Concrete fermera ses portes au sortir de leur grand weekend de closing, du 19 au 22 juillet 2019. Une aventure dont on attendait pas la fin si proche. Après huit années de folie électronique, et de barge inondée de vos pieds, une fermeture administrative, ça a clairement l’amertume qui pique le coeur. On est plutôt contents, chez Heeboo, de pouvoir investir les lieux une première et dernière fois le jeudi 11 juillet pour la Jeudi OK x Heeboo, d’offrir à la team quelques mots ci-bas, et de partager avec vous le reportage de notre photographe Rainer Torrado effectué le 31 mai dernier. Plus grande Concrete !
Pas facile de dire adieu à un club. Des planches, une ambiance, des odeurs, des souvenirs étalés un peu partout sur les murs, des images qui reviennent claires comme hier, d’autres un peu plus floues qui nous caressent les paupières. Ha la mélancolie ! Parce que quitter un club dans lequel on a passé des années, c’est comme partir de chez soi, une nouvelle fois. C’est perdre une famille, sans l’assurance de s’en refaire une plus loin. C’est se couper un membre pour peut-être pouvoir grandir ailleurs. Mais avec toujours ce doute, et ces interrogations qui mangent le crâne. Puis la frustration, l’intense frustration quand en fin de compte, on a pas tant envie de partir que ça. La frustration de se faire mettre à la porte, à coups d’explications fumeuses et d’excuses sans fondements.
Puis la musique, la musique qui résonne, dans la tête, le coeur, et tout le corps. Pas facile de quitter un club qui nous a tant fait rêver.
Alors oui, Concrete au début, c’était le feu. Le feu de Dieu. Puis Concrete a sans doute un peu souffert de la mode, d’une populace parfois un peu blafarde, qui au sortir de leurs trading world, chaussait polos bleus marine et tentait le cool, parce que « la techno-c’est-trop-cool ». Ou-ai, Concrete a souffert parce que prise d’assaut certains soirs par la catégorie « gros boloss super lourds », certains les appellent les « Ben Klock »* (respect à toi, Ben, c’est une expression gentille), s’est vue maintes et maintes fois, critiquer, cracher dessus, prendre de haut.
Parce que quoi, Concrete, c’était plus assez underground ? Ha qu’il est facile le mépris !
Concrete a révolutionné bien des choses. La musique déjà. L’art de la programmation. De communiquer avec simplicité, sans faire de fausses vagues, sur des sujets intelligents, des événements bien menés, des fils de soirée bien tendus, un staff bien ficelé, uni, toujours le smile et l’envie de faire sourire. Concrete a changé, avec les copains Rex club, Sundae ou encore La Machine du Moulin Rouge, la manière dont Paris voyait la musique électronique. C’est déjà pas mal non ?
Concrete, depuis quelque temps, c’était aussi et surtout, des risques de pris, des collaborations osées avec des collectifs excitants, novateurs, une envie de faire voir, de faire monter sur le devant de la scène, des minorités trop rarement exposées / respectées, à commencer par les meufs ! Concrete s’est battu, pour changer, évoluer, ne pas se laisser prendre par la vague, Concrete a essayé, Concrete a tout retourné, et Concrete n’est pas tombée. Non, non, non.
Sans revenir sur les raisons de la fermeture (pour cela on va vous rediriger vers nos copains de Trax mag), on avait juste envie de vous livrer ce reportage photo de Rainer Torrado lors de la Concrete: Lil’ Louis, Grego G, Aubry du 31 mai dernier. Les disques tournent, un club s’éteint à l’ombre de la fête, et sans le savoir à l’époque, réside sur les clichés, déjà, une certaine mélancolie, un désir de pas en finir maintenant, un sentiment de dépouillement ; la tristesse, déjà, de ne pas pouvoir achever quelque chose de grand, et de fort.
Concrete va vivre, Concrete se reconstruira, autrement, ailleurs, plus grande, plus libre. Plus forte la barge, plus vibrante la musique, plus grande Concrete ! Bisou la team !
Cette article n'a été ni commandé ni payé par Concrete, lol, nldr
*l’utilisation de cette expression a été courageusement piquée à une spécialiste du métal qui se reconnaîtra.