Ils sont un des duos techno les plus programmés et demandés de la scène underground depuis ces deux dernières années. On en sait peu sur eux. Normal, ils se définiraient comme un « duo mystérieux ». L’Italie est leur terreau maudit, à Carlo et Giovanni, et ils affirment avec brume leur nombre fétiche : c’est le « 9 ». C’est sombre, ça tape fort, dur, ça donne envie de danser sans plus jamais s’arrêter, c’est évidemment 999999999.
Ce duo mystique, 999999999, on les prononce, suivant l’envie, NineTimesNine, ou « neufneufneufneufneufneufneufneufneuf » ou même « neuffoisneuf » quitte à passer pour des connards, et ils ont prévu de mettre le feu à la Possession (t’sais ta soirée techno super libérée préférée) de samedi 19 mai, au côté de Dax J, Räar et Under Black Helmet pour les grosses grosses pointures. Ou-é, rien que ça. Gênant tellement c’est fou ce line-up. À trois jours de la belle et longue nuit, à un an de leur première apparition en France, on échange avec Carlo.
Votre nom de scène, 999999999, il en laisse pas mal interrogateurs, ça vient d’où ?
En fait, c’est un truc super banal et random. On préférait les chiffres aux mots. Et c’est le 9 qui est sorti !
Donc « 9 » est aujourd’hui une sorte de chiffre fétiche ?
En quelque sorte, oui.
Quand on vous demande vous répondez que votre musique est de l’acid minimaliste, vous entendez quoi par là ?
En gros, ça signifie qu’on reste assez minimalistes en termes d’arrangements, dans nos dj sets comme dans nos lives (acid inclue), on a pas besoin de ça pour bien arranger les morceaux ensemble, les sonorités, et faire ressentir l’énergie qui s’en dégage.
Vous vous souvenez de votre TOUTE PREMIÈRE teuf ?
Oui, c’était dans un gros club, près de chez nous, on devait avoir genre 16 ans, c’était pour l’anniversaire d’un ami à nous.
Un truc en particulier dont vous vous souvenez de cette nuit là ?
À l’époque, je détestais la musique de club, et les clubs en général. Je pensais que ce n’était simplement pas mon truc. Puis après cette nuit là, tout a changé, du tout au tout. Je me suis tellement amusé… Je suis dans un premier temps tombé amoureux de la musique que j’entendais, puis j’ai été aussi très impressionné par la performance du dj, ce soir là, et par sa sélection musicale. Je me suis dit : « moi aussi je veux mixer ». J’ai commencé à sortir de plus en plus en club, et c’est tout un monde qui s’est ouvert à moi…
C’était quoi la raison qui te faisait sortir le soir du coup après cette nuit là ?
M’amuser avec mes amis. Puis on était vraiment passionnés par la musique qui passait, à chaque soirée. Faire la fête, c’est important, ça t’aide à déconnecter et à oublier tes problèmes quotidiens. S’amuser, c’est important !
Il y a un truc à l’époque, qui, quand même te gâchait parfois ton plaisir ?
Oui, la même chose qu’aujourd’hui d’ailleurs. Les gens qui ne sont pas intéressés par la musique et viennent foutre en l’air l’esprit de la soirée.
« 90% des artistes italiens sont plus connus à l’étranger que dans leur propre pays… «
Avant cette soirée d’anniversaire, cette première teuf, t’écoutais quoi comme musique ?
Plutôt de tout, des trucs assez commerciaux, de la pop. Mais donc seulement quand j’étais ado. Puis j’ai découvert l’univers de la musique électronique, de la house à la techno.
Tu as changé ta manière d’écouter de la musique depuis que tu en joues et en composes ?
Oui, évidemment. Quand tu commences à jouer et à faire de la musique, tu te mets à entrainer tes oreilles, tous les jours un peu plus, et tu te mets à aimer ce que tu avais peut-être évité d’écouter dans un premier temps. C’est là où tout se joue.
Avec Giovanni comment vous en êtes venus à faire de la musique ensemble ?
On est du même coin, on se croisait à des soirées, on est tous les deux djs et un jour on a ressenti l’envie, voire le besoin, de faire de la musique ensemble.
Tu te souviens de votre TOUTE PREMIÈRE date ensemble en tant que 999999999 ?
Oui, c’était un dj set, une coole expérience, dans un petit club, c’était cool de voir qu’on pouvait faire danser les gens avec notre sélection, c’est ce qu’on voulait, et je me souviens que ça nous a rendu heureux.
Y’a un truc qui a changé chez vous depuis que vous êtes un peu connus ?
Non, on est toujours les mêmes gars, les mêmes qu’au début, mais nos capacités, notre passion et notre motivation grandissent chaque jour un peu plus !
Le truc qui te rend heureux quand tu joues ?
Aujourd’hui on ne fait quasiment que des lives, donc c’est notre propre musique qu’on joue, pas les morceaux des autres. C’est ça qui nous rend heureux, de voir les gens kiffer et danser sur nos trucs à nous.
Un rituel particulier avant de rentrer sur scène ?
Non aucun, par contre on vérifie deux à trois fois tous les instruments du live, histoire d’être bien sûrs que tout se passera bien.
L’industrie musicale on en pense quoi quand on s’appelle 999999999 ?
En faire partie intégrante, c’est un truc qu’on voulait, depuis le début, on s’est battus pour ça. On aimerait que tout le monde partage le même esprit, djs et autres professionnels du milieu, mais parfois, je me dis qu’il y a bien trop de « haters ». La musique n’est qu’amour, tout le monde est libre de produire sa propre musique, d’organiser des événements. Si tu n’aimes pas un truc, pourquoi perdre ton temps à critiquer pour rien, concentre toi sur ce que tu aimes non ?
Beaucoup de gens disent que la scène électro se meurt en Italie, t’en penses quoi ?
L’Italie compte tellement d’artistes incroyables, mais comme tu dois déjà le savoir, 90% des artistes italiens sont plus connus à l’étranger que dans leur propre pays… Certains clubs en Italie s’entêtent à faire tourner toujours les mêmes djs internationaux, et cela, depuis dix ou 20 ans. Il n’y a pas beaucoup d’espace pour les nouveaux et jeunes talents sur la scène en Italie. J’espère que la tendance va changer mais je n’y crois pas trop pour être honnête… Pas pour le moment en tous cas.
Les gens continuent de sortir néanmoins. Pourquoi notre génération sort autant ?
Sortir signifie s’amuser, prendre du bon temps, laisser le négatif derrière toi, les problèmes du quotidien… Être en bonne compagnie, se faire de nouveaux amis, écouter de la bonne musique… Voilà pourquoi les gens sortent autant aujourd’hui.
Il fut une époque, en Europe, ou faire la fête pouvait être considéré comme un acte politique. Tu penses que tout ça, c’est fini ?
Non, je ne pense pas. Regarde ce qu’il s’est passé il y a quelques jours à Tbilisi. Les politiques peuvent encore fermer les clubs, mais ils ne pourront jamais empêcher les gens de faire la fête, et c’est ce que les géorgiens ont prouvé en dansant pendant des heures en face du Parlement, dans une protestation totalement pacifiste.
Toi tu considères un certain militantisme dans votre musique ?
On veut juste faire passer un message. Faire la fête ensemble devrait être un moment magique, voilà pourquoi tout le monde devrait pouvoir être libre de mener la vie qu’il veut, tant que cela n’entrave la liberté de personne.
Et pour finir, qu’est ce que la nuit t’apporte que le jour ne t’apporte pas ?
La nuit, c’est un moment spécial, c’est là où la fête prend forme, et l’inspiration qu’on y trouve n’existe pas le reste de la journée.