Les 5 teufs à ne (surtout) pas rater en novembre 2018 à Paris – T’en as pas marre, un peu, de râler et de ne jamais être content.e ? T’en as pas marre de vouloir faire la loi, de ce qui est bien, de ce qui est mal, la police du bon et du mauvais goût ? T’en as pas marre, un peu, de la ramener tout le temps ? De donner ton avis, sur tout et surtout sur rien ? T’en as pas assez de toujours devoir jouer le rôle de celui qui sait, alors que tu sais rien ? Ni si tu meurs vraiment quand tu meurs. Ni si t’es pas déjà un petit peu mort à l’intérieur ? Tu sais rien. T’as rien inventé. Ni le fil à couper la C, ni la feuille à rouler le ter. T’as juste la descente amère. T’es rien ni personne. Mais t’es tout pour nous. Parce que quand tu danses, même si tu souris pas ou peu, quand tu danses, on a l’coeur qui bondit. Bon Dieu.
1 – samedi 10 novembre – Gouter De Nuit ≜ 1Year. Abakadabra Party (secret place)
- Boom boom du coeur : Se rendre à une fête Gouter de Nuit, c’est comme rentrer chez soi et avoir l’assurance que les copains y sont, qu’ils ont préparé l’apéro, les cocktails, les muffins de la joie, les réjouissances, les enceintes sont branchées, le chat est couché, et mamie rangée tranquillement dans l’placard. C’est la famille, la douceur et le sucre coloré de la nuit, même quand elle dure jusqu’à midi.
- Boom boom de raison : Gouter de Nuit et leur crew sur-dimensionné, à raison, a mis un an, une petite année, pour peaufiner son identité, son apparence, ses envies et les communiquer. Cet anniversaire s’annonce comme un rayon de soleil en plein hiver.
- Boom boom de zik : Que de choix ! Mais s’il faut choisir, notre coeur se penchera avec dévotion sur les créations d’Alejandro Molinari, dont nous vous faisions découvrir la mixtape spécialement concoctée pour nous, « A remake of Close Encounters of the Third Kind« , il y a quelques jours.
Tu es… Jean-Paul. Tu aimes les befores. Tu aimes les fêtes. Tu aimes les afters. T’es le mec que personne n’a jamais réussi à coucher. T’es le mec à qui les copains ne lancent même plus « ha, tu vas au Peripate c’est ça ? » parce qu’ils le savent déjà. T’es le mec qui dit qu’il rentre, mais qui rentre jamais. T’as découvert ce crew, Gouter de Nuit, lors de leur édition Gouter De Nuit [ De Jour ] #04, le 10 juin dernier et t’avais phasé devant les sets de Demian (que tu adores depuis des années) et le jeune vénézuélien Alejandro Molinari. Tu te souviens de ce que tu t’étais dit quand tu l’avais vu pour la première fois. « Ce mec a la classe d’un dandy, mais en plus cool, en plus futuriste ». Tu te souviens aussi d’avoir phasé devant la bienveillance des gens et la folie de l’ambiance, en général, un dimanche à 16h alors que pas mal sortaient d’after, totalement déchirés. Tu t’y es senti bien, même seul. Accompagné dans ta quête de sensation. Le bel et doux enfer. Quasiment six mois plus tard, tu es là pour les un an, évidemment, ça tombe sous le sens.
Potentiel de chope : 90 %
Big up : À l’espagnol Javi Redondo, de l’écurie Correspondant, également sur le line-up, et à son track Fictional Frienship !
Les bails : de 22 h à 12 h, 13 euros !
2 – vendredi 16 novembre – Jasss / Nkisi / Bonaventure – Soirée Shape (Gaîté Lyrique)
- Boom boom du coeur : Juste un mot, « Game Boy Is Over ». Hourra. Merci la Biennale Némo et merci Shape !
- Boom boom de raison : Expliquons. Depuis trois ans, la plateforme basé à Prague, Shape, s’efforce de mettre en avant et soutenir les artistes européens innovants et inspirants dans leur interdisciplinarité liée au son. À travers la Biénale Némo, aka Biénale Internationale des Arts Numériques, qui s’est tenue d’octobre 2017 à mars 2018, et qui sur six mois et plus de 130 événements sur Paris, a tenté d’explorer les thèmes de « décloisonnement artistique », « d’hybridation des disciplines », « d’esthétiques et ingénieries émergentes », de « rapports entre arts et sciences » et de « nouvelles questions sociétales qui adviennent en cette époque technologique et ultra-connectée », une volonté est née, celle de mettre en avant la femme productrice. Game Boy Is Over. On ne le répétera jamais assez.
- Boom boom de zik : Jasss, évidemment, aka Silvia Jiménez Alvarez ou l’espagnole qui avait réussi à allier la dance music à la noise, à quelques détails près. Il y a dans sa musique, la mélancolie d’une course un peu folle et risquée, l’obscurité d’un coeur un peu moisi qu’on ne sent presque plus, la déviance presque esthétique de l’indus, la quête ultime de sensation, l’expérience du noir. Ouh la la.
Tu es… Sandra. T’as jamais, mais JAMAIS admis que tu t’appelais Sandra. Alors dans le milieu, on t’interpelle, on connaît ton visage sans trop savoir ce que tu fais là, on te hèle, mais on t’appelle rarement. Seuls les proches s’y frottent. D’un seul Sand’, Sand’ c’est bien. Balo pour une meuf qui se tape tous les concerts un peu indé de la capitale, qu’on connaisse jamais trop ton prénom. T’es là, toujours là, accoudée au bar, à attendre que la foule s’immisce dans la salle, de la Maroquinerie à la Boule Noire, en passant par le Trianon, la Cigale, et les plus petites salles. Les petites salles, tes préférées, parce qu’il y a là une intimité, qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Jamais on te croisera à Bercy ou au Stade de France. Ou-é, toi tu dis encore « Bercy ». Acab. T’attends que la foule pénètre le lieu, puis tu t’y glisses, en silence, tu te postes là où rien ne dérangera le moment, le terrible et délicieux instant de live. Quand t’as vu la prog de la soirée SHAPE, trois meufs sur un line-up de concert dans une salle aussi grandiose que celle de la Gaîté Lyrique, t’as pris tes billets DIRECT (et t’as passé un coup de fil à ta pote féministe Marcelle, qui en fait s’appelle Marie-Claude). Nkisi. Jasss. Tu connais pas la troisième artiste, Bonaventure, et t’as bien l’intention, de rien écouter avant. Parce que toi t’es une vraie de vraie, t’aimes découvrir la chaleur et la sueur du live, en direct, les machines qui vrombissent, les regards qui pénètrent, le ventre qui gigote, la poitrine qui se soulève de trop d’émotion et les lumières qui flottent. Le. Kiff. Ultime.
Potentiel de chope : 75 % de chance de choper un bon rhume au fumoir, 90 % de chance de passer une belle soirée, puis on donnera un petit 20 % de chance de croiser la bonne personne au bon moment. On est pas là pour ça, mais sait-on jamais.
Big up : À la Gaîté Lyrique, pour sa persistance à nous étonner, à nous faire des cadeaux et à nous emmener loin, là-bas, en avant.
Les bails : de 19 h 30 à 23 h 30 et c’est entre 11 et 15 euros
Jasss / Nkisi / Bonaventure – Soirée Shape
3 – samedi 17 novembre – FLASH COCOTTE (NF-34)
- Boom boom du coeur : Parce que la Flash Cocotte, familièrement et plus communément appelée « Flash » par les habitués, et cela depuis les débuts, en 2011, à… La Java. Et oui ! L’histoire d’amour entre la communauté LGBTQI+ parisienne et la famille de la Flash ne s’est jamais vraiment arrêtée, de l’Espace Pierre Cardin au Cabaret Sauvage, en passant par le Concorde Atlantique ou le Salò, jusqu’à cette date spéciale au NF-34 anciennement Nuits Fauves, qui vous propose un format extra large (la soirée se termine à 7 h 45, ouh la la).
- Boom boom de raison : Nouvelle déco, nouveau nom, les Nuits Fauves ont refait peau neuve, et avec un invité aussi déviant et délirant qu’un résident de la soirée la plus déviante et délirante d’Europe, la dite Pornceptual, on ne pouvait dire que « Banco » !
- Boom boom de zik : Le dj résident, donc, de la berlinoise, coquine et enragée Pornceptual, Projekt Gestalten. De son véritable nom Diego Garcia, Projekt Gestalten produit ce qu’on pourrait appeler de la « queer techno-rave », mettant un point d’honneur à insérer dans ses productions et diverses sorties, une réflexion sur la question de genre et d’identité.
Tu es… Hendrick, 24 ans. T’as connu les premières Flash Cocotte, à la Java. Puis t’as vu l’arrivée des Trou au Biches un peu plus tard, comme un petit frère un peu plus marginal et sexy. À l’époque, c’était Sarah. Et les années ont passé, sur pleins de sujets, on a avancé, même si pas partout, et petit à petit, soutenu, écouté, et entendu, t’as donné naissance à Hendrick. Fin du sujet. Tu te souviens pas de tout, mais de quelques dates et de couleurs particulières. Du 5 février 2011 à La Java, de Jacqueline qui dansait avec de grands gestes désarticulés, tout de sky vêtue, et de l’éclat. Le bel éclat. Puis du 4 juin qui suivait, de la chaleur, de ta chemise qui t’étouffait, et d’un coup tu te découvrais. La révélation. La belle révélation. Puis les before de la Flash aussi. Ces befores où tu ne connaissais souvent que deux ou trois personnes, et dont tu repartais, la plupart du temps, accompagné d’une nouvelle smala. Nouvelle famille, pour identité qui se forgeait. Le toi, qui se re-découvrait. Depuis, t’en as fait quelques unes, mais t’as vieilli, t’a beaucoup voyagé, t’as quitté Paris pour un temps, aussi, parce que c’était nécessaire. T’es de retour, back comme la frappe, et pour célébrer ça, tu t’es dit qu’une Flash était de rigueur. Belle occasion de retrouver la famille, ce qu’il en reste, le nécessaire quoi !
Potentiel de chope : 97 %
Big up : À tous ceux qui vont pousser la nudité à son paroxysme, en l’honneur de Projekt Gestalten. À tous ceux que ça dérange, restez donc chez vous et branchez Catho TV.
Les bails : de 23 h 45 à 7 h 45 , 12 euros en prévente.
4 – samedi 24 novembre – Wet For Me – Trouble edition (La Machine du Moulin Rouge)
- Boom boom du coeur : Ha la Wet For Me de novembre, notre préférée ! La plus glacée, la plus douce-amère, la plus sensuelle, celle qui fait tourner le sang, ralentir les battements du coeur et frissonner la peau. La chair de poule, la Wet For Me de novembre, celle des premiers froids, fiche toujours la chair de poule. Même celles de leurs charmantes organisatrices Barbi(e)turix.
- Boom boom de raison : La Wet For Me de novembre c’est aussi et surtout, celle qui marque le retour à la maison, au QG de La Machine du Moulin Rouge après deux éditions au Cabaret Sauvage. Blanche, à 1 h du matin. On y reprend doucement ses repères, on y retrouve les mêmes visages, aux mêmes coins de salle, à la même rambarde, on y retrouve sa chaise de bar préférée, son recoin sombre de baiser noir adoré, son spot pour danser… Le retour à la maison, c’est un truc à ne jamais manquer. Y’a que chez soi qu’on se sent vraiment bien ! Même dans le club. Surtout dans le club !
- Boom boom de zik : Ce sera Moderna pour nous. La sulfureuse et glaciale Moderna. L’américaine qui vit à Berlin est connue pour sa dark techno, lancinante et un peu acide, qui semble annoncer la fin du monde, depuis un bpm quasiment chronophage. Gros kiff pour groover sur de la techno claire et précise.
Tu es… Valentine, 22 ans. Outée depuis Pâques où, d’un coup, la belle idée de présenter ta copine à ta mère, t’est venue, comme ça, sans prévenir. Ta mère qui pensait encore que tu flirtais en secret avec Thomas, nickame Tom-Tom la Frappe, ton copain pd. Si elle savait pourquoi on le surnommait ainsi… La pauvre. Alors Marguerite a rien dit d’abord. Puis elle a fait mine de pas comprendre en servant son plat de résistant ; elle a pointé son regard sur l’assiette vide de Blanca, la fameuse copine, hésitant sans doute entre l’envie de la mettre dehors et la possibilité de continuer à servir tout le monde. Du cassoulet, c’était dimanche midi cassoulet sous la véranda déjà chaude de printemps. Logique. Marguerite s’est assise et s’est mise à pleurer en marmonnant un truc genre « Je le savais », comme une boucle désordonnée. Typique. Puis Roger s’est levé de sa chaise et l’a enlacé tendrement. T’as cru entendre un « Allez, c’est pas si grave ma puce ». Il s’est tourné vers toi d’un sourire, a lancé un clin d’oeil chelou à Blanca. Et d’un coup d’un, t’as littéralement béni papa. Erwan, le petit frère, a lâché un « ENFIN », suivi d’un « Bon on mange ? Ça va refroidir ». Depuis, t’as découvert l’une, si ce l’est la soirée lesbienne et féministe la plus qualit’ de France et ta vie a changé. Blanca est partie faire son Erasmus à Rome. Entre temps t »as rencontré Mila, la serbe. Échange de bon procédé. Ton p’tit coeur a flanché. Un soir de gay pride, dans l’miroir du Cabaret Sauvage tu t’es r’gardée, trois fois rien, mais pour une fois pour de vrai. Et ça, tous tes potes le savaient, c’était pas gagné.
Potentiel de chope : 93 %
Big up : Au collectif SHML Trouble qui vient investir la Chaufferie pour une carte blanche spéciale !
Les bails : de 23 h à 6 h du matin, entre 12 et 16 euros
5 – vendredi 30 novembre – Anticlub #2 (La Station-Gare des Mines)
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- Boom boom du coeur : Le coeur nous dit, très clairement, qu’il est impossible de passer un mois sans Station-Gare des Mines. On vous l’expliquait le mois passé. La Station, c’est le coeur, c’est le foyer, la famille, ce qui réchauffe et fait, à la fois réfléchir et kiffer.
- Boom boom de raison : Impossible, donc, de passer à côté de leur nouveau format de soirée à contre-courant des tendances et de la facilité techno-autoroute. L’Anticlub, c’est le culot de proposer du live en pleine nuit, celui de mélanger les genres et celui du « désir de passer des nuits différentes ». À chaque édition, une carte blanche à un label. Celle de vendredi 2 novembre dernier réunissait les artistes choisis de Teenage Menopause. Pour l’édition du 30 novembre, ce sont les parisiens de Third Coming Records et les berlinois de [aufnahme + wiedergabe] aux manettes. Du lourd, du très très lourd.
- Boom boom de zik : La cold de Poison Point, dont ce sera la release party pour Third Coming Records.
Puis Philipp Strobel, le papa de [aufnahme + wiedergabe] pour ses sets entre wave assourdissante, EBM coup de poin et techno-noise ultra excitante.
Tu es… Simon. Né à Hawaï de parents qui voyageaient trop. Après trois années passées à Berlin pour des raisons que t’as cachées à toute la famille, à te perdre et te trouver sans interruption, t’es rentré à Paris cet été. La mort dans l’âme. Le coeur brisé. Mais la tête bien faite, et la peau bien tendue. T’as tout fait là-bas. On en dit beaucoup de mal, à Paris, de Berlin, comme quoi c’est fini, qu’il s’y passe plus grand chose, que « pas forcément besoin d’y aller » pour fêter, et t’en passes et des meilleures. Mais Berlin, tu t’en fous de ce qu’on en dit, mais tu t’y sentais bien. Comme dans une bulle, tranquille, dans ton bain. À faire ton truc de ton côté, ta petite vie, tes découvertes, tes jeux de lumière avec les limites, ton exploration particulière, à toi, et rien qu’à toi, à découvrir qui t’habite. Simon, t’as 28 ans maintenant. Tu cherches un taff, et t’as l’intention de te poser, juste quelques années. Pourquoi pas trouver la femme de ta vie, faire des gosses, acheter une maison en banlieue, un break, emmener les gosses au foot. Mais le break sera rose, les gosses seront des filles, la maison sera absurde et incroyablement chaleureuse, et ta femme… Ta femme on verra. Peut-être que t’auras une femme, et un époux. Peut-être qu’ici aussi, d’ici peu, le mariage à trois sera possible. T’en rêves. Mais en attendant, tu traînes à la Station, parce qu’il n’y a que là, que vraiment, tu te sens à la fois à Berlin, et chez toi. Aloha.
Potentiel de chope : 87 %
Big up : Au délice dépressif Lunacy. On a besoin de ce genre de musique pour faire mieux tourner la planète. Merci.
Les bails : de 22 h à 6 h du matin les deux soirs, 10 euros en prevente.