Les premiers pas, les plus difficiles. Ou ceux qui glissent le moins. Un hasard. Ou un destin. Un truc qui arrive comme ça, sans qu’on s’y attende. Puis pour certain.e.s c’est l’évidence. Comme pour u.r.trax, aka Inés, très jeune productrice parisienne. Déjà dans la lumière, celle qui se considère déjà comme un outsider qui fera ses premiers pas à Concrete jeudi 11 juillet prochain. L’occasion pour nous de vous la présenter. Woop woop !
Entre acid, ebm et techno, u.r.trax flirte avec ce qui arrache, ce qui égratigne, ce qui grince, ce qui s’énerve dans l’ombre de massues industrielles qui viennent ravager tête et corps en sueur. Et pas n’importe comment. U.r.trax n’a pas fait de la techno sa vie, pour la mode, la tendance, se faire voir, bien voir, donner dans le cool. U.r.trax se pose déjà en outsider de la techno business. De quoi nous plaire à nous. Et nous donner envie de la faire jouer en closing de notre Jeudi OK x Heeboo à Concrete le jeudi 11 juillet prochain. Et pour te mettre l’eau à la bouche, u.r.trax nous a concocté 1h05 de musique, de quoi bien assombrir, et avec délice, ton lundi après-midi de ramasse… J- 10 avant l’une des dernières grandes messes Concrete !
Hello, comment ça va, tu fais quoi en ce moment ?
U.r.trax : Hey ! Je vais merveilleusement bien, merci. En ce moment, les journées sont chargées. Concernant la musique, je mets l’accent sur la prod (pas mal de tracks risquent de sortir dans les semaines a venir…). Au delà de ça, je suis en train de dessiner une collection qui sera le coeur d’un projet artistique monté en collaboration avec ma meilleure amie.
Ton nom d’artiste, U.r.trax, il vient d’où ?
Longue histoire ! Quand j’étais au lycée, j’ai écrit un petit essai d’une centaine de pages du nom d’UnderRev (UR) dans lequel j’exposais mes ressentis, constats, réflexions, projets qui suivaient mes premiers pas dans la scène techno. J’y proposais une nouvelle conception des différents médiums artistiques. Je vous passe les détails, u.r.trax étant la branche musicale (trax, tracks, morceau de musique en anglais) de ce projet. (D’ailleurs la collection dont je parle plus haut n’est peut-être pas sans rapport avec tout cela…)
Quand est-ce que tu as commencé la musique ?
J’avais cinq ans il me semble. Mes parents voulaient que je fasse du violon : une catastrophe. J’ai essayé la batterie juste après et je n’ai jamais vraiment arrêté. S’en sont suivis, le saxophone, la clarinette, le piano et la guitare. Quand je suis arrivée au collège, j’ai commencé à empiler des loops sur GarageBand (je devais avoir 10/11 ans). De fil en aiguilles, j’ai commencé a
composer mes propres sons sur Logic Pro puis Maschine et Ableton. Je suis passée par tellement de phases, mais c’est dans la techno que je pense avoir trouvé ma veritable identité artistique.
C’est quoi tes premières influences musicales ? Ce que tu écoutais quand t’étais plus jeune ?
Comme je le disais plus haut, j’ai commencé avec la batterie. J’écoute du rock depuis toujours (post punk, cold wave, punk, hard rock). J’ai écouté beaucoup de rap aux accents jazz ou ghetto (Jazzy Bazz, MC Holocaust, Devilish Trio, Soulzay). Je faisais d’ailleurs des instrus avant de produire de la techno. Quant à la musique électronique en tant que telle, j’ai un peu honte de le dire, mais j’ai commencé avec la dubstep…. Ça explique peut-être pourquoi j’aime la techno aussi brutale.
D’ailleurs, tu viens d’où ? Ça a eu un impact sur ta création musicale ?
J’ai grandi entre la banlieue parisienne (près de Mantes dans les Yvelines) et l’Ouest parisien. Je ne pense pas que cela ait consciemment marqué mon processus créatif. Peut-être que mon chemin vers la techno a été jalonné par le rejet des deux milieux contradictoires et extrêmes dans lesquels j’ai évolué (passant du très populaire au très bourgeois), et m’a permis d’affirmer une certaine identité d’outsider. À mon grand regret, je suis issue de deux mondes où la techno reste encore très mal vue et connue, et donc sujette à deux nombreux préjugés…
Jouer à la Jeudi Ok à Concrete ça représente quoi pour toi ? T’as déjà commencé à préparer ton set ?
C’est extrêmement symbolique pour moi. Jeudi OK était ma toute premiere soirée techno il y a deux ou trois ans de cela. Concrete, malgré les critiques qu’elle peut recevoir, reste une institution mythique et prestigieuse de la scène électronique parisienne. C’est donc un honneur de pouvoir y jouer avant sa triste fermeture. Quant à mon set, je n’ai pas commencé à la préparer. En général, j’improvise. Sur ma clef, je charge une centaine de tracks voire plus, et je laisse le public me guider.
Et comment t’as découvert Heeboo ?
Avec les mythiques dégifs partagés sur Facebook !
Choisis trois mots pour caractériser Heeboo !
Engagement, Passion, Communauté
Cette mixtape tu l’as conçue comment ?
Je ne réfléchis pas vraiment à la manière dont je conçois mes sets, je laisse simplement mon coeur parler. J’ai fait le choix d’un tracklist un peu plus diversifiée que d’habitude, où je me fixe sur un style précis afin de produire un état de trance chez l’auditeur. J’ai enregistré ce mix en studio. J’ai essayé d’osciller entre EBM, techno très caverneuse et abyssale, accents plus mélancoliques et émotionnels, tout en essayant de garder une continuité brutale et bien énervée comme d’habitude.
Un mot sur un des tracks qui y figure, que tu aimes tout particulièrement ?
Vers la 45e minute, je joue le son “fuck drumcode” de Rorganic. C’est un producteur que j’aime beaucoup. Je joue souvent ses tracks très brutaux qui surprennent avec brio l’audience, aussi bien en club qu’en warehouse. Ca permet de mettre en perspective des tracks plus sages, répétitifs et “tranceux” aux sonorités davantage berlinoises.
Pour finir, ta dernière anecdote absurde, drôle, cocasse en soirée ?
Même si les dernières soirées que j’ai faites étaient toutes mémorables, la plus folle était sans doute la Possession du 21 juin. L’ambiance était magique pour les 4 ans du collectif. Randomer a du jouer plus de cinq heures et j’ai du l’escorter en vitesse jusqu’aux toilettes pendant son set. Sur scène, tout le monde était déchaîné. L’atmosphère qui règne dans les soirées Possession est inimitable : hâte d’être à la prochaine le 5 Juillet à la Concrete aussi !