Le 16 novembre dernier, pour notre bacchanale d’anniversaire à la Station-Gare des Mines, on organisait un tremplin mixtape dans une optique de découverte musicale et d’ouverture à la jeunesse. Tout ça tout ça ! IMCHAOS, fière de sa grande victoire, y donnait donc le ton en warm-up et rappelle toi… à minuit, les talons cognaient le sol et les murs de la Station tremblaient déjà. Ouah.
Comme on a pas mal l’impression que ça vous a plu, on vous propose un mix exclusif, histoire d’explorer son univers musical un peu… disons… tourmenté… ! Venue de Grenoble il y a dix ans, IMCHAOS officie en duo avec sa pote HANTE. pour le projet Minuit Machine sur leur label Synth Religion. A côté de la production, elle s’essaye depuis cet été au mix, et c’est pour le moment, une franche réussite, non ?
Tu t’appelles comment, tu viens d’où, tu dirais que c’est quoi le truc (physique ou psychique) qui te caractérise le mieux ?
Je m’appelle Amandine, et je viens de Grenoble (qui devient une ville hyper techno askip ahah). Je suis venue à Paris il y a 10 ans et depuis, comme tout parisien, j’oscille entre l’envie de quitter cette ville au plus vite et celle d’y finir mes jours. Je dirais que je suis speed. Je crois que c’est le premier truc qu’on remarque chez moi, je parle vite, je bouge tout le temps, et je cogite en permanence aussi !
IMCHAOS, ça t’est venu comment, ça signifie quoi, pourquoi ce nom de scène ?
IMCHAOS ça m’est venu en répétition d’un live Minuit Machine. On a une intro sur le premier track et j’avais envie de dire quelque chose. Et le premier truc qui m’est venu spontanément c’est « I am the chaos ». Du coup cet été, quand je cherchais un blaze, c’est venu assez naturellement. Et puis le mot CHAOS me définit assez bien.
Tu fais partie de Minuit Machine aussi c’est ça ? Qu’est ce qui t’a poussée à commencer à mixer ? D’où est venu le déclic ?
Yes, je suis en binôme avec Hélène qui a aussi un projet solo « HANTE. » (hyper cool d’ailleurs, à checker absolument !). Toutes les deux on gère notre label qui s’appelle Synth Religion (non je ne fais pas du tout d’auto-promo).
J’ai commencé à mixer cet été. Je sentais que j’avais besoin d’avoir mon propre projet, avec des sons plus violents, plus EBM. Ça faisait quelques temps que j’écoutais de plus en plus de techno et que l’idée d’apprendre à mixer me trottait dans la tête. Et aussi de composer un EP techno/EBM.
Le premier gros taf ça a été de digger parce qu’au final je ne connaissais vraiment rien à la techno. J’ai passé des longues heures à fouiller tous les sites spécialisés, checker des playlist, Soundcloud… J’ai vraiment adoré ce travail préliminaire, et d’ailleurs j’ai toujours aimé découvrir de nouveaux artistes parce que je me lasse assez vite.
Puis j’ai acheté du matos pour apprendre à mixer directement sur platine parce que je sentais bien que la transition contrôleur / platine allait être rude, du coup je me suis dit que j’allais m’épargner cette étape.En parallèle j’ai commencé la composition de mon EP qui sortira au printemps 2020 sur Synth Religion.
C’est quoi pour toi la différence entre un projet prod (comme Minuit Machine) et un projet mix ? Qu’est ce que t’aimes et que t’aimes pas chez l’un comme chez l’autre ?
Ce sont deux kiffs totalement différents. Minuit Machine c’est vraiment mon projet de coeur. J’adore travailler avec Hélène, composer des lignes de chant, chanter, et être sur scène aussi. On a la chance d’avoir des gens qui nous suivent depuis le début, et c’est super touchant de les rencontrer en concert. On part en tournée très régulièrement, et un peu partout dans le monde, c’est vraiment cool. On a un public très éparpillé aussi bien aux USA qu’en Amérique Latine ou en Allemagne. La musique qu’on fait, c’est un mélange d’electro, de dark wave et de techno, toujours avec beaucoup de mélodies. J’adore le contraste entre la brutalité des sons parfois, et les lignes de chant presque pop. Je crois qu’il n’y a aucun aspect de ce projet qui me déplaît, à part peut être gérer l’administratif (genre l’envoi de colis etc…) mais ça c’est plus lié au fait qu’on a un label.
« Tant qu’on n’a pas mixé, on ne peut pas se rendre compte du travail que ça implique »
Mixer pour moi c’est une autre démarche, déjà moins personnel, plus « brut ». Même si évidemment les tracks qu’on choisit en disent long je pense sur notre état émotionnel. Le rapport avec le public est totalement différent aussi. Les gens sont là pour faire la fête, et ils n’ont donc pas les mêmes attentes que pour un live. Mais j’ai l’impression qu’un lien se fait entre le DJ et les clubbers, et qu’il y a moyen de créer une interaction particulière et c’est ça qui me plaît beaucoup.
J’ai pas fait beaucoup de DJset pour l’instant alors je ne saurais te dire ce que j’aime pas dans le fait de mixer, pour l’instant c’est ma nouvelle passion ahah.
Une DJ qui t’a inspirée ou t’inspire encore beaucoup aujourd’hui ?
La première DJ que j’ai rencontrée c’est Cassie Raptor. Elle est aussi VJ et du coup on l’a rencontrée pour qu’elle nous fasse des visuels Minuit Machine. On a tout de suite accroché, et c’est quelqu’un que je respecte beaucoup. J’adore ses sets bien énervés, et sa présence derrière les platines aussi. Je trouve qu’elle a vraiment un truc particulier. On se fait souvent des B2B ensemble dans son salon, c’est toujours un pur kiff parce que nos sons matchent vraiment bien ensemble. Quand je lui ai dit que je voulais me lancer dans le mix, elle m’a beaucoup aidée, donc voilà, reconnaissance éternelle ! D’ailleurs Cassie Raptor va mixer à la première Sainte Rave organisée par mon label le 17 janvier, j’ai vraiment hâte !
Pourquoi d’après toi les DJs sont si peu considérés comme des artistes ?
Je crois que tant qu’on n’a pas mixé, on ne peut pas se rendre compte du travail que ça implique, mais aussi qu’il faut avoir l’oreille, reconnaitre les sons qui matchent, et arriver à créer un ensemble harmonieux qui défonce. C’est pas juste « passer des morceaux qu’on aime bien » comme l’imaginent plein de gens.
Je pense aussi que les DJ ont une sale réputation à cause de certains grands noms qui au final ne pratiquent plus le mix de manière artistique mais font juste des gros shows hyper tape-à-l’oeil et sans grande originalité. C’est tout l’inverse de ce qui me plaît d’ailleurs. Après j’ai l’impression que les mentalités sont en train d’évoluer à ce sujet mais c’est clair qu’il y a du chemin à faire avant que ce soit reconnu comme un art.
Tu peux nous parler de ton premier set en club ? Raconte nous tout !
C’était pour l’anniversaire de Heeboo à La Station le mois dernier ! C’était ouf, j’ai foiré quelques transitions au début avec le stress mais après j’étais vraiment dedans et c’était vraiment kiffant ! En plus c’était un warm-up donc au début y’avait vraiment personne mais au fur et à mesure ça a commencé à se remplir et je sentais que les gens étaient bien à fond donc ça m’a fait plaisir. Je savais pas du tout comment j’allais me sentir derrière les platines, parce que c’est quand même hyper différent de la scène, et au final j’ai vraiment eu des sensations incroyables, et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de partage avec les clubbers.
Cette mixtape, elle raconte quoi comme histoire ? Un track en particulier s’y trouve qui te touche particulièrement ?
Elle est assez perso. J’ai calé des artistes qui me tiennent énormément à coeur comme Sierra, Hante. et Cassie Raptor. Sans vraiment raconter d’histoire, ce mix mélange pas mal de genre. Il est chaotique parfois, et les émotions qu’il fait ressortir sont très variables. Un peu comme moi quoi. Du coup pour le track, je vais dire Unbroken de Sierra qui clôture mon set. J’ai découvert cette artiste il y a deux mois grâce à Kiddo (big up) et je suis totalement fan de sa musique et son univers.
La nuit, le club, pour toi ça représente quoi ?
C’est un monde qui m’a toujours fascinée. Quand j’étais plus jeune, j’en avais un peu peur. ça représentait un peu le danger, les interdits, la débauche. Et maintenant j’ai l’impression d’y être de plus en plus à l’aise. C’est un monde à part. Quand on est en train de clubber, c’est comme si on était dans une bulle qui nous sépare de la vie réelle. Pour moi c’est un très bon exutoire. Après, j’aimerais que le monde de la nuit soit enfin safe pour les femmes et la communauté LGBTQIA. On entend beaucoup de sales histoires, et je déteste l’idée qu’en étant une femme on puisse se retrouver dans des situations dramatiques alors qu’on voulait juste clubber, faire la fête, oublier un peu les tracas du quotidien. Il y a clairement de gros progrès à faire de ce côté-là, et je crois que chacun d’entre nous peut y contribuer à sa manière.
Un appel à faire, un message au monde de la nuit ?
Plus de meufs (marre de la sous-représentation féminine dans le monde de la nuit).
Plus de LGBTQIA.
Plus de sécurité et plus d’entraide.
Et ça devrait s’appliquer à toutes les soirées, pas seulement les soirées Queer inclusives.