Rythmes endiablés, ondes électro-métissées et techno chamanique : le collectif Mawimbi s’apprête à mettre le feu, ou plutôt “envoyer la Ganzoü” au Petit Bain ! De leur première soirée chez Moune en 2013, à la Ganzoü #1 vendredi 20 mai, en passant par la Concrete et le Sucre à Lyon, les cinq potes DJ du collectif Mawimbi reviennent sur leur parcours atypique et riche en couleurs. Débrief.

A la base, MAWIMBI, ce n’était « que » le nom de la soirée non ?

Oui, en fait, à l’origine Adrien devait réaliser un projet dans le cadre de ses études, qui était d’organiser un festival. Fictif certes, mais il fallait penser à tout dans les moindres détails. Il a voulu développer un projet de Festival sur les résurgences des musiques africaines dans le monde actuel. Au même moment, Clément et Bertrand avaient déjà ce projet avec Pouvoir Magique de créer ce qu’on peut appeler de la “techno chamanique”. Puis tout s’est enchaîné: nos premières soirées et la découverte d’artistes comme Romare, Auntie Flo, Mr Raoul K ou encore Africaine 808. Mawimbi c’est le résultat d’une sensibilité commune, l’envie d’offrir quelque chose d’inédit dans le paysage musical parisien et surtout “rendre à César ce qui est à César”, à savoir placer les musiques électroniques dans le sillage des musiques africaines.

C’est la réussite de votre première soirée qui vous a donné l’impulsion pour continuer ?

Oui ! C’était un jeudi soir, mais il y avait quand même du monde. Il y a vraiment eu une connexion avec le public et les artistes, quelque chose d’indescriptible. D’ailleurs, Benjamin Lebrave, du label Akwaaba Music et Mo-Laudi, DJ sud-africain et alors principal activiste de la scène afro-house parisienne, était présents. Il y avait aussi le patron de la marque Africa Is the Future, et typiquement s’il y a des personnes qu’on voulait toucher, c’est bien celles-ci ! On était loin d’imaginer qu’ils viendraient à notre première soirée… !

Et là, la machine était lancée…

Sauf que malheureusement, la soirée suivante au Panic Room a été un échec, on s’est totalement planté ! Le même soir il y avait l’ouverture du Nuba, dur de rivaliser ! Du coup grosse remise en question. Puis finalement, on a pas eu trop le temps de réfléchir, les autres events se sont vite enchaînés ! Le déclic, ça a été les Nuits Sonores. On devait juste faire un warm-up, et d’un coup Clap ! Clap ! annule pour des raisons personnelles. Le programmateur a pensé à nous et bingo, on se retrouvait d’un coup à devoir assurer deux heures devant 3000 personnes ; et face à des artistes bien plus accomplis… Ça a pris, le moment était génial, la connexion avec le public a été folle.

“Envoyer la ganzou”, dans le Sud, c’est “mettre le feu” !

En gros Mawimbi c’est exactement ça : un concours de circonstance et beaucoup de chance ! L’année dernière encore on a pu jouer au Solidays devant une foule immense ! RKK Rémy Kolpa Kopoul était programmé, mais il est malheureusement décédé peu avant. Il fallait trouver un remplaçant, et on a été très touchés quand on nous a demandé de le remplacer…

Vous avez pu jouer ailleurs qu’à Paris ?

Oui, on aime beaucoup Le Sucre à Lyon ! Pour son public, puis son sound system. D’ailleurs, le concept des soirées Ganzoü va faire résonance avec les soirées de James Stewart avec le Black Atlantic Club. Le but est de partager des artistes, créer un concept différent, entre Lyon et Paris. Affaire à suivre !

En dehors de la France on a également joué à Berlin, sur l’île de la Réunion et à Amsterdam. On a des projets en Angleterre mais on ne veut rien précipiter !

Et jouer en Afrique, vous y pensez ?

Oui ! Mais jouer en Afrique pour la jet set Africaine ou un public d’expats’, c’est pas le but de Mawimbi. On veut jouer en Afrique, mais à condition que ça s’inscrive dans un vrai projet, jouer juste pour jouer, ne nous intéresse pas. Tu vois, il y a des pays comme l’Afrique du Sud où l’on sait pertinemment qu’on apporterait rien, on jouerait juste la même chose que tout le monde là-bas. Par contre, aller dans un pays peu “défriché”, comme l’Angola par exemple, chercher des artistes qui nous plaisent, aller à leur rencontre, bosser avec eux, les amener en Europe pour faire des dates, c’est ça qui nous intéresse ! Partager, pour que l’enrichissement soit mutuel !

Et concrètement comment ça se passe l’organisation d’une soirée chez Mawimbi ?

A la base, on part toujours d’un concept ou d’un nom en particulier pour le line-up. On essaie de faire en sorte d’inviter des artistes peu connus du public parisien, de profiter de notre image en tant que collectif pour faire découvrir de nouvelles esthétiques sonores. Ensuite, on essaie de trouver un lieu qui pourrait coller à la programmation et à l’esthétique de la soirée … puis après on se lance dans la production classique d’un événement. Les soirées Ganzoü s’inscrivent dans la continuité de cette « marque de fabrique » qu’on a essayé de développer depuis nos débuts : des artistes influencés par les musiques africaines ou en provenance directe du continent africain dont le travail nous apparaît moderne, défricheur et suffisamment mature pour être présenté au public parisien !

Ça vient d’où d’ailleurs ce nom : “GANZOÜ” ?

Notre crew compte deux sudistes acharnées et fiers de l’être, et “envoyer la ganzou”, dans le Sud, c’est “mettre le feu” ! C’est une expression qu’on entend souvent à Marseille et qui a intégré l’argot de la diaspora africaine. On a ensuite choisi d’ajouter les trémas puisque ces soirées sont produites en collaboration avec Grünt. C’est aussi une expression qu’on retrouve dans les paroles d’IAM, ça nous a donc parlé de suite.

Si vous ne deviez retenir qu’une soirée, celle qui vous a le plus marqués, touchés, émerveillés… ?

La soirée de lancement de notre Label dans la cave d’un restaurant super kitsch, le 9 janvier 2015, soit le jour de l’assaut de l’Hyper Casher. L’émotion était palpable lors de la soirée et on a senti les gens “prêts à en découdre” : pas question d’avoir peur, soyons vivants et montrons ­le !

Crédit photo : Alex Valery