Pas toujours facile de mettre les pieds dans un club de légende. A Berlin on vous parlait du Berghain d’or, du Kit Kat libertin, du Sisyphos féroce, du Tresor mythique, à Londres, de la Jaded d’after, de la Concrete surprise et du Lärm alarmant à Budapest. Pour cette huitième édition, on a décidé de fouiller dans ses souvenirs de l’été 2017, et de se replonger dans le labyrinthe ://about blank… sans vides ni blancs !
Berlin, l’été, sous la canicule et les envies folles. Le repère et.ou refuge de tout passionné de club, français ou d’ailleurs, qui se respecte un peu. On devrait faire une étude du nombre de parisien au kilomètre carré qui arpente les rues fleuries de Berlin de juin à septembre. C’est un peu comme se rendre seul.e à une fête dont on connaît les orgas. Berlin en été, c’est le refuge, là où tout sent meilleur et où l’on se sent mieux, comme un coup d’air pris sauvagement à deux doigts de l’étouffement.
On sait pourquoi Berlin. Mais sait-on pourquoi l’ ://about blank ? Nous oui. Parce qu’en plus d’être l’un des clubs les plus libres, ouverts et détente d’Europe, ://about blank c’est aussi, et surtout, l’engagement, celui des musiques défendues à travers une programmation pointue et excitante, mais aussi dans les collectifs soutenus et auxquels le lieu donne la parole (Femme Rebellion, Buttons, love techno – hate germany, Room 4 Resistance, etc.).
://about blank est un espace où la danse est sérieuse et religion, où l’on fait la queue calmement, même sous produit, avant de célébrer la messe, où le respect est d’ordre et la liberté de chacun un principe fondamental et fondateur. C’est comme ça que les légendes naissent et perdurent, quand les règles et valeurs sont respectées et ne cillent pas une seconde face au business et à l’adversité.
Club : ://about blank
Ville : Berlin
Adresse : Markgrafendamm 24c
Berlin
Nom de la soirée : Buttons CSD 46 Hour Edition
€ : 13/15 euros
€ drinks : Je n’en ai plus aucune idée, mais je me souviens m’être dit « j’en peux plus de ce pays », dans un mélange d’allemand, d’anglais et de français fatigué
Signe particulier : Le truc cool de la chose c’est qu’on est venus prendre l’apéro en rentrant d’une virée, au soleil, qu’on est ensuite rentrés siester et se pimper, pour repartir quelques heures plus tard et faire la fête jusqu’à 12 h le lendemain. Le truc agréable à Berlin : rentrer, sortir, re-rentrer, re-ssortir, et mourir.
Pourquoi cet endroit / cette soirée là ?
Parce que la Buttons est une soirée légende aujourd’hui à Berlin, et qu’il vaut mieux en profiter avant qu’elle ne devienne trop tendance ou perde de son authenticité, sait-on jamais.
Ce que tu en savais, en avais entendu ?
Que l’été (ou même l’hiver, en vrai), tu pouvais t’y trimballer à poil sans que ça choque personne, que tu pouvais choper des trucs pas très légaux dans une roulotte, et que les mecs se donnaient à coeur joie dans le cruising de teuf.
Première impression ?
Tout ça était vrai.
Nan, (enfin si), en vrai, ma première impression a été de me demander si j’allais bien rentrer dans le club. Le mec à l’entrée avait pas l’air super commode, mais j’imagine que c’est son taff, faire le tri quoi. Puis ma deuxième impression, en posant les affaires au vestiaire en haut, a été de me dire que la fête allait être folle. C’est con, mais c’était gravé dans le marbre avant même d’avoir posé un orteil sur la piste ou d’avoir parlé à une seule personne. La magie.
Puis dans ma première impression il y a aussi un mec mastoc d’au moins 1m90, tout nu, dehors, qui arpente les allées, le truc qui pendouille (énorme truc d’ailleurs, malaise ET fascination devant la chose), habillé d’un seul sac à dos et de rangers. C’était à la fois cocasse, absurde et si cool.
Le truc cool ?
L’espace extérieur incroyablement beau et bien aménagé, où tu pouvais, dans un ordre non exhaustif, danser, dormir, baiser (?), boire, discuter, danser, dormir, b…
Le gros bad de la nuit ?
Il me semble bien qu’il s’est mis à pleuvoir. Il me semble qu’on a trouvé une tente dans l’espèce de bois de l’espace extérieur. Il me semble que le mec tout nu avec son sac à dos était encore dehors sous la pluie, ruisselant, surréaliste paysage. Il me semble que c’était tout boueux dans la tente et que je n’osais pas m’asseoir, mais qu’y rester était très clairement un gros supplice et hors de quest’. Enfer et damnation, mais drôle moment.
Le truc drôle ?
Les mecs à la sortie des toilettes, accroupis, qui demandaient aux autres mecs qui y rentraient, de, je cite « leur pisser dans la bouche ». Miam.
Note musicale de la nuit ?
Je me souviens pas de tout, mais je note un passage d’environ deux heures, sur le bois de la scène extérieure, à danser sous la pluie sans s’arrêter, l’air de prier je ne sais quels dieux. Un autre passage, dans la petite salle près des backrooms, où on voit rien, où je me suis salement fait draguer pas un mec relou, et mes potes qui me tournaient autour pour faire barrages. C’était pas si agressant, quand j’y repense, il était lourd mais drôle, j’crois juste qu’il avait flashé, et que c’était maladroit mais sans doute quand même un peu mignon.
Le truc à y éviter ?
S’endormir dans la roulotte.
Le truc à améliorer ?
Pas grand chose. Peut-être plus de prévention ?
On a bu quoi ?
Club Maté-vodka.
Spotted ?
Mon pote Flavio et ses cheveux roses, croisé quasiment au hasard et avec qui on a passé la fête, une autre pote croisée au hasard, pas vue depuis des années.
Puis moi qui m’endormait debout, les yeux ouverts, c’était vraiment vraiment drôle, mes yeux lâchaient tout seuls et je perdais l’attention pendant un demi-seconde, je m’en rendais compte, je me tapais des barres toute seule et mes potes captaient rien. Voilà, nulle comme anecdote, mais à vivre, c’était assez fascinant.
Degrés de sauvagerie / déviance ?
Un joli 98%. Je laisse 2 % pour les trucs qui mettent vraiment mal à l’aise.
Pourcentage de bonheur ?
99%.
Dernière impression en partant ?
Double sentiment : celui d’avoir TOUT donné et d’y avoir laissé des plumes, envisager le retour en vélo comme un passage à travers les mondes, puis aussi celui, plus frustrant, de se dire qu’on perd tout ça en prenant l’avion pour Paris. Et comprendre un peu plus ce que les parisiens trouvent à Berlin : la liberté, mais pas n’importe laquelle. La liberté d’être quelqu’un d’autre, d’être soi-même, loin de chez soi. Et ça, on l’obtiendra jamais à Paris, parce que Paris c’est chez nous et que l’évasion de la fête ailleurs, c’est bien le seul et unique truc auquel on pourra pas remédier en restant dans les environs.
On y retournera ?
Plutôt 57 fois qu’une.
Pour les retrouver c’est sur Facebook : ://about party + ABOUT BLANK