Les Nuits Sauvages

Borusiade : « Le fait d’être une artiste queer au sein d’un milieu encore dominé par le mâle cis, est une forme de militantisme » – Heeboo

Borusiade : « Le fait d’être une artiste queer au sein d’un milieu encore dominé par le mâle cis, est une forme de militantisme »

Interview Nuit - Février 28, 2019

Il aura fallu des années à la roumaine Borusiade, pour accéder à la dure plateforme de nos coeurs dansants. Des années, et du chemin, de Bucarest jusqu’à Berlin, pour leader plus que pénétrer, une mouvance encore fraîche et par dessus tout… culottée, incongrue, effrontée et sans complexe, de meufs qui, depuis leur bulle sombre et lancinante, osent. Osent ralentir le bpm, osent assumer l’obscurité, osent assumer la bizarrerie délicieuse de leur univers. Programmer Borusiade, pour le collectif Chosen Family, était donc une évidence !

[english below]

Au regard des Lokier, Morgan Hammer, JASSS, Lena Willikens ou encore Avalon Emerson ou Helena Hauff dans la catégorie des beats qui s’enjaillent, Borusiade s’inscrit dans un paysage fort, puissant, à couvert des quolibets qui,si elles ne s’étaient appelées Ellen Allien, Jennifer Cardini ou Paula Temple dans les années 2000, auraient pu les atteindre. Contre les senteurs vanilles, les dj-ettes de couverture de magazine, les fleurs à la places des breaks, les parfums d’eau douce à la place des drops. Borusiade aka Miruna Boruzescu, c’est un univers enfumé, chargé, et indéchiffrable, ancré entre la dureté de ses premières inspirations rock et son amour  tardif de la scène électronique.


Alors voir le nom de Borusiade sur un line-up de la Station-Gare des Mines, était clairement une révélation plus qu’une évidence. « Bah oui ! ». Parce que naviguer à travers les prods et sets de Borusiade, c’est comme une Station de 4 h du mat’. Ça fait mal là où on aime se faire du bien, ça glisse, ça suinte, on y voir pas grand chose, ça saute et ça s’excite, ça se caresse et ça se frotte, ça se prend bien franchement par devant, et ça s’entortille, bien franchement pas derrière.

Demain, vendredi 1er mars, il sera donc 4 h à la Station, et le set de Borusiade touchera à sa fin à la Chosen Family ; ce sera bientôt au tour de Young Acid dans la grande salle. Tu penseras peut-être à ces quelques mots posés ici la veille.

Borusiade, tu es considérée comme l’une des artistes roumaines les plus prometteurs et intéressantes du moment, tu en penses quoi ?

Merci ! Néanmoins, ça ne me fait pas me sentir particulièrement différente – je suis plutôt agréablement surprise de voir que les gens apprécient ce que je fais, même si c’est très très personnel.

Tu aurais des noms d’artistes émergents de la scène roumaine à nous donner ?

Oui bien sûr, mais tu dois déjà en connaître certains : mes amis d’école à Bucarest, Khidja, Cosmin TRG, un ami et un producteur incroyable (pas seulement de techno d’ailleurs, même s’il est très connu pour ça), puis il y a les mecs du label Future Nuggets, le collectif de filles non-binaires Corp – ce sont des djs qui ont commencé à faire un peu bouger les choses… Voilà, juste pour en nommer quelques uns !
« Sortir est une étape naturelle dans le processus de socialisation d’un.e jeune adulte »

Borusiade, ça vient d’où ?

En fait mon nom de famille est  Boruzescu et depuis l’école, on m’a appelée de tout un tas de manières différentes liées à ce nom, comme Boru, Borusiade… Quand j’ai commencé à jouer, il y a 15 ans, j’ai commencé à utiliser ces différents noms, puis quand j’ai sorti mes premières prods, je n’ai pas réfléchi très longtemps, Borusiade était assez évident ! Je n’aurais pu être quelqu’un d’autre que Borusiade !

Tu te souviens de tes toutes premières teufs en Roumanie ?

Je ne me souviens pas exactement de la première mais je pense que ça correspond à l’époque où j’ai commencé à sortir au Web Club, à Bucarest, cette vieille baraque qui avait été transformée en club, c’est un peu là que la nouvelle scène est née à Bucarest…

C’est quoi qui t’a marquée à l’époque ?

Je me souviens tout particulièrement du sentiment que j’avais quand je sortais là-bas, les weekends, et cette excitation face à ce monde un peu fermé, secret, où les gens étaient connectés via leur amour de la musique. C’était un endroit très cool aussi, il y avait un jardin et l’été ça se transformait en terrasse. C’est là que j’ai rencontré tous ces gens qui font encore partie de mon quotidien aujourd’hui, personnellement comme professionnellement. Après, peut-être que l’image que j’en ai est un peu romancée, mais une chose est sûre, c’est qu’un chapitre important de ma vie s’y est écrit.

Pourquoi tu sortais, à l’époque ?

Je pense que c’était un mélange entre… énergie, curiosité et hormones. Je crois que sortir est une étape naturelle dans le processus de socialisation d’un.e jeune adulte. Tu sais, en dehors du système éducatif, un endroit où tu peux te sentir libre, apprendre à te connaître et à être toi-même, rencontrer de nouvelles personnes qui ont les mêmes centres d’intérêt. Musicalement aussi, c’était très important pour moi, de rencontrer des gens avec qui je me retrouvais sur la musique et de découvrir  quelle musique les habitait.

Qu’est ce qui, à l’époque, aurait pu tout gâcher ?

Oh je vais te faire la réponse classique : les drogues. Ha et tout aussi classique : le harcèlement sexuel.

Tu écoutais quoi comme musique à l’époque ?

Je viens d’un univers musical qui n’a rien à voir avec la musique électronique. J’ai grandi avec du rock alternatif, de la musique indie, folk, beaucoup de voix, d’histoires racontées, de paroles. Le truc le plus proche de l’électro que j’ai pu écouter jusqu’à mes 18 ans, ça doit être… le kraut rock et la musique psyché.
Puis est venu le temps du revival des années 1980, au début des années 2000, ce moment où tous les trucs comme Kraftwerk, Fad Gadget, Gary Numan ont été remis au goût du jour et de nouvelles musiques inspirées par cette époque sont nées, des trucs comme Ladytron, Fisherspooner, Chicks On Speed, Le Tigre, etc. Tout ça m’a marquée au fer et c’est là que mon histoire d’amour avec la musique électronique est née. Je me suis mise à digger digger digger des sons, et j’ai appris à aimer toutes les facettes de cette musique.

Tu penses avoir changé ta manière d’écouter de la musique depuis que tu en fais ?

Non, je ne pense pas. Pas vraiment. Je crois qu’une écoute authentique doit s’en tenir à la première impression qu’on a en écoutant un morceau. Après, j’écoute beaucoup plus de choses qu’avant parce que je reçois beaucoup de promo et que je passe beaucoup de temps à chercher de la musique pour mes sets. Je fonctionne vraiment à l’instant, et pareil pour la musique que j’écoute ; en général, ça doit avoir un impact sur moi, me toucher et quand je trouve un morceau, je l’écoute en boucle, toute la journée, pendant plusieurs jours…

Quand est-ce que t’as décidé dé bouger à Berlin ?

Après mes études à Bucarest, j’ai décidé de tenter ma chance là-bas. Pendant mes études de cinéma à la Film-School, j’avais été invitée à la Berlinale Talent Campus et j’étais tombée amoureuse de cette ville. On peut dire que les premières années ont été difficiles et synonymes d’échec, j’étais en couple et la personne avec qui j’étais voulait absolument rester à Berlin aussi. Ce qui m’a beaucoup aidée. Mais je dirais que ça m’a pris du temps, pour m’installer réellement, et pas juste me laisser porter par le vent et les mirages que cette ville peut représenter pour certains. Ce qui était pas mal est que j’avais étudié l’allemand, depuis toute petite, et que j’avais déjà une bonne connaissance de la culture allemande. C’était un plus, mais pas vraiment quelque chose d’indispensable.

Tu te rappelles de ton tout premier set ?

Oui ! Et je me souviens de l’adrénaline que j’ai ressentie ; surtout que c’était une soirée au Web Club et je n’étais pas prévue au line-up ; je suis juste allée voir l’un des résidents que je connaissais et je lui ai dit que j’adorerais jouer là-bas ; il m’a invitée à jouer. Super cool ce mec. Je n’y connaissais rien, niveau technique, on m’avait expliqué vite fait juste avant le set, comment les platines marchaient, la table de mixage, et c’était parti ! De ce que je me souviens, c’était incroyable, ma toute première fois quoi.

Qu’est ce qui a changé chez toi depuis ce soir là ?

J’imagine que j’ai pris confiance en moi. Aujourd’hui, je sais ce que je fais, même si parfois je regrette un peu l’innocence que j’avais à l’époque. Je pense que c’est un peu comme devenir adulte : plus le temps passe, plus tu sais ce que tu veux, ce que tu ne veux pas, ce qui résonne en toi, et ce qui pour toi tu n’as aucun intérêt, en dépit de la mode et des tendances.

C’est quoi qui te rend heureuse quand tu joues ?

J’aime sentir les retours du public, ce qui ne signifie pas forcément de gros câlins ou sifflements mais juste sentir qu’ils surfent sur la même vague que moi.

C’est quoi tes rituels ?

Je choisis mes tracks, et selon l’horaire de mon set, je fais une sieste.

Et tu te sens comment à ce moment là ?

Tout dépend du club, mais je suis toujours pas mal excitée, qu’importe le nombre de fois où j’ai joué là-bas. Chaque nuit est différente, unique, et pour être honnête, plus je connais les gens à qui je m’adresse, plus je suis anxieuse avant un set. Mais c’est aussi ça auquel on devient addict, à ce bon stress là, sinon on ne continuerais pas avec autant de passion (sourire).

Et une fois que c’est fini ?

L’énergie et l’échange avec la foule, pendant le set, c’est incroyable. Ensuite, vient l’excitation d’avoir terminé justement, mais après le set, vu que je ne suis pas très douée pour sociabiliser, la plupart du temps, je disparais et je rentre à l’hôtel.

Du coup, tu ne sors plus trop ?

Pas vraiment. Je suis beaucoup sortie, dans mes jeunes années, et aujourd’hui que je passe déjà beaucoup de temps dans les clubs à jouer, je ne sais plus vraiment si je serais à même d’apprécier autant qu’avant, une nuit en club. Je sais que ça peut sonner un peu prétentieux mais c’est la vérité. Si je sors, je préfère aller voir un concert, ou traîner dans un café, un bar, pour avoir de véritables discussions avec les gens. Et de temps en temps, quand même je sors danser en journée, surtout l’été.
« Pour pas mal de gens, sortir, c’est comme sortir d’eux mêmes, se révéler »

C’est quoi l’inconvénient, quand on fait partie de l’industrie musicale ?

Il doit y en avoir, mais je n’en vois pas beaucoup étant donné que je me sens pas mal privilégiée de pouvoir faire de ce j’aime faire. J’espère pouvoir le faire aussi longtemps que possible.

Qu’est ce que l’industrie musicale allemande a que la Roumanie n’a pas ?

Déjà, l’industrie musicale allemande EXISTE. La scène roumaine indépendante et électronique est loin d’avoir la même histoire que l’industrie allemande. Du coup je ne pense pas qu’on puisse comparer les deux.

Tu sais, en Roumanie, on grandit avec de la musique qui nous vient d’ailleurs, de la musique allemande, britannique, belge, française, du coup je dirais que l’avantage de la scène roumaine est qu’elle est jeune et qu’elle peut jouir d’une approche assez fraîche et nouvelle.

D’après toi, pourquoi les gens sortent autant aujourd’hui ?

Je n’en ai aucune idée. Mais j’imagine que c’est pour casser la routine et les règles trop strictes du quotidien ? Je crois aussi que pour pas mal de gens, sortir, c’est comme sortir d’eux mêmes, se révéler, et que, tant que ça ne fait de mal à personne, ils ont bien raison de le faire !

En Europe, à une époque, faire la fête pouvait être politique, tu penses que c’est encore possible ?

Tout dépend du type de soirée mais je crois que oui, le fait de faire la fête a vraiment changé au cours des 30 dernières années. On est passé d’une époque où faire la fête était une façon de s’exprimer pour des communautés opprimées par la société, à une époque où la fête n’est plus qu’argent et drogues pour des rassemblements de gens qui ressemblent plus à des zombies qu’autre chose.. Bon, je sais, je parle de deux extrêmes mais je pense qu’on devrait prendre soin de l’histoire du clubbing, de sa culture, qu’on devrait la répéter, la reconnaître mais pas juste se la ré-approprier. On devrait tous faire la fête plus consciemment.

Il y a une forme de militantisme, dans ta façon à toi de faire la fête ?

Quand j’ai commencé à faire partie du monde de la nuit, ce n’était pas quelque chose que j’avais en tête. J’ai commencé à jouer par pure passion, mais en vieillissant, j’ai pris connaissance de l’histoire du clubbing, des racines de ces genres aussi populaires aujourd’hui que la House ou la Techno, qui ne sont autres que les piliers de la culture club d’aujourd’hui. Ces deux genres viennent de la sous-culture, ils ont été crées par des populations défavorisées, principalement issues de minorités, et aujourd’hui on s’est ré-approprié cette culture comme partie intégrante de notre confortable quotidien…
Puis, le fait d’être une dj et productrice queer au sein d’un milieu encore pas mal dominé par le mâle cis, est une forme de militantisme. Les choses commencent à changer mais il y a encore pas mal de chemin à parcourir !

Tu penses que les gens sortiront comment dans 20 ans ?

Aucune idée ! Peut-être qu’ils ne sortiront pas et qu’il se réuniront lors de conférences virtuelles sur le clubbing…

Un message à faire passer à la nuit ?

Restes jeunes !

Borusiade, you are considered as one of the most interesting and promising artist on the romanian scene right now. What does it make you feel ? 

Thank you! I guess it doesn’t make me feel any different – maybe pleasantly surprised that people like what I am doing, even thou it is very personal. 

Who else, in Romania, would you like / advice us to listen to ?

There are definitely a few names I could mention, some of them you might already know : my friends from high-school in Bucharest Khidja,  Cosmin TRG, friend and brilliant producer – (not only techno even thou this is what he has mostly has been known for), the guys around the label Future Nuggets, the female and non-binary crew Corp –  a crew of djs who started to move things around… just to name a few.

Why this name, Borusiade ?

Miruna : My family name is Boruzescu and since  I was in school I have been called with all sorts of derivation of my family name like Boru, Borusiade, I started djing in Bucharest with these names 15 years ago already – when I had to choose a name for my first release I didn’t think for too long. It was me Borusiade. I couldn’t have been somebody else.

Do you remember you first party ?

Miruna : I don’t remember exactly the first party but I believe it was around the same time when I was starting to hang out in The Web Club in Bucharest, this old house that has been transformed into a club , the place where a scene might have started in Bucharest.

What is the most important thing you remember from it ?

Miruna : I remember mostly the feeling of going there the weekends and that thrill of this closed society where the main connection was sharing special music. It was a very cool hang out place too – it had a backyard where the summer was a terasse and this is how I met a lot of the people that are still in my life today, personally and professionally. It is possible that my image of it is somewhat romanticised but I sure spent some amazing tome in there, and a lot of it. 

What’s the main reason that made you go out at that time ? 

Miruna : It has to do a lot with energy, curiosity and hormones (smile) I think it is a natural step of socialisation as a young adult outside of the educational system where you need to feel free, to discover yourself, to meet other people that share the same interests…musically too – this was very important to me in meeting like-minded people and the music that was moving them was essential.

What was the dark side of parties, according to you, at that time ? 

Miruna : Classic answer – Drugs. Another classic answer : Sexual harassment .

What was the type of music you were listening to at the moment you started to go out ? 

Miruna : I come from a completely different background than electronic music – grew up listening to alternative rock and indie, folk, voices, stories, lyrics. The closest I got to electronics until I was about 18 was Kraut and Psychedelic. 
Then there was a big 80’s revival at the beginning of the 00s where all the things like: Kraftwerk, Fad Gaget, Gary Numan were brought back to life and new music in that school started to appear, stuff like: Ladytron, Fisherspooner, Chicks On Speed, Le Tigre and more . All this stuck to me like glue and that is when I started my love affair with electronic music. From there I dug back and forth and learned to love electronics in their so many shapes.

Did you change your way of listening to music since you play and produce it ?

Miruna : Not really. I believe that an honest listen is still taking the first impact a song has on you as the truth. I get to listen t a lot more stuff because I receive promos and I also look for music to play but I still have a very instinctive way of choosing the tracks I want play. It is the same with the music I listen. It has to touch me somehow and then I will listen to a song in loop for a few days.. 🙂

When and why did you decide to move to Berlin ? 

Miruna : After finishing my studies in Bucharest, I decided to try my luck in Berlin. I had been during my Film-School years invited at the Berlinale Talent Campus and totally fell in love with that place. 
First it was a some years of trial and error, I was in a relationship and my partner also absolutely wanted to be in Berlin. That helped. But I must say it took me some time to live there fully and not just be blowing in the wind of the mirage that this city can be. An important thing is also that I went to German school had learned German as a second language since I was almost a baby and I had already a pretty consistent contact with the German culture. That was definitely a plus. But not a must.

Do you remember the very first time you played in front of people ?

Miruna : Yes I remember the first time I played and the adrenaline that came with it, especially since it was a night at the Web Club where I played clandestine – I just went to one of the residents that I was closer to and told him I would like to play some music in there, and he invited me to play, really cool guy… I didn’t know anything about the technical aspects, I have been briefed just before the set about how the players and mixer worked and then the adventure started.  It was amazing as I remember. That was my first time.

What’s the most important thing that changed about you, between your beginnings and now ?

Miruna : I guess I gained more confidence, I know more what I am doing than I did that first night in the Web – even thou, sometimes I wish I could have kept more of that innocence. I guess it is the same process of becoming an adult : you start to know more of what you want and what you don’t, what I like resonates with me and what lets me completely cold, disregarding the hype.

What’s the thing that makes you happy when you play music ? 

Miruna : I like to feel feedback from the crowd and that doesn’t necessary means cheering and whistles but just to feel them riding the same wave lengths than me. Getting ready is always the same selection of the latest tracks and depending on the set-time, taking a nap. 

How do you feel exactly before going on stage ? 

Miruna : It depends of course of the club, but excitement is there every time no matter how many times I have played. Every crowd is different and actually the more I know the crowd the more nervous I get. But it is like a very special type of high that I also feed on. It is a certain level of addiction otherwise I will not continue what I am doing with so much passion. 

And after ?

After comes the excitement of having finished but the energy exchange and consume with a crowd is great during the set. Afterwards I don’t really know how to mingle in a club anymore so most of the time I just disappear to the hotel.

Do you feel any disadvantages in the fact of belonging to the night and music industry world ?

Miruna : There must be some disadvantages but I hardly think of them since I feel mostly I have a privilege doing what I am doing and I will be doing it as long as it will be possible. 

What’s the good thing about german music industry that does not exist in Romania ?

Miruna : Well first thing the German music industry exists. Romanian independant electronic music industry is light years away from having that kind of history. So the comparison is unfair from the start. 
We grew up in Romania with foreign music, German electronic music, British, Belgian, French…What the Romanian scene has maybe in advantage is a fresh approach.

Do you go out a lot, when not playing ? 

Miruna : Not so much… I did my time of going out in my 20s and since I spend so much time in the club already I don’t really know how to enjoy a night in the audience.. I know that sounds pretentious but it is true. When I go out I rather go to see a concert or hang out in a cafe or a bar to actually talk to the people I see. Rarely I go out to dance in day time, mostly in summer.

According to you, why do people need to go out / to party that much in 2019 ?

Miruna : I have no idea.. but I guess it is like a breakout of the daily routine and its straight rules. I feel for some people going out is like going out of themselves, and as long as that doesn’t cause any trouble to anybody else, they better do it. 

In Europe, for a moment, parties used to be very political. Do you think this time is over ? 

Miruna : It depends on the parties but I think partying definitely has changed in the last 30 years from the expression of socially oppressed individuals to money making drug consuming white zombie gatherings. 
These are extremes I mention but I think the roots of clubbing culture should be repeated and acknowledged and not just appropriated. We all should be partying more consciously.

Do you have a militancy in your way of being part of the nightlife ?

Miruna : I didn’t start being part of the nightlife with that in mind. I started doing this out of pure passion but growing older in this, I started to know of the clubbing’s history and the roots of some of the most wide-spread genres like House and Techno, pillars of what clubbing culture is build on today. The fact that they first were born in subcultures by unprivileged people, mostly people of colour and that we have appropriated these as being part of our comfort today. 
Then another aspect is that if being a queer female dj and producer in a still very cis-male-dominated landscape. Things are starting to take a different turn but there is still work to be done.

How do you think young people will go out in 20 years ?

Miruna : I have no idea. Maybe they won’t go out at all and they will all gather in online clubbing conferences.

Do you have a message for“the night” ?

Miruna : Stay young!
Adeline Journet

Articles similaires

Plus d'articles

Interview Nuit

Myako : « Je ne suis pas dans la capitalisation de collection j’ai plutôt un rapport émotionnel avec les disques que j’achète »


Collectifs

Minimum Syndicat : “L’explosion du son « rave » européen, c’était vraiment la musique du futur, un truc qui choquait la plupart des gens”


Mixtapes

Mixtape 120. | Jean Terechkova, rave et brutal comme on aime !


Collectifs

Plage Arrière #2 : BABY ‘O