd’hui ce serait Streaming Day (Greg C Remix) par Dinamik.
Pourquoi on va en after d’ailleurs ?
Renaud : Pour ma part j’y vais pas ou alors si j’y joue, ou si il est 15 h. Mais certainement parce qu’à 6 h du mat’ c’est beaucoup trop tôt pour aller se coucher quand on est encore sous l’effet de certaines drogues.
Ariel : En tous cas ce n’est pas pour avoir de belles discutions, ou pour se dépenser lol. Je dirais que c’est pour ne pas rester tout seul, pour que la fête continue.
Pourquoi on fait (beaucoup) la fête ?
Renaud : Je sais pas, parce que c’est génial. Voir ses potes, en rencontrer d’autres, faire n’importe quoi, danser, écouter du son, décompresser, se désinhiber… je crois qu’il y a tellement de pression dans certains milieux professionnels, ou même celle qu’on se met soi même, ou la routine, qu’à un moment faut savoir un peu péter les plombs et se laisser aller, sans que ça finisse trop mal (mon petit côte mère-poule).
Ariel : C’est juste agréable, tu es avec plein de gens, plein de gens à rencontrer. Tu peux t’amuser avec qui tu veux, et si tu te débrouilles bien, écouter de la bonne musique.
Le truc le plus WTF qui vous soit arrivé en soirée ?
Renaud : Euh… je peux pas dire ce que j’ai en tête alors je vais trouver autre chose. En fait j’ai fait tellement de soirées, qu’il arrive toujours un truc WTF. Une drag queen qui tombe sur les platines, l’alarme incendie qui se déclenche à 4 h du mat et qui ne s’arrête pas, les mecs qui s’endorment sur la vitre du booth, ou ceux qui se font sucer à côté…
Ariel : Là comme ça je ne vois pas, sans doute que j’étais super ivre, et que j’ai oublié…
Le truc le plus WTF qui soit arrivé à une Coucou! ?
Renaud : Un live de SMS avec les paroles se déroulant sur une bande papier au dessus d’eux (pour qu’on puisse chanter en même temps). MYD avait adoré.
Ariel : Une de nos Dj (dont on tait le nom) qui s’est fighté avec une barmaid.
Un ou des collectifs / soirées dont vous vous sentez proches avec Coucou! ?
Renaud : On s’acoquine un peu avec les Casual Gabberz en ce moment, mais chut. En vrai j’ai l’impression que tous les artistes/collectifs de cette scène se fréquentent tous plus ou moins ou sont amis, du coup c’est plutôt cool de bosser avec eux, c’est easy, ça se passe tout le temps bien et ça ouvre les horizons.
Ariel : Je pense que la Shemale Trouble plait généralement au public de la Coucou! en tous cas, moi elle me plait. Et puis Thunderbreak (qui fait son come-back bientôt) aussi.
D’autres projets parallèles ?
Renaud : Moi j’ai toujours la House Of Moda, on a fêté nos 7 ans cette année. Un nouveau projet avec De Vedelly, qui s’appelle Sous Tes Reins, la première a cartonné, on est en rade de lieu pour le moment, mais ça va se décanter bientôt ! Sinon la Coucou! poursuit son chemin, elle grandit, elle s’exporte, elle a prévu des trucs cool dans l’année qui arrive, stay tuned.
Ariel : Moi y’a mon projet musical, Lëster, qui suit lentement son petit chemin.