Pour sa troisième édition, le festival Magnétique Nord, organisé par Collectif MU, revient plus fort que jamais du 16 au 18 décembre. Trois jours de concerts, dj sets, performances en tous genres et même un marché de Noël ! Trois lieux : la Colonie (10e), Garage MU (18e) et la Marbrerie (Montreuil). Avec un mot d’ordre (enfin plusieurs) : innovation, avant-gardisme et magnétisme culturel. On s’attendrait à de la cold qui sortirait d’un peu partout, mais le son sera chaud, mélancolique, vivifiant et nous emportera dans des vallées aux champs glacés, mais toujours toujours toujours, bercés d’un soleil d’or.
On aurait pu, évidemment, vous parler de Marie Davidson, de la sortie du nouvel album de Julien Gasc, on aurait pu tous les aborder, les écrire, ces grands artistes, connus ou moins connus, qui fouleront la scène du Magnétique Nord #3 ce weekend. On aurait pu vous parler des belles idées du collectif queer Polychrome. De la fabuleuse perf à venir d’Ylva Falk, qu’on avait pas vue sur la capitale depuis longtemps. Mais sur Heeboo on a pour habitude de planter nos petits flèches dans seulement quelques coeurs, histoire de faire tout plein de jaloux mais d’aimer vraiment avec fureur. On a flashé, littéralement, pour cette édition, sur trois d’entre eux : Lenparrot et son timbre hallucinant, Society of Silence et leurs virées expérimentales de maîtres, Hyenaz et leur hybridité artistique et enfin Mont Analogue, pour l’achat d’exctas que leur son, vous évitera.
VENDREDI 16 / minimal dream pop / live / à partir de 19 h à Garage MU (10/13 euros)
Lenparrot, nom de scène joliment inspiré du premier album (talentissime) de Baxter Dury, c’est Romain Lallement, pas allemand pour un sou mais nantais et moitié du groupe Rhum for Pauline. Niveau style, on dira qu’il y a eu Anthony And The Johnsons. Il y a eu Beach House. Wild Beast. Perfume Genius. Et bien d’autres. Puis il y a et il y aura Lenparrot, rien que ça. Ces individualités aux voix reconnaissables entre mille, qui foutent les choquotes en trois secondes et posent leur âme sur la table, comme ça, sans demander leur reste, en ouvrant juste la bouche, elles sont rares et leurs tracks se conservent en tête bien au chaud, comme des bijoux que l’on se calerait près du cœur. On a hâte de l’avoir en face, ce timbre et cette belle figure asticotée.
SAMEDI 17 w/Polychrome / techno expérimentale / à partir de 17h à la Colonie (6 euros)
Society of Silence on les connaît pour leurs lives incroyables et leurs inspis un chouilla psychés. Mais autant dire tout de suite que le silence, Tite et Fareed, aka Nicolas et Benoît, en vrai, ils ne connaissent pas. Society Of Silence, c’est une expérience de la machine, du toucher, du matériel à disposition, comme s’ils étaient nés pour nous composer de la techno avec des verres et des fourchettes, leur musique se profile toute en surprises, rebonds, lubies du moment. Entre ambiance bruitiste, techno indus, EBM et clin d’oeil nu-disco, les deux parisiens balancent, nous baladent, et on adore ça !
SAMEDI 17 w/Polychrome / elektro-clash punk à groove minimal (si si) / à partir de 17h (6 euros)
Entre rétro-futurisme, électronica loufoque et performance ritualiste païenne il y aura sans aucun doute de quoi faire avec le duo berlinois de HYENAZ. Entre Mad Kate (que tu as peut-être déjà croisée au détour d’une scène, pour ses participations aux projets Bonaparte et Kamikaze Queens) et TUSK, les deux sirènes androgynes, l’osmose est divine, délicieusement absurde et quasi iréelle. Musique fantomatique pour oreille curieuse, mélomane en manque de folie visuelle, HYENAZ est fait pour toi.
DIMANCHE 18 / techno zen et rave cavernale / à partir de 15 h à La Marbrerie (5/10/12 euros)
Non, Mont Analogue n’est pas (seulement) un trip cosmique et psyché à vivre sous excta (quoique). Mont Analogue c’est une montagne à gravir le coeur bien accroché, une merveille à appréhender prudemment, à regarder briller avant convoitise, à ressentir les poumons bien chargés d’air, avant d’en croiser le regard. Mon Analogue c’est deux français : Alexander et Ben, qui, derrière leurs masque du nô japonais allient inquiétantes nappes d’électro post-punk à harmoniques de techno japonaise à la fois zénifiante et, on se le cachera pas, légèrement anxiogènes mais le tout, ce contraste étrange, pour notre plaisir d’oreille, notre amour des nouvelles gammes de noise et nos envie d’évasion.
photo cover © Julien Gawor