Né d’un projet d’école, d’une envie de créer un “média pointu” qui favoriserait “le débat et l’analyse”, à coups de contenus novateurs et d’un focus sur les cultures alternatives, Manifesto XXI est une réponse parfaite à un ras-le-bol généralisé. Ras-le-bol d’une presse publicitaire guidée par les agendas d’agences de comm. Ras-le-bol du copinage, du conformisme. Ras-le-bol chez une génération de jeunes éduquée, face à un manque d’honnêteté, de profondeur et de recul de la part d’une large partie des médias actuels. Ambitieux.
Manifesto XXI, c’est le rêve de six personnalités aux identités bien affirmées : Costanza, Juliette, Éléna, Bérénice, Gaëlle et Apolline. Média avant tout, le magazine s’acoquine avec le collectif Polychrome, table de dissection des stéréotypes, connu pour ses événements aux programmations insolites et pointues, le temps d’une nuit au Trabendo, sous le signe de la sororité : Creepy Sisters. Au line-up, du plaisir : Safia Bahmed-Schwartz, Cienfuegos, Succhiamo, Sentimental Rave, Mila Dietrich et les belles images de Cassie Raptor. À J-4, on découvre Manifesto XXI. Rentre dans “la mafia sicilienne de Costanza”…. Allez.
Manifesto XXI, qui êtes-vous ?
Costanza : Je suis italienne, de Sicile. J’ai 25 ans, je suis rédac chef et fondatrice. Signe particulier : je suis balance ascendant bélier. C’est important.
Juliette : 21 ans, une des plus minus du magazine. Je m’occupe de la rubrique musique. Demander des interviews, des partenariats, faire de la veille, toussa toussa. Mon signe particulier ? J’ai du mal à tenir debout après 22h. #mamie
Éléna : Musicienne, productrice et dj à côté du magazine, je produis essentiellement du contenu pour la rubrique musique. Je m’occupe aussi beaucoup du travail de veille, des réseaux sociaux, et de faire des découvertes et du networking en sacrifiant mon sommeil et mon foie sur l’autel de la culture indé parisienne. Signe particulier : pile duracell longue durée et diplomate invétérée.
Bérénice : Vice-rédac chef de Manifesto, je suis la femme-tampon du magazine, comme la Pologne jadis. Je suis multi-fonctions : écrire, interviewer, gérer des partenariats, les réseaux sociaux, conseiller, planifier, gérer les situations de crise, etc. Parisienne en devenir, je n’ai qu’une hâte : aller accompagner Éléna dans le sacrifice de son sommeil. Signe particulier : peu d’expression faciale mais beaucoup de sentiments.
Gaëlle : Référante pour l’art et récemment le cinéma et jadis la mode. De nature curieuse je me promène entre les rubriques, j’écris en musique, art et cinéma. J’aime échanger et apprendre avec les esprits vifs, exubérants et passionnants du collectif. C’est très inspirant. Ce que je préfère ? Les interviews. Le moment de la rencontre avec un artiste est très excitant : comprendre son univers, le rituel de se rendre dans un café avec ses petites questions, la retranscription. Je fais toujours relire mes interviews aux artistes pour avoir leur avis car pour moi c’est une collaboration. Signe particulier : peu bavarde mais attention au volcan qui dort. Sinon j’anime l’équipe avec des imitations de Fishbach plus ou moins réussies selon les saisons.
Apolline : Avec le cumul de mes points d’ancienneté, je jouis du beau statut de co-fondatrice et je gère surtout la rubrique Société. Mais je suis polyvalente, ou plutôt polyamoureuse avec les autres rubriques. Signe particulier : toujours le jeu de mot de circonstance.
Manifesto XXI, c’est né comment ?
Costanza : Il est né d’un projet scolaire quand nous étions à Sciences Po. On pouvait sécher deux cours et faire un module projet. On a opté pour cette option. Quand j’étais ado, en Italie les médias étaient plus que ravagés : presque vingt ans de Berlusconi avaient tout foutu en l’air, le débat social était au point mort. Sincèrement, on ne savait plus quoi lire. En venant en France j’ai vu à quel point les médias favorisent le progrès culturel et social d’un pays. Alors j’ai développé l’envie de créer un magazine.
“Financièrement c’était une idée de merde mais pour nous, c’était important de défendre cette vision.”
On a voulu créer un média pointu qui favorise le débat et l’analyse, qui offre des contenus nouveaux et s’intéresse aux cultures alternatives. On avait besoin de sortir du cadre académique. On nous en a voulu à Sciences Po, nos copains n’ont pas été tendres, ils trouvaient ça snob. Nous avons été étonnés de voir à quel point les esprits étaient fermés à des phénomènes créatifs émergents et à des thématiques sociales engagées. Nous ne pensions sincèrement pas que tout ceci aurait autant embêté notre entourage, y compris les jeunes étudiants à qui nous nous adressions. Mais il y avait un lectorat qui était tout de même en demande de ça. Alors on y allés quand même. Financièrement c’était une idée de merde mais pour nous, c’était important de défendre cette vision.
Eléna : Je ne fais pas partie des fondateurs mais je l’ai rejoint très vite lors de ses premiers mois à Rennes. J’ai tout de suite été séduite par l’ambition du projet, et par la personnalité inclassable de notre chère mafieuse sicilienne Costanza Spina.
Bérénice : J’ai aussi rejoint le magazine après sa création. À la fois fascinée et apeurée par l’idée de rentrer dans la mafia sicilienne de Costanza, je me suis tout de même jetée à l’eau et ai commencé à écrire dans absolument toutes les rubriques du magazine. Art, mode, société, musique, tout y est passé. Mon excès de zèle a payé, me voilà promue femme-tampon.
Gaëlle : La première fois que j’ai vu Costanza c’était dans l’amphi de Sciences po pour présenter le projet Manifesto il y a quatre ans. J’ai envoyé un mail à cette grande quatrième année qui portait des chapeaux que j’ai, oui, vouvoyée, pour connaître la date de la première réunion. Depuis, le projet a grandi et maintenant on est même colocataires (sans vouvoiement). Manifesto, un quotidien (larme de joie et de peine parfois).
Apolline : Comme Gaëlle, j’ai fait partie des origines. Je me souviens de réunions où on parlait très sérieusement de mode, et d’art, d’un point de vue sociologique et politique et j’étais hyper stimulée. J’ai éprouvé tellement de joie à créer mes premiers articles, et recevoir des feedbacks positifs… C’était vraiment la création d’un espace de réflexion et d’échange qui nous manquait cruellement dans le cadre académique. J’ai eu vite le sentiment d’être à ma place ou en tout cas, d’avoir trouvé un univers qui me correspondait.
Pourquoi ce nom Manifesto XXI ?
Costanza : Je voulais un nom italien. Manifesto c’était le journal communiste des années 1970 en Italie, c’était des années noires mais ce journal, et d’autres, alimentaient des débats idéologiques d’envergure. C’était l’époque des brigades rouges, du boom économique et des radios libres. Il y a un côté collectif dans ce nom, très important car on est un groupe de potes et on fonctionne comme une famille. Je viens d’une famille très nombreuse où on m’a donné le goût de la communauté et du dialogue. Les repas en famille c’est le meilleur outil intellectuel qui soit. Le 21, c’est juste qu’on avait 21 ans quand on a créé le média, c’est le côté skyblog. J’aurais pu mettre Coco92. Les chiffres romains rajoutent un truc italo-disco-intello qui nous définit pas mal je pense.
Vous prônez un ton subversif et impertinent, pourquoi ce choix ? Vous reprochez quoi aux autres médias ?
Costanza : Si tu crées un média indépendant tu le fais pour pouvoir dire les choses d’une certaine façon. Quant au côté subversif, je ne pense pas que nous le soyons. Je pense qu’on aborde avec franchise des sujets qui ne devraient pas être subversifs en France en 2018. Par exemple, on a un public très LGBTQ. Les LGBTQ sont encore vus comme une minorité, donc comme des subversifs, des alternatifs. Mais c’est n’importe quoi, c’est un lectorat énorme, il n’y a rien de subversif à s’y intéresser, c’est normal, c’est pas du tout une espèce de minorité underground ou je ne sais pas quoi. C’est la France de 2018. Je ne veux pas faire le procès des médias, mais je regrette qu’ils aient affronté la crise avec comme unique solution la pub et la perte de leur indépendance. La crise vient aussi des contenus : on a envie de lignes éditoriales fortes et innovantes. C’est aussi pour ça que des médias comme Brain ou Vice sont autant suivis. Se conformer aux réseaux sociaux tout le temps crée beaucoup de platitude.
Eléna : Ce qu’on leur reproche ? Trop de superficialité, de copinage, de conformisme… manque de prise de risque, d’approfondissement des sujets, trop d’emprise des paramètres économiques sur le fond.
Bérénice : Éléna résume assez bien tous les reproches que l’on peut faire aux autres médias. Que cela soit les “vieux” médias qui ne daignent pas approfondir les sujets (surtout quand il s’agit de parler de ceux qui ne leur ressemblent pas) ou les plus jeunes qui se laissent porter par des ambitions d’agence de communication, il n’y a pas vraiment de place pour une information de fond, avec du recul, une vision globale et de l’analyse.
Gaëlle : La profondeur, ça résume très bien le reproche. Un ton subversif et impertinent qui n’est tout de même pas gratuit à mon sens, on essaie, je trouve, d’être le plus profond et honnête possible. L’impertinence sans analyse ni recul, c’est vulgaire.
Apolline : Je ne suis pas spécialement à l’aise avec l’idée d’être “subversif”, je ne me sens pas subversive le matin quand je me lève. On ne cultive pas un décalage exprès. On est extrêmement critiques, toutes, dans nos domaines, et parce qu’on est d’abord très exigeantes envers nous-mêmes je crois. On aime le mot juste, la pique bien sentie et l’impertinence elle découle de ça. Ce qu’on peut reprocher à beaucoup, c’est de ne pas avoir conscience que les métiers de l’écriture sont un privilège, et qu’à mon sens on a une responsabilité quand on a un poids médiatique.
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Juliette : Je plussoie tout ce qu’il vient d’être dit. Les médias aujourd’hui sont trop dans la facilité, les sujets sont traités en surface, en résumé. Certains tendent même plutôt vers l’agence de com ou de marketing avec l’objectif d’être le meilleur dans la course aux likes, c’est désespérant. Ils le justifient en disant que les gens n’ont plus le temps ni l’envie de lire, qu’ils ne s’intéressent plus à autant de choses qu’avant, mais c’est faux. Notre postulat, c’est d’une part d’écrire sur les sujets qui nous plaisent, de partager ce qui nous touche, mais aussi effectivement d’être critique sur tout ça.
Le problème de la presse, actuellement, selon vous, il tient à quoi ?
Costanza : Une confiance perdue entre les médias et les lecteurs, qui en viennent à détester les journalistes. Encore une fois, je comprends l’importance de la pub, mais je pense qu’il est urgent de produire des contenus de qualité qui élèvent le débat. Offrir une pluralité de visions, rendre la qualité plus démocratique. Arrêter de penser que les gens se contentent de 180 caractères. Ce n’est pas de l’idéalisme, c’est juste une voie hyper compliquée à suivre mais qui fait sens.
Eléna : La thune.
Bérénice : Le monopole économique des médias par un petit nombre de gens friqués. Ah bah la thune en fait.
Gaëlle : L’entre-soi.
Apolline : De vieux éléphants sont en train de mourir, mais un media ça met du temps à mourir même si la passion est partie depuis longtemps. C’est ce que décrit très bien Aude Lancelin dans Le monde libre à propos de l’Obs. Il n’y a jamais eu autant de presse et d’information, tous nos questionnements à ce sujet disent qu’on vit un moment charnière de notre histoire, la société entière se transforme. Le problème c’est que : trop peu de combats et de créativité. Et puis aussi, à un moment poussez-vous les vieux, faut du renouvellement. C’est dingue comme le système médiatique célèbre mai 68, mais en 2018 on se coltine toujours les mêmes experts, éditorialistes vus et revus.
Juliette : Ouais, la thune et encore la thune.
Le futur de la presse, du coup, on le voit comment ?
Costanza : Des journaux papiers vont peut-être disparaître, mais le magazine papier n’est pas mort. Il s’agit d’en faire un objet unique à un prix accessible, comme Antidote le fait par exemple. Pour la presse online, je pense qu’Internet peut favoriser l’essor de médias totalement nouveaux et fédérateurs, comme les fanzines l’ont fait à une époque. Mais on devra bien habituer les gens à payer pour accéder à des contenus web, sinon on vivra toujours de pub. C’est un défi vraiment ambitieux. Donc pour résumer : des papiers de plus en plus recherchés et créatifs et des contenus web de plus en plus pluriels. Les réseaux sociaux vont jouer un rôle capital : peut-être que les futurs gros médias seront entièrement basés sur Instagram.
Éléna : Une presse de plus en plus tournée vers le web, l’émergence de nouveaux modèles économiques, basés probablement sur l’association de structures propres à générer de l’argent (agences diverses, activités évènementielles…) à des médias, de façon à ce que les rentrées d’argent ne dépendent pas du média en lui-même. Côté papier, je vois plutôt des numéros spéciaux espacés, qualitatifs, un peu plus chers, ce qui rejoindrait la culture du livre, avec l’idée de s’offrir un bel objet.
Bérénice : Pas nécessairement qu’une presse web selon moi, mais clairement de nouveaux modèles économiques. Je crois au futur de la presse indépendante de fond et de qualité, elle doit seulement trouver sa place économique dans l’équilibre des médias, et surtout ne jamais lâcher face aux vieux papiers et aux jeunes communicants.
“$afia Bahmed Schwartz. Une grande dame, pleine d’assurance, un charisme de malade, un message fort, un flow puissant, un énorme talent”
Apolline : Je suis plutôt optimiste. Tout est à écrire, on a beaucoup d’outils pour imaginer des choses très bien et ces dernières années de bon titres sont apparus et se portent plutôt bien.
Juliette : C’est clair qu’un nouveau modèle économique va se développer. Il y a déjà un truc qui se passe, de plus en plus de structures qui ne sont pas médias à la base, se tournent vers l’éditorialisation, c’est intéressant à voir. Rien que cette interview par exemple ! Ça va être un contenu éditorial alors que Heetch est un service de covoiturage à l’origine, qui a développé le côté média axé sur la nuit et la fête. Donc je pense que de plus en plus de structures seront un peu hybrides comme ça. Et puis il y a aussi les réseaux sociaux qui sont déjà en train de tout transformer et de prendre du pouvoir sur tout ça. C’est déjà le cas avec des médias comme Brut par exemple, qui ont bien compris que la vidéo était le medium le plus mis en avant par les algorithmes Facebook. A nous de prendre le contre-pied des réseaux sociaux et de ne pas les laisser avoir trop de pouvoir. Mais ça n’empêche qu’il y aura toujours de la place pour la presse indépendante, papier ou non. C’est peut-être naïf mais je reste aussi très optimiste là dessus.
Jusqu’à maintenant vous n’avez organisé que des expositions, pourquoi se mettre à ce qu’on pourrait appeler “l’événementiel nocturne” ?
Eléna : En fait on a déjà organisé plusieurs soirées à Rennes, concerts et clubs, et également quelques-unes à Paris, au Panic Room, au Batofar, à L’Olympic Café… mais c’est vrai que là c’est le premier défi évènementiel de cette envergure qu’on se lance. C’est le fait de s’associer à Polychrome qui nous a rassurés et permis d’être plus ambitieux.
Apolline : Parce qu’on aime faire la teuf.
Juliette : Ouais, parce qu’on aime faire la fête, et parce qu’au final Manifesto XXI est un média très proche du monde de la nuit. On relaie énormément d’événements trop cool de collectifs trop cool dans des lieux trop cool, et notre lectorat semble assez fêtard. Donc c’est un peu une façon de renforcer notre proximité avec lui et de faire la fête ensemble.
Pourquoi avoir choisi Polychrome ?
Costanza : Je pense que nos publics se rejoignent. Ce que j’aime bien chez Polychrome c’est qu’ils n’ont pas peur d’être intello, d’être pointus et qu’ils le font de manière décomplexée et sans élitisme.
Eléna : Parce que nos combats, nos idées et nos convictions esthétiques se recoupent, et que le feeling humain est très bon également entre les deux teams.
Votre identité visuelle, elle vient d’où ?
Costanza : Nous avons travaillé avec notre nouvelle DA, Juliette Jouis de Maupeou. Nous voulions une police plus moderne que l’ancienne. On a opté pour une première lettre en italique pour faire échos au magazine Avant-Garde, qui utilisait ce genre de polices irrégulières. Le point c’est un élément d’orthographe assez radical, pour nous ça symbolise une marque de qualité. Genre “produit d’origine contrôlée”. Le fanzine que nous présentons à la Creepy Sisters est notre deuxième et il explore le thème de la lutte. Pour la couverture, nous avons eu l’honneur de bénéficier des photographies de Bettina Rheims, qui nous a cédé ses droits à titre gracieux. Cette image symbolise la lutte sous toutes ses formes : elle est radicale et contestée, elle questionne la violence du combat mais aussi la beauté de l’engagement. Elle accompagne une interview de la photographe par notre contributeur Matthieu Maurer.
Un des artistes du line-up de Creepy Sisters à ne pas rater ?
Costanza : Les deux derniers à qui nous nous sommes intéressés, ceux qui ont eu pour l’instant le moins de presse et qu’on a pris énormément de plaisir à découvrir : Succhiamo et Cienfuegos.
Juliette : $afia Bahmed Schwartz. Une grande dame, pleine d’assurance, un charisme de malade, un message fort, un flow puissant, un énorme talent, une pure douceur, une gentillesse infinie, un soutien précieux pour Manifesto.
Éléna : Pour le côté atypique et live, $afia Bahmed Schwartz aussi, parce que c’est quelqu’un qui incarne plein de choses qui transcendent sa démarche musicale. C’est un véritable personnage, une artiste pluridisciplinaire, engagée, qui mêle les codes et les genres, porteuse d’une innovation et d’une intuition de l’air du temps absolument incroyables. Côté mix, Mila Dietrich et Sentimental Rave ont des univers très forts aussi, tant sur les réseaux que dans leurs productions et dj sets, je leur fais totalement confiance pour achever la soirée dans une grande rave bouillonnante. Hâte de découvrir les autres artistes que je connais moins et sont venus de propositions Polychrome également !
Creepy Sisters, ça vient d’où d’ailleurs ?
Costanza : De l’idée de sororité. Un espace safe, incluant et créatif. On parle beaucoup des sorcières comme d’icônes féministes dernièrement, on s’est inspirées de cela aussi. Notre programmation est presque exclusivement féminine. Et puis l’ésotérisme nous parlait beaucoup. Creepy c’est parce que c’est une soirée queer, donc on s’est approprié ce mot pour le dédramatiser. Ce nom évoque aussi le collectif. Travailler en collectif au quotidien c’est comme une coloc géante, une famille. On est loin d’être pareilles, c’est compliqué des fois, il y a des caractères et des goûts très marqués chez Manifesto. Mais on a réussi à mettre le but collectif avant nos ego, et c’est sans doute notre plus belle réussite.
“Sinon à côté de l’underground j’ai une grande passion pour le retrokitsch jacky tuning camping et Céline Dion”
Apolline : Ça m’évoque la famille Adams. On est un peu une famille Adams de Paris 2018.
Juliette : Grave, un truc un peu sectaire même. Moi ça m’évoque les meufs de Charmed. C’était trop bien ce truc.
Des projets, à côté ?
Costanza : Je suis journaliste, je travaille chez Fubiz et je commence à écrire quelques articles pour Brain. J’ai un chat et dernièrement il y a des bébé pigeons sur mon balcon donc je fais de l’observation de poussins. Les animaux m’attendrissent.
Juliette : Un peu trop, ce qui me fait m’éparpiller un peu parfois… Je suis en stage de fin d’études chez Deezer depuis peu, et en plus de Manifesto je fais partie de Capsule, un petit festival breton (le ter-ter), et avec deux copains on est en train de monter une nouvelle association (sur la musique toujours). Mais en ce moment je passe surtout 75% de mon temps à actualiser les annonces d’appart sur Leboncoin donc si quelqu’un a un plan à Paris, pensez à moi je vous en supplie.
Éléna : Un peu trop comme Juliette aussi… Avec mon projet personnel The Unlikely Boy je fais de la composition, du live, du dj set, je produis aussi pour d’autres gens et pour d’autres domaines. Je suis très attachée au monde de l’image et de la mode également, donc j’essaie de mener diverses collaborations en ce sens. Sinon à côté de l’underground j’ai une grande passion pour le retrokitsch jacky tuning camping et Céline Dion.
Bérénice : On est toutes un peu hyperactives… En plus de mon travail chez Manifesto, je fais partie du collectif d’artistes bordelais We Are Vicious, où j’ai eu l’idée brillante de me transformer aussi en couteau suisse. Je m’occupe avec eux d’organiser leurs tournées, les concerts du collectif à Bordeaux, la comm, la promo… J’y rencontre tout un tas de gens très intéressants, et je participe au max à la vie culturelle alternative de Bordeaux !
Gaëlle : Je suis en stage de fin d’études chez Memento Films et je me suis lancée dans un projet d’étude pour Unifrance. Ajoutés à Manifesto, tous ces projets sont passionnants, ça donne envie de se lever le matin.
Apolline : Je suis pigiste pour différents médias, et l’heureuse nouvelle chargée de com de Ground Control. J’essaie de finir les cinq livres que j’ai commencés en même temps