Les Nuits Sauvages

Sophie Morello : « Rien ne me fait plus plaisir que d’extirper quelqu’un de sa solitude. J’suis une vraie maquerelle ! » – Heeboo

Sophie Morello : « Rien ne me fait plus plaisir que d’extirper quelqu’un de sa solitude. J’suis une vraie maquerelle ! »

Teuffeur du Turfu - Avril 25, 2019

Romain Guédé

Weekend chargé en perspective ! Sophie Morello c’est un peu une icône de la teuf. On la connaît pour ses soirées déjantées à coup de biflage de tranche de jambon. Mais bon, tout ça c’est un peu dépassé, donc on a décidé de se mettre à la page comme on la retrouve samedi pour les un an de Pimp My Queer !

Sophie Morello, sa vie c’est la fête. Elle a grandi dans le sud à Cannes et puis de fil en aiguille la teuf est devenue son taf. D’ailleurs, elle se considère avant tout comme organisatrice de soirées (tu sais, les fameuses Kidnapping) puis comme une dj. Un de ses objectifs, c’est de voir augmenter le nombre de soirées lesbiennes, d’où le projet d’ouvrir « un bar gouine » très prochainement sur Paris. Côté musique, Sophie Morello, elle est anti-techno. Son truc c’est plus les sons électroniques indé qui mélangent guitares et textes pour donner envie de baiser mais pas n’importe comment !

Sophie Morello, quand elle nous parle de son monde qui oscille entre grande déconnade et bienveillance de la teuf, on a un peu envie d’en faire partie. Histoire d’avoir un paquet d’anecdote à raconter ou pas racontable d’ailleurs. On en profite donc parce qu’on la retrouve samedi pour Pimp My Queer #5 à La Java organisé par Caélif Etudiants LGBT+ qui fête ses 18 ans ! Aïe aïe aïe, ça va jambonner sec. Enfin non, c’est terminé tout ça !

Sophie Morello qui es tu ?

J’suis créatrice et programmateur à la Kidnapping, et j’suis dj aussi.

Tu viens d’où ? T’as grandi où ?

Dans le sud, à Cannes.

Comment on fait la fête d’où tu viens ?

Beh on va dans des clubs PD parce qu’y a ZÉRO club gouine et on écoute de la musique de merde souvent de l’EDM qui passe sur NRJ.

Tu te souviens de ta première soirée en club ?

Oué j’crois.

Tu te rappelles de quoi de cette soirée là ?

Rien de racontable.

T’as une réputation de grande teuffeuse. C’est quoi ton anecdote de soirée la plus drôle ?

La dernière fois que j’ai « déconné » c’était après une cure de sommeil dans le sud chez Mamie. Pas d’alcool, pas de clope, pas de nuit blanche pendant deux semaines. Puis retour à Paris pour un dj set à la Wanderlust avec les Fils de Vénus : pétard-vodka-tramadol. J’ai dû arrêter mon set un quart d’heure plus tôt. J’me suis couchée de force et planquée sous la table de mixage. J’y suis restée deux heures. Tous mes potes me cherchaient hyper inquiets. Bref assez douloureux sur le moment mais j’en garde un souvenir ému !

La fête ça occupe quelle place dans ta vie ?

Presque toute la place. Ça fait dix ans que j’organise des fêtes et que je joue dans des fêtes. Du coup quand je mixe pas je reste planquée chez moi.

Selon toi, pourquoi on fait la fête ?

Chacun.e.s ses raisons : la recherche du son, de l’excès, du cul. Être ensemble, être quelqu’un d’autre ou juste être soi.

T’as créé les fameuses soirées « Kidnapping », connues pour leur côté totalement barré. C’est ça pour toi qui fait une fête réussie, une fête où les filles se roulent des pelles et où l’on s’envoie du jambon dessus ?

Alors le jambon faut lâcher l’affaire les gars ! Ça fait cinq ans que personne s’est fait bifler par une tranche dans mes soirées. Le jambon c’était mon père et son indépassable passion pour la charcuterie. Puis y’a eu les vidéos des bébés cochons aux abattoirs et on a commencé à jeter des carottes.

« J’aime les bars parce que tu peux te mettre une grosse caisse et être au lit devant Plus belle la vie à 2 h. »

Sinon oué y’a toujours des meufs qui se galochent aux Kidnapp’. Former des couples c’est un objectif sans fin, avec le mercato-lesbo permanent. Y’a plein de meufs à caser, recaser, et rien ne me fait plus plaisir que d’extirper quelqu’un de sa solitude. J’suis une vraie maquerelle !

Ça marche aussi pour les amitiés. Une bonne soirée c’est une soirée où tu peux rencontrer facilement, quelque soit la nature de ta recherche. Et le son bien sûr encore et toujours le son.

Ton plus grand fail en soirée ?

Oula…ahahah…trop de fail.

Je sais pas moi, peut être la fois où j’ai fait sauter l’électricité générale de tout un club à cause d’un câble qu’avait pris l’eau j’crois. Tout a sauté, des platines à la lumière des chiottes. Ou sinon le jour où j’me suis trompée de date en annonçant ma soirée. J’sais pas y’en a trop.

Ton record de nombre d’heures de fête ?

Alors j’suis pas très drogue donc pas trop after non plus (le pétard permet pas de tenir 24 heures en joie). Mais quand je fais des fêtes avec Péripate, c’est minuit-midi. C’est ça mon record, pas de quoi pavaner.

On sait que t’es plus du genre teuf dans des bars un peu pourrave (on pense au QG). T’aimes pas les clubs ? C’est quoi pour toi le charme de ces endroits là ?

Je préfère mixer dans les bars oué mais je joue quasiment plus que dans des clubs. En temps que dj t’es beaucoup plus libre dans un bar. T’es pas soumis à la loi du dancefloor. Y’a une réception des sons plus ouverte, t’es moins affectée par la nécessité d’efficacité qui nuit souvent à la créativité, et limite la prise de risque. Après, vu que Paris n’a toujours pas de club-gouine, beh je suis assez mobile avec la Kidnapping. Ça va de gros lieux comme Wanderlust, Péripate, Les Folies, ou encore le Rosa. Mais j’aime les bars parce que tu peux te mettre une grosse caisse et être au lit devant Plus belle la vie à 2 h. Et aussi parce que tu y rentres plus facilement en intimité.

© Pierre Criqui

Ta boisson préférée en soirée ?

Bouteille de gin à 50 balles tirée au monop’ pour l’occasion.

Comment t’as décidé de devenir dj ? C’est ça que tu réponds d’ailleurs quand on te demande ce que tu fais dans la vie ? “je suis dj” ?

J’ai rien décidé. Ni d’être dj ni orga. Un soir, dans le seul bar lesbos du département dans le sud, la dj n’est pas venue. La patronne m’a demandée de mettre des CDs en attendant qu’elle arrive. Elle est jamais revenue. J’ai bien éclaté la salle et le lendemain j’ai acheté des platines (mais une coloc clepto est partie avec). Les soirées pareil. Une pote m’a dit : « Ça te dirait de faire une soirée ? ». J’ai répondu  : « Pourquoi pas » et elle m’a dit : « On a une date dans deux semaines rue Saint-Maur. Trouve un nom de soirée, un live et des djs ». J’ai dit : « Ok ».

« Je fais des soirées plutôt gouine dans un milieu très masculin, voire masculiniste. Je fais de mon mieux la plupart du temps. »

La musique que t’aimes le plus en trois mots ?

Mélancolique, caractérielle, hantée.

Ton rôle dans la nuit ?

Je défends un type de son un peu à part dans un milieu où la techno fait loi. Un son électronique indé avec des guitares, des textes. Un son qui doit donner envie de baiser mais pas n’importe comment. Je fais des soirées plutôt gouine dans un milieu très masculin, voire masculiniste. Je fais de mon mieux la plupart du temps.

Un samedi comme un autre, à 3 h du mat’, on te trouve où ?

Samedi à 3 h je commencerai mon set à La Java pour la Pimp my Queer. Samedi prochain à 3 h je serai en train de jouer au Dépot pour la Ladies Room. Et le samedi d’après, à Lyon, pour ma résidence dans le tout nouveau club Queer : Baston.

Quel type de teuffeuse seras-tu dans 10 ans, d’après toi ?

Vieux punk anti-techno.

Tu la vois comment la teuf dans 20 ans ? Et dans 200 ans, on fera encore la fête tu crois ?

INTERSECTIONNELLE. Dans 200 ans ??? On sera tous crevé.e.s.

Une envie là tout de suite maintenant.

Ouvrir un bar de gouine indé rue Oberkampf. On signe cette semaine !

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