Ha qu’est ce qu’on l’aime l’Italie, quand elle nous surprend ! Quand elle fait ressortir l’alter ego qu’on reconnaissait à peine hier soir. Alter D, c’est celui sur lequel on a voulu se pencher, à 24h de sa date à la Next レベル, demain soir au Petit Bain. Alter D c’est David Pestillo, un producteur italien du Sud de l’Italie installé à Milan. Un passionné, un vrai de vrai, un mec qui déjà à 10 ans voulait devenir dj. Si si si. Un vrai de vrai, un mec qui travaillait l’été pour pouvoir se payer des platines. Un vrai de vrai, beaucoup trop méconnu aujourd’hui.
Demain vendredi 27 avril, Alter D jouera en b2b avec son acolyte milanais Codeless pour un set sauvage, au côté de Yaleesa Hall, Royer et Aurèle. Pour l’occasion, David nous a concocté une heure de mixtape entre wave, noise et techno, un vrai plaisir, pour la fin de sommeil, le début de nuit et les cauchemars un peu délicieux. Une heure de voyage à travers des heures sombres. Tout ce qu’on aime non ?
Alter D, tu viens d’où ?
Je Margherita di Savoia, une petite ville du Sud de l’Italie, mais je vis à Milan depuis 2013.
On sortait comment quand t’étais plus jeune, par chez toi ?
Oh punaise, j’ai l’impression que c’était hier. Alors qu’en fait c’était il y a neuf ans, j’avais 16 ans à l’époque, je me souviens qu’avec des amis on organisait des soirées des fêtes à la maison. C’était incroyable. On utilisait les chaînes hi-fi qu’il y avait chez nous puis ensuite nos premières tables de mixage. On jouait des trucs comme Trentemoller, Oxia, Oliver Huntemann, Tiga, Roman Flügel, Cirez D, Djuma Soundsystem et plein d’autres. C’était l’âge d’or de la minimale. De superbes expériences et de magnifiques souvenirs !
Un peu comme partout ailleurs au final ?
Oui, tu sais, chez moi, c’est un peu comme partout dans le monde. Les gens écoutent surtout des trucs commerciaux et de la tech house, mais il tu y trouves également de super soirées underground où les gens écoutent la même musique que toi. À Milan, c’est différent. C’est une très métropole très intéressante et ici tu trouves vraiment de tout. Il y a de super cool soirées à chaque coin de rue !
C’est donc à cette époque que tu as commencé à jouer ?
En vrai, tout a commencé quand j’avais dix ans. Mes parents m’avaient offert un lecteur K7 karaoké et j’y écoutais beaucoup de musique électronique, des trucs que j’enregistrais sur la radio m2o. C’est à cette époque que j’ai réalisé que mon truc, ce que j’aimais faire, c’était de sélectionner, de choisir des morceaux et de les mixer. À l’âge de 14 ans, j’ai commencé à travailler en temps que surveillant de baignade, sur la plage, afin de gagner un peu d’argent pour pouvoir m’acheter ma première console de mixage. Puis à l’âge de 16 ans, j’ai appris à jouer sur des platines.
J’ai commencé à organiser des mini soirées avec mes amis, et c’était parti ! À 18 ans j’ai commencé à composer des morceaux avec mon ami Toto Ronzulli (Peppoccio) aka Truemantic, un grand artiste et compositeur de musique alternative (je vous conseille d’écouter son premier album éponyme Truemantic), et aussi Cosimo Dassisti aka Fap (je me souviens, on l’appelait le “génie fou” parce que ses idées en matière de composition musicale étaient complètement barrées), mais malheureusement il nous a quitté il y a six ans, et c’est à ce moment là que j’ai décidé de tout changer dans ma vie et de déménager à Milan… C’est ici, après trois ans, que j’ai rencontré mon partenaire, Luca Martinez. De cette rencontre est né le label Marguerite Records. On va bientôt sortir 300 copies de MRG003. En décembre 2017, j’ai lancé un nouveau label Tocca il Futuro, et la première sortie a été un hommage à mon ami Fap.
Alter D, il vient d’où ce nom d’ailleurs ?
De “alter ego” et de mon prénom David. En m’installant à Milan, j’ai découvert un nouveau monde, beaucoup de musique, rencontré plein d’artistes and j’ai beaucoup grandi. J’ai de la chance.
Tu te considères comme un gros fêtard ?
Hmm, en principe je ne vais à une soirée que si le line-up m’intéresse. J’écoute attentivement chaque artiste and j’aime ensuite y rencontrer les gens pour parler musique.
Tu penses qu’on peut faire de la politique avec son son ? Et à contrario, tu penses qu’on peut faire du son sans que ce ne soit jamais politique ?
Oui, on peut. De nombreux groupes musicaux ont marqué des générations via leur engagement politique. Puis à contrario, s’il y avait un peu plus de musique dans la politique, on aurait des gouvernements qui sauraient peut-être mieux nous représenter et nous supporter. Après, pour moi, la musique n’est pas une affaire de politique. Je le fais juste pour le plaisir de l’âme.
Tu vois des désavantages dans le fait de faire partie de l’industrie de la musique ?
Ouh la oui ! L’un d’eux étant que souvent, les promoteurs et labels donnent tellement d’importance aux artistes et/ou djs mainstream, qu’ils en oublient de faire leur boulot, c’est à dire continuer d’écouter, d’informer, de chercher les véritables talents, qui ont une vraie passion pour la musique. Il tellement difficile aujourd’hui de trouver de bons labels qui prennent des risques en sortant des sentiers battus du mainstream…
Bon et en dehors de la musique ?
J’aime l’Art, en général. Grâce à ma petite amie Claudia (elle peint beaucoup, des choses assez abstraites) j’ai découvert un nouveau monde et je fais pas mal d’expos sur Milan…
Et pour finir, ton rêve dans la vie, c’est quoi ?
J’aimerais ouvrir un magasin de disques, et un club aussi. Puis, évidemment, j’aimerais que les gens écoutent ma musique, partout dans le monde !