Parfois, souvent même, sans prévenir, la Station s’enflamme. Et s’emportent alors fessiers râblés, baisers brûlants, poitrines gonflées et coeurs dévorants. Quand la peau du queer, véritable cuir de nos déviances heureuses, s’affirme indéniable et étonnante, rugueuse et érotique, sans tromperie, fidèle à elle-même, sans détour, toute bouffante d’amour, il n’est pas rare que l’oeil d’Otto Zinsou y fasse un tour. Pour la 6e édition de la Queer Station de Polychrome, samedi 2 février dernier, on a donc décidé de lui demander d’imprimer pour nous, sueurs et pulsations cardiaques un peu border. Miam.
Certains disent que le temps d’une nuit, les voix et les corps d’une flopée d’anges diaboliques ont résonné en tendresse, et en choeur, dans toute la Station, poussant à l’extrême rythmes cardiaques et autres constantes vitales. « Comme tous les weekends », nous direz-nous. Et pourtant, la Queer Station a ce petit quelque chose qui dénote dans le paysage festif parisien. Une envie de pousser plus loin, des revendications à peine tues. Celles de passer outre la mode, et d’être, le temps d’un espace musical sans faille, un porte-parole de toutes les identités marginales, déviées, imaginées et rêvées, et pas toujours bien tolérées une fois le jour plus fort. La Queer Station s’adresse à nos enfants rendus au silence, à nos princesses intérieures, plus belles, plus grandes et plus fières, à nos rouges à lèvre qui débordent, nos mascaras qui coulent, à nos coeurs qui palpitent dans l’excès, à nos désirs sans détours ni complexes.
Quand Otto Zinsou shoote à la Station, c’est souvent au dernier moment, que nos regards percutent. Flute. Mais on sait, que l’oeil est bienveillant, et que dansant comme si nos morts étaient proches, on ne ment à personne, et surtout pas à lui. On fait confiance, parce qu’Otto ne trompe jamais. Otto capte, vite, en quelque secondes, qui va s’imprimer sur l’écran, la multiplicité des facettes qui va pouvoir exploser en couleurs. Ça tombe bien, parce que la polychromie, Polychrome connaît. Clic. Clac.