« Le lobby gay a encore frappé » ! « E
En tant que programmateur de JJ à la Java et mec du milieu de l’électro et du milieu queer, je me pose beaucoup de questions sur la place des minorités et des filles, dans ce que je fais et dans ce qui se passe ailleurs. Ca concerne entre autres les garçons gays car c’est ce que je suis. À JJ, il y avait très peu de DJs gays programmés et très peu d’initiatives portées par des gays alors que, eh coucou, c’est moi, venez, vous êtes chez vous. Mais c’est seulement en ayant eu un jour le titre « Mai Gay » en tête, un couple de mots qui me mettait de bonne humeur, que j’ai eu l’idée d’un mois de mai effectivement gay et que je l’ai proposé à la Java. Car tout commence toujours par un titre bêbête et mignon.
Ma position en général c’est : on propose quelque chose et les personnes qui viennent sont celles à qui ça parle, sans distinction. J’imagine que le gros sticker « gay » parle surtout aux gays, surtout maintenant que « gay » n’est plus du tout synonyme de « cool ». Les soirées que je préfère sont celles où les gens savent pourquoi ils sont là. J’espère que ce sera le cas. Il y a aussi le bagage musical, le milieu et la notoriété de chaque DJ qui influeront sur le public : entre Maxime Iko qui mixe chez Ellen Alien et Seven Ultra Omni qui joue dans la scène ballroom européenne, il y a un spectre large.
Selon le point de vue, soit les gays sont partout, de l’Eurovision aux grosses soirées musclées, ils prennent toute la place en tant que mecs cis, etc. Soit ils sont nulle part. Kiddy Smile est le seul gay affirmé dans les festivals cet été. Pas sûr à 100% mais à vérifier. Un « Mai Gay » à la Java dans le cadre de JJ, c’est modeste, ce n’est que sur un mois, des jeudis, dans un petit club, mais pour moi ça compte de pouvoir dire à un moment : « On est là, on sait le faire, on a une histoire et on en est fiers. »
J’ai cherché à refléter la diversité et le talent des DJs gays qui officient en 2019 aux platines de Paris. C’est vraiment un beau plateau éclectique que des festivals nous envieraient s’ils avaient pris la peine de s’intéresser à nos scènes.
Certains soirs seront plus house, d’autres plus techno. On a de la darkwave chez Baka Bakqa, du baile funk chez Thy San, de la pop électro chez Jean Rémi, des gens qu’on va aller voir mixer dans le 93 comme Air-One et d’autres qu’on va écouter en all-night-long sur le woodfloor de Concrete comme Aubry, des gens qu’on pouvait déjà entendre au Boy et au Palace dans les années 90 comme DJ André et d’autres qui viennent de débarquer à l’image de Péridurale qui a fait un de ses premiers DJ sets à la Kindergarten.
Péridurale. Un tout jeune gars qui fait ses maquillages et performances de club kid d’une part et des prods super vénères d’autre part qu’il envoie à AZF en la remerciant en story quand elle les passe sur Rinse. Il vient de publier un clip arty queer kinky dur zéro concession à rien et ça me donne envie de dire « vas-y mon p’tit ».
Je connais Fredster depuis l’époque Myspace mais je n’ai jamais eu l’occasion de bosser avec lui avant de le solliciter pour le premier portrait de JJ en septembre dernier. Il y a dans son travail une recherche gay, je ne sais pas très bien comment parler de ça ; en tout cas dans le cadre du « Mai Gay », il fallait que ce soit lui.
Mais toi tu joues pas du coup ?!
Je suis le programmateur. Pour Mai Gay, j’ai booké des gens que je voulais mettre en avant, je n’ai pas tellement pensé à moi. 🙂