Les Nuits Sauvages

Pourquoi faut-il ne pas aller casser des vinyles samedi 25 janvier à la folie ? – Heeboo

Pourquoi faut-il ne pas aller casser des vinyles samedi 25 janvier à la folie ?

Janvier 22, 2020

Victor Maître

Chez Heeboo, on aime les châteaux en Espagne ; les projets fous, où tu te dis que tout pourrait foirer, mais qui contre toutes attentes finissent par marcher. C’est pas comme ça que toutes les grandes aventures commencent ? La bande de potes de White Label Radio se donne la noble cause de faire découvrir des artistes méritants méconnus ou inconnus, et ça ça nous plaît.

« Chez nous, pas de gros label ou de maisons de disques. » T’entends ? Universal, on t’en—- . Chez WLR, pas de gros noms, que des bedroom producers, mais de tous les genres possibles ; de l’EBM à la tribe, en passant par la coldwave (attention pas d’EDM, faut pas abuser). Rien que pour ça, on était obligés de soutenir leur deuxième soirée, la WLR Party #2, qui se tiendra ce 25 janvier à la folie. Pour l’occasion, on est parti à la rencontre de Lucas Javelle, le rédac’ chef de la radio, un amoureux des vieux skeuds, comme vous et moi.

White Label Radio pour vous c’est arrivé comment, quand, pourquoi ?

Tout a commencé un soir de juillet 2019, quand notre cher ami Louis – après une dure journée de chômage – a finalement eu la brillante idée d’imaginer une webradio qui serait à la fois indépendante dans son fonctionnement, mais aussi sa ligne éditoriale : une radio de bedroom producing, par des bedrooms producers et pour des bedrooms producers. Pour ce qui est du pourquoi, je dirais qu’il fallait tout simplement que cela arrive un jour. Avec le paysage radiophonique actuel en musique électronique, il manquait quelque chose qui donne à de vrais petits producteurs sans visibilité un mode de diffusion accessible et peu ou pas élitiste. On a juste eu la chance que cette idée nous traverse la tête avant d’autres, et les premiers retours nous ont convaincus de poursuivre dans cette direction.

Lucas Javelle

Pourquoi ce nom d’ailleurs ? C’est venu comment ?

Un white label, en musique, c’est une production de vinyles en quantité très faible ordonnée par des petits labels ou des artistes indépendants, le plus souvent destiné à la promotion. On les reconnaît facilement : le macaron au milieu est tout blanc et ne porte pas de signe distinct. Libre à l’artiste ou au label d’y mettre un coup de marqueur ou non et de l’envoyer à des distributeurs ou médias pour se faire connaître. C’est le produit le plus “brut” qu’on peut avoir entre les mains avant qu’une marque et/ou une identité visuelle viennent lui donner un aspect marketing. Pour nous, c’est ce qui illustre le mieux l’indépendance que l’on prône avec notre radio : des artistes (en devenir) purs et simples qui cherchent un coup de promo sans trop se poser de questions.

C’est qui les “musiciens absents ou isolés des espaces professionnels”?

C’est eux, c’est nous, c’est toi, c’est moi. C’est surtout n’importe quelle personne qui a un bout de machine en main ou un logiciel de MAO sur lequel iel s’éclate jusqu’à faire de la musique électronique sa passion et peut-être son projet de vie. Tous.tes ceux.celles qui veulent peut-être un jour percer dans ce milieu qui, malheureusement, est relativement fermé et prend parfois des directions bien trop éloignées de ce qu’il représentait auparavant (comme la starification des DJ’s depuis une vingtaine d’années). Des talents que bien des oreilles se doivent d’entendre, ne serait-ce qu’une fois, pour être témoin de cette scène florissante que l’on découvre chaque jour. La France, notamment, fourmille de petits producteurs dont la maîtrise de la musique nous a impressionnée parfois plus que celle de vétérans bien connus. On espère que cette nouvelle décennie et notre projet parmi tant d’autres briseront – peut-être – cette idée de “musiciens absents ou isolés des espaces professionnels”.

C’est votre première soirée ? Pourquoi une radio organise une soirée ?

On avait fait une première soirée au Panic Room qui avait été plutôt bien accueillie par le public et les orgas, mais celle-ci marque vraiment le lancement puisque l’application est disponible depuis le début du mois. L’objectif, c’est avant tout de proposer un contenu festif qui nous corresponde et qui mette en avant notre image et notre volonté. Ça nous permet de nous faire connaître un peu plus, de présenter des artistes coups de cœur de la radio ou des artistes déjà confirmés qu’on apprécie et également d’apporter un plus financier qui nous permet de gérer les frais liés à la radio (diffusion, communication, plein de surprises à venir…).

Pourquoi ce lieu, à la folie ?

Si tu connais à la folie, la question ne se pose pas. Si tu ne connais pas, je te conseille de venir et tu comprendras très vite ce qui fait de ce lieu un des repères les plus attachants de la ville.

C’est quoi l’univers musical de White Label Radio ?

La musique électronique sous toutes ses formes, ses couleurs, ses variantes, ses dérapages et ses ambiguïtés. On accepte tous les genres et sous-genres et sous-sous-genres. Electro, techno, house, lo-fi, micro, tech house, EBM, coldwave, new wave, hardcore, trance, tribe, bass music… Pour ne citer que des trucs assez génériques. Mais la liste est bien plus longue. On prend de tout quoi… Sauf l’EDM. Faut pas déconner.

Tu me raconterais ton plus beau souvenir de teuf ?

Je vais répondre à titre personnel encore une fois, parce que j’ai un souvenir bien en tête depuis pas mal de temps déjà et je pense que je suis largement marqué à vie : la dernière House of Moda à la Java. Un souvenir qui date.

Ton coup de coeur musical de ce line-up ?

Si je parle au nom de la radio, il faut évoquer le cas Avorton. Je pense que ça a été une belle découverte pour tout le monde, certains avant d’autres. Mais le gars a une maîtrise de son histoire musicale, de ce qu’il a envie de raconter, et ça se ressent. On n’en attendait pas moins d’un artiste signé sur Increase The Groove qui fait, en tant que label, aussi un sans-faute depuis ses débuts.

À titre personnel, je mettrais quand même un bon coup de surligneur sur Toscan Haas, par affinités avec son style de prédilection qui finalement rejoint également le mien : une techno minimale qui voyage entre l’Espagne et Berlin. Un truc bien crade que tu retrouves principalement en club allemand, dans la sueur et la pénombre. Comme il le dit si bien lui-même, c’est un genre qui n’est malheureusement pas assez représenté dans la scène française.

C’est qui l’artiste qu’on rêverait d’inviter à une soirée mais on y croit pas trop ?

Difficile d’y répondre, puisqu’on souhaite avant tout mettre en avant des artistes qui le sont rarement. Mais dans une pure folie de promoteur et curateur, on va dire Aphex Twin. Et Kraftwerk. Pour des raisons évidentes certes, mais aussi parce qu’au fond, ce sont des personnes comme eux qui ont façonné notre univers actuel. Donc un rapport du “créateur/pionnier” au petit producteur qui pourrait être cool de mettre en avant dans une de nos soirées. Tout le monde s’assoit sur la piste et on prend une leçon de musique.

C’est quoi le rêve de White Label Radio, à plus grande échelle ?

Que ça continue à se passer aussi bien, qu’on lance les émissions, les live, les vidéos… On a lancé ça il y a seulement quelques mois, les résultats sont plus que satisfaisants et continuent de nous surprendre tous les jours, même si on commence à être rodés. Et pour répondre de façon plus littérale à la question, notre rêve c’est peut-être simplement qu’un jour, on ne nous remercie pas seulement parce qu’on a fait l’effort, mais qu’on nous remercie parce qu’on a réellement changé quelque chose. Si demain un artiste nous dit que grâce à nous, il a pu signer quelque part, évoluer dans sa carrière d’une quelconque manière… on a tout gagné, non ? On le fait avant tout pour les producteurs, donc c’est la plus belle des récompenses.

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