Les Nuits Sauvages

MELANIA : « Le problème de notre génération ? L’arrogance et l’aveuglement des gens incapables de sortir de leur zone de confort » – Heeboo

MELANIA : « Le problème de notre génération ? L’arrogance et l’aveuglement des gens incapables de sortir de leur zone de confort »

Interview Nuit - Juin 13, 2019

On l’imagine rarement, mais la surexposition conduit parfois au silence, aux ombres dont on se pare, à la modération dans la communication, un voile dont on se couvre. Protection, ou simple désir d’être soi à la vie, quelqu’un d’autre à la scène, la nécessité de se parer de mystère est parfois nécessaire chez nos figures du monde de la nuit. C’est le cas de la très secrète dj et productrice Melania, invitée de marque de la Jeudi Banco ce soir au NF-34.

[english below]

La recherche d’équilibre, d’identité, d’un soi meilleur, fidèle à qui l’on pense vouloir devenir, tendre vers la vérité, vers ce qui semble juste, sur le moment présent, et pour l’avenir. C’est un peu tous les combats que mène, intérieurement ou pas, la dj et productrice Melania. Dans sa noirceur tranquille, de sa Pologne natale à son Berlin d’adoption, Melania joue depuis 2014 avec les ombres d’un chaud-froid assez jouissif, entre techno industrielle et EBM low-tempo bien prononcée.

Jeune artiste mais grande pensée, d’une maturité certaine ; sans trop en faire Melania a répondu à quelques unes de nos questions, avant la grande messe de ce soir jeudi 13 juin : Jeudi Banco spéciale [aufnahme+wiedergabe] au côté des magiques The Horrorist, Philip Strobel ou encore Poison Point. On retiendra une chose de cette entretien – hormis le fait qu’il semblerait que ce soit devant Anja Schneider, en 2012, que le déclic ait eu lieu : si tu veux encore faire la fête dans 20 ans, réveille toi pour la planète, avant qu’il ne soit trop tard.

Tu joues maintenant depuis déjà quelques années, tu viens d’une scène plutôt surexposée, la scène berlinoise, et pour autant, tu cultives un personnage très secret, mystérieux. C’est venu comment ?

Pour trouver un équilibre dans la vie, il faut répondre à l’extrême par l’extrême (sourire). Je ne ressens pas le besoin de trop m’exposer au monde. En particulier de nos jours. On vit une époque où il suffit d’un téléphone portable pour apprendre à connaître (ou à détester d’ailleurs) quelqu’un, ou pour tomber amoureux de quelqu’un qui habite au bout du monde. Ou même pour obtenir une réponse à une question qui te turlupine. L’espace privé, la modération, ce sont des valeurs que l’on perd. Puis d’un autre côté, j’ai la chance de ne pas me sentir oppressée, de me battre pour mes droits. Enfin je viens d’un endroit perdu, et je crois que ça joue beaucoup sur mon côté introverti.

Il vient d’où ton nom de scène ? Pourquoi avoir choisi celui-ci ?

Parce que… c’est mon véritable prénom ! Quand j’ai commencé à jouer, j’ai pensé à de nombreux autres alias, mais j’étais encore en pleine construction musicale, je cherchais encore mon propre chemin. Du coup j’ai décidé de conserver mon prénom. Histoire d’éviter une quelconque déception à venir par rapport à mon nouveau nom.

Il vient d’où ce prénom ?

C’est grec. Il y a quelques années de cela, j’étais encore étudiante, mon professeur de latin m’a expliqué la terminologie de mon prénom. Littéralement, il signifie « la sombre » et dans la mythologie grecque Melania était une des nymphes de la cave sacrée de Korykian, présidée par le printemps souterrain. J’ai trouvé ça assez juste du coup.

Et si tu devais absolument changer de nom là, en trouver un nouveau, ce serait quoi ?

Honnêtement, je ne sais pas, mon style est trop changeant, il mute tout le temps, tant dans mes dj sets que dans mes productions. Du coup, il est très difficile pour moi d’imaginer un nom qui me correspondrait à 100%. Mais je ne laisse pas tomber, j’y réfléchis toujours. Ne soyez pas surpris si d’un coup je change de nom (rire), je pense toujours qu’il est quand même plus facile d’avoir un pseudo. Après je ne te cache pas que j’ai aussi un autre projet, une sorte d’alter ego…

On parle beaucoup de fête sur heeboo, tu te souviens de ta toute première fête ?

En Pologne j’allais souvent à des soirées Dubstep ou Drum’n Bass, c’était vers 2007/2009 mais ce n’était au final pas trop mon truc. Ma première véritable soirée électro, celle qui a vraiment été un cap pour moi, c’était en juillet 2012 : le festival Audio River à Plock en Pologne. Je ne connaissais rien à la techno à l’époque, j’avais juste suivi mes potes d’école. Je les remercie vraiment, d’ailleurs, de m’avoir emmenée avec eux, c’est peut-être un peu grâce à eux que je fais ce que je fais aujourd’hui. Je me souviens avoir découvert Anja Schneider, elle faisait un closing, le soleil se levait à peine… J’ai été époustouflée par tous ces gens incroyables, cette façon que tout le monde avait de ne pas se juger… J’ai été happée par cette culture, et je n’en suis pas sortie depuis.

C’est quoi qui t’avait le plus marqué à l’époque ?

Anja Schneider, et le public. Son attitude – son sourire, cette connection qu’elle avait avec la foule. Pour la toute première fois de ma vie j’ai pu vivre une ambiance particulière où la musique est plus importante que tout et où tout le monde est là pour la musique. C’est réellement là que le déclic s’est fait chez moi.

C’est quoi qui te poussait à sortir en club à l’époque ?

On va dire qu’une fois que ma deuxième relation, assez destructrice, s’est terminée, j’ai décidé de changer de voie et de déménager à Berlin.  J’étais dans cette phase de libération mais aussi de rébellion, que je n’avais malheureusement pas pu connaître adolescente. Je n’avais pas eu la chance plus tôt de remettre les choses en question, les gens, et d’apprendre à me connaître réellement. Le faire de faire la fête, et en particulier seule, m’a beaucoup aidé dans ce processus.

C’est quoi qui à l’époque, en club, aurait pu tout gâcher ?

Aller trop loin et me perdre sans penser à demain…

Tu écoutais quoi comme musique à l’époque ?

J’ai commencé par faire des recherches sur tous les artistes que j’avais vu à ce festival, Audio River, et j’ai découvert l’algorythme YouTube, finalement ce truc était utile ! Quelques exemples de trucs que j’ai découverts à l’époque : Ricardo Villalobos, Tommy 47, Gary Back, Tiga, Adiofly. Après je dois admettre que mes toutes premières vibrations me viennent des bandes originales de dessins animés que je regardais petite, comme Dragon Ball, Sailor Moon, Slayers, Magic Knight Rayearth… Leur rythme plein d’énergie, leurs mélodies et les voix inspirantes, les changements d’atmosphère rapides, toute cette énergie est l’essence fondamentale de mes choix musicaux.

Tu as changé ta manière d’écouter la musique depuis que tu en composes ?

Bien sûr ! Comme tout le monde. C’est un processus naturel. Quand tu commences à jouer, et tout particulièrement à produire de la musique, tu dois te concenter sur les moindres détails, et il devient parfois difficile d’écouter un track dans son ensemble. Je pense surtout à mes propres productions, je suis super critique par rapport à ça, c’est aussi peut-être pour ça que les gens me prennent pour quelqu’un de peu productif, je n’ai pas beaucoup de sorties. C’est horrible pour moi, je commence des trucs, et j’arrête d’un coup de bosser dessus. J’ai tellement de projets qui sont encore en cours… (sourire).

Il y a un club en particulier où tu aimes jouer aujourd’hui ?

Je ne sais pas trop. Je joue souvent dans les mêmes clubs, ou villes, et finalement, c’est à chaque fois différent ! Puis tout dépend aussi de comment je me sens, de mon état d’esprit du soir. Mais je dirais que le club où j’ai joué qui m’a le plus touché est le Khidi à Tbilissi (Georgie). Ce lieu est juste magique. Sinon j’adore retourner jouer chez moi en Pologne, la foule est toujours très accueillante. Un peu comme à Riga, ou Athènes, ou Paris ! La soirée Possession, en août dernier, m’a aussi beaucoup marquée, c’était dément ! L’un de mes meilleurs sets je crois. Les gens étaient ultra motivés, la vibe était incroyable !

À contrario, tu te souviens de ton tout premier set ?

Oui, haha. C’était au Wanderbar, à Berlin, cet endroit a fermé depuis. J’étais tellement stressée, mais en gros il n’y avait que mes amis, puis des gens que je ne connaissais pas, de présents, du coup ça ne compte peut-être pas vraiment. Mon premier vrai set devant beaucoup de gens, c’était à Poznan, au Projekt Lab en décembre 2014. Je faisais le warm-up de Jonas Kopp. Le truc qui m’avait marquée ce soir là c’est que je m’étais totalement perdue dans la musique, j’étais super concentrée (ce qui est très difficile pour quelqu’un atteint de troubles de déficit de l’attention et autres), ça m’a mis les poils, j’étais super contente.

Il y a un truc de particulier qui a changé entre toi à l’époque et toi maintenant ?

Je dirais que depuis j’ai commencé à jouer un son beaucoup plus dur, brut et (même si pas toujours) sombre. La musique répétitive et prédictible m’ennuie de plus en plus…

Tu joues beaucoup au Suicide Circus non ?

Oui, et j’adore y jouer ! Je ne me souviens pas d’une seule fois où ça se soit mal passé d’ailleurs ! Les gens y vont pour s’amuser, et n’ont pas peur de le montrer. Il y a toujours une superbe ambiance, et qui vient pas seulement de la foule, mais aussi de l’équipe là-bas, toujours aux petits soins avec les artistes.

Tu joues surtout pour les soirées Rituals c’est ça ?

Oui, la première où j’ai joué c’était en mai 2017. C’était d’ailleurs ma release party. J’avais invité Codex Empire, Rich Oddie et Katran, trois artistes incroyables qui avaient participé à mon premier EP chez aufnahme+ wiedergabe. La dernière fois que j’y ai joué c’était en mai dernier avec Imperial Black Unit, Unconscious et Zariush, un ami polonais avec qui j’organise la soirée VERZERRUNG au Projekt Lab à Poznan.

C’est quoi qui te rend heureuse quand tu joues ?

J’aime l’énergie et l’émotion que ça m’apporte. Puis la connection magique qu’il y a entre le public et moi.

Tu as des rituels ?

Je suis quelqu’un d’assez chaotique du coup donc je ne peux pas dire que j’aie de rituels spécifiques. Mais ça dépend aussi de si je joue toute seule ou avec des amis, si j’ai bien dormi ou non… Si je joue avec des amis, je viens tôt à la soirée. Si je joue seule et que j’ai besoin de repos je viens juste un peu avant mon set.

Et tu te sens comment juste avant de monter sur scène ?

Ça dépend d’un tas de trucs. Par exemple, ça va dépendre du dj qui joue juste avant moi. Je déteste quand le dj du warm-up ne fait pas attention à l’heure qu’il est et à l’atmosphère du club. Tout envoyer quand il n’y a pas grand monde ne fait pas trop sens pour moi. J’aime commencer sans warm-up. Je suis quelqu’un de très empathique, je reçois l’énergie de la musique et des gens comme une éponge. Et ça joue sur mon humeur, sur ce que je ressens et sur mon attitude.

Tu vois un quelconque inconvénient dans le fait de faire partie du monde de la nuit ?

Je suis assez déconnectée et hors de tout ça dans la « vie réelle ». Je me bats toujours avec l’administratif. Le temps passez vite quand on vit dans des dimensions différentes. Je me bats toujours contre le temps, pour finir des trucs, ou même juste pour parvenir à voir mes amis ou ma famille.

C’est quoi qui te plaît dans l’industrie musicale à Berlin ?

La variété offerte par cette scène et le nombre d’artistes talentueux, de labels qui défendent leur liberté et façon de faire, ça rend tout super facile et excitant je trouve, ça donne envie de collaboration et de s’investir dans des projets. Berlin est très éducatif pour ça, ça me donne l’impression d’être vraiment gâtée (sourire).

Tu sors beaucoup quand tu ne joues pas ?

Non, pas vraiment, ou alors vraiment quand j’ai des amis proches qui jouent, ou alors des artistes que j’admire vraiment et que je ne veux pas rater.

Ta nuit préférée, elle ressemble à quoi ?

Une nuit bien entourée, avec de la bonne musique, des bonnes vibes, où on découvre de nouveaux trucs et bien sûr avec beaucoup de rires. Rien de très original ! (sourire)

D’après toi, pourquoi les gens sortent autant aujourd’hui ?

Pour oublier leurs problèmes. Pour voir la vie d’une autre perspective et pour lâcher prise. Pour recharger les batteries et se concentrer sur le positif aussi. Pour partager de bons comme de mauvais moments et pour apprendre à se connaître mieux ?

Pendant un temps en Europe la fête était très politique. Tu penses que ce temps là est fini ?

Non je ne pense pas. Je vois souvent des fêtes solidaires qui voient le jour, et leur champ d’action est assez large. En particulier en Pologne ou même en Allemagne, de nombreux organisateurs font des soirées pour récolter des fonds pour soutenir des gens touchés par des maladies, les enfants orphelins, les refuges pour animaux ou les communautés opprimées (LGBT, victimes de la guerre, de catastrophes naturelles…).

Toi tu as une forme de militantisme dans ta manière d’appartenir au monde de la nuit ?

Être un artiste implique une certaine dose de responsabilité – et plus tu es connu, plus le poids que tu portes sur tes épaules est lourd. Les figures publiques ont une grande influence sur les gens, du coup je trouve qu’il est très important de penser à ce qu’on reflète dans notre art et aux conséquences que le message que l’on porte peut avoir.

Mon but dans la vie est de devenir un être meilleur et de vivre en accord avec mes principes. Je suis très engagée pour la cause animale et pour la défense de la planète. Il est triste de voir la plupart des gens convaincus de leur supériorité sur le monde et le cercle de la vie, ils ne se rendent pas forcément compte que les animaux et les ressources naturelles de notre planète ne sont pas notre propriété, ils pensent qu’ils peuvent être utilisés à leur guise sans prendre garde au mal qu’ils causent, ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi ils participent à la dévastation de notre planète…

Le problème de notre génération ? L’arrogance et l’aveuglement des gens incapables de sortir de leur zone de confort

Tu penses que les gens sortiront comment dans 20 ans ?

Si nous ne changeons pas nos habitudes dans notre manière de traiter la planète, dans 20 ans, la fête sera finie…

Tu as un message à faire passer du coup ?

Soyez sympa avec les gens qui sont différents de vous, ne restez pas dans la peur. Écoutez la musique et les gens l’esprit ouvert !


You’ve been playing for a few years now, you come from a very exposed scene, Berlin, but you are a very very very secret and mysterious “character” on the techno scene though. Where does it come from, according to you ?

To get to balance you have to reply to an extreme with its opposite extreme 😉
I don’t feel the need to expose myself that much to the world. Epecialy nowadays. We live in an era, when you just have to grab a small device from your pocket to get know/ to hate or to fell in love with someone, who lives at the world’s end, or to get an answer to any question that bothers you. Privacy and moderation seem to diminish in value. On the other hand luckily I’m not an oppressed individual, which needs to fight for its rights. Also I’m coming from a suuuper super small place, what definitely lied the foundations of my introversion.

Why this name, Melania, where does it come from and when exactly did you choose it ? It comes fro greek right ?

It’s my real name ? heh, when I started to play I was thinking a lot about an alias, but I was still developing and finding my true self and my own path, so I decided to stay by my real name, to avoid any subsequent disappointments regarding the ‘’self-baptism’’.
Yes, it’s greek. Some years ago when I was still studying, my latin professor explained my the meaning and origin of my name. Literary it means – The black one – and in greek mythology Melania was one of the nymph of the sacred Korykian cave, presided over the subterranean spring.
So I found it accurate ?

 If you had to change, right now ?

To be honest. I don’t know, my style is too eclectic and I’m changing the genres a lot , both DJ’ing and production. So it’s really hard to find a perfect name. But I didn’t give up on thinking of it, as I don’t feel that comfortable with it. So don’t be surprised if one day I’m gonna change, haha. I think it’s easier and nicer to have an artistic pseudonym.
But I have an alter ego project tho ?

As our focus is on “Partying as a social matter”, we like to ask artists about the VERY FIRST time they party in their life, can you tell us everything about your own first parties ?

I went several times to some Dubstep and Drum ’n Bass Parties in Poland somewhere between 2007-2009 but I couldn’t really fit in and feel the vibe and environment. My first real electronic music party with a true connection was in July 2012. It was Audio River festival in Plock in Poland. Without any ‘’Techno musical knowledge’’ I just followed my high school friends, (still grateful that they took me with them, I wouldn’t have done this being in their shoes, haha).
I remember Anja Schneider was playing a closing set while the sun was rising.
I was truly amazed how nice everyone was to each other, without any judgements. The culture got me entirely, so I started to dig it…

What is the most important thing you remember from it that we will never forget ?

I was truly amazed by her and the audience. Her attitude – smily, completely connected with the crowd. For the first time I experienced an ambience/situation where the music is in the forefront and everyone is truly listening and following it. It was one of the biggest trigger points in my life.

What’s the main reason that made you go out at that time ?

I just ended my second longterm destructive relationship and was about to change my studies and move to Berlin. So I was in my liberation and rebellious phase, which I unfortunately didn’t live through as a teenager. I didn’t have the chance before to question everything and everyone around me and to get know my real self. Partying (especially alone) helped me in it a lot.

What was the dark side of parties, according to you, at that time ? The thing that could have ruined everything ?

Going too far and getting lost in it without thinking of any tomorrow.

 What was the type of music you were listening to at the moment you started to go out ?

I digged most of the artists form the first Audio River Festival I went to and what the youtube algorhythm was serving after! So for example: Ricardo Villalobs, Tommy 47, Gary Back, Tiga, Adiofly… But the very first vibrations are definitely coming from the soundtracks of anime, I was watching since I was a small kid, like: Dragon Ball, Sailor Moon, Slayers, Magic Knight Rayearth…
Their energetic rhythms, uplifting melodies and vocals, rapid atmosphere change – this energy is the core of the fundament of my musical choices.

Did you change your way of listening to music since you play and produce it ?

Of course. As everyone. It’s a natural process. When you start to play and especially produce music, you focus on super small details, sometimes it’s hard to listen to the music piece as an entire one! In particular to my own productions, towards whom I’m super critical, that’s why people might think that I’m not so productive, because I don’t release that much. It’s a horror for me to let something go and literary stop working on it.. and I have sooo many unfinished projects (dreamy emoji) haha

What’s the club / place where you like to play the most, and why?

I don’t know if I can mention any place like this. I’m playing very often the same clubs or cities and each time is different.. It also depends a lot from me and my state of mind. But the biggest impression so far left on me Khidi in Tbilissi. This place is just magical. I love to go back home to Poland, as the crowd is mostly very responsive. The same experience I had in Athens or ,Riga or Paris! The Possession last year in August, was sick! one of the best shows I ever played. People were really communicative and the vibe was just amazing!

Do you remember the very first time you played in front of people ?

Yes, haha. It was in Wanderbar in Berlin, this place doesn’t exist anymore. I was stressed out as hell, but basically there were only my friends and some random people, so it doesn’t count that much.. The first real gig in front of many right people was at Projekt Lab in Poznan, PL in December 2014. I was opening for Jonas Kopp. The most important thing I remember from it – that I got lost in the music, was completely focused (super heavy task for a person with ADHD and many different types of focus disorders) I got goosebumps and I was just happy.

What’s the most important thing that changed about you, between your beginnings and now ?

I went way more towards rough, harsh and (not always) dark sound. Because I got bored of the predictable and repetitive tune.

I saw that u play a lot at Suicide Circus ? What’s the feeling there ? And what about the Rituals Night, how did you start to play for them ?

I love to play there, I don’t remember having a bad gig at Suicide! People in there enjoy a lot and are not shy to show it! Always a great vibe built not only by the audience but also amazing stuff, who takes a lot of care! The first Rituals I did was in May 2017. It was my release party. I hosted then Codex Empire, Rich Oddie and Katran, 3 amazing artists, who contributed remixes to my debut EP on aufnahme+ wiedergabe. The last one was in May last year. with Imperial Black Unit, Unconscious and Zariush, my polish friend, with whom I organize the party series VERZERRUNG in Projekt Lab in Poznan.

What’s the thing that makes you happy when you play music ? What’s your ritual to get ready for a set ?

I love The energy and emotions it gives to me. And the magical connection it builds between me and the audience. I’m very chaotic and so I wouldn’t say that I have a specific ritual. It also depends if I’m playing alone or with some friends. If I slept well or not..
If I play with friends most probably I will be there from the beginning and we party. If I am alone and I need some rest, I might come to the venue just a bit before my set.

How do you feel exactly before going on stage ? And after ?

It depends on many factors, like for example what is the DJ playing before me. I really don’t like it when the warm up DJ’s don’t care about the time and atmosphere their playing at. Banging to empty walls doesn’t make that much sense to me. It’s like starting a triathlon without a warmup ? I’m an empath, I’m soaking the energy from the music and people like a sponge. And this affects my mood, feeling and attitude a lot.

Do you feel any disadvantages in the fact of belonging to the night and music industry world ?

Being disconnected and pretty handicapped in the ‘’real life’’. I’m struggling a lot with some official paper tasks.
The time, it passes by so fast as if we lived in a different dimension. Always struggling with the time, to get things done or just easily see family and friends.

What’s the good thing about Berlin music industry that you don’t think you could find anywhere else ?

The variety the scene has to offer and the amount of interesting artists and labels seeking their liberty and peculiar way of expression, makes it super easy and exciting for collaborations or undertaking some projects. Berlin is super
educational, sometimes even spoiling, heh.

Do you go out a lot, when not playing ? Why ? In what occasions ? What does your favourite night look like ?

I don’t go out that that much, mainly only when some close friends of mine are playing or artists I admire and really want to see them. Favourite night? With good company, good music, good vibe, hopefully discovering something new and a of course a lot of laugh. Nothing discovering ?

According to you, why do people need to go out / to party that much in 2019 ?

To forget about the problems, to look at life and things from a different perspective and to let go. To recharge the batteries and focus on the positive aspects. To share the good and bad things with others and to descover more about themselves.

In Europe, for a moment, parties used to be very political (by organizing them in forbidden spaces, or to protest against something, or to support something, a cause). Do you think this time is over ?

I don’t think the time with political parties is over. I still see often some charity parties or even releases, which have pretty wide appeal. Especially in Poland or Germany, promoters collect there very often money to support people with hard diseases, orphanages, animals shelters or other oppressed individuals (LGBT or victims of war/natural disaster).

Do you have a militancy in your way of being part of the nightlife ? Something you want to support and that you think it’s important to support at night ?

Being an artist involves big responsibility (the bigger the artist the bigger the liability on their shoulders). Public figures have big Influence on people, so I think it’s very important to think over the message we hide behind our artistry and what kind of results it might lead to.
The main goal in my life is to improve myself as human being and to live in line with my believes. I’m very committed to animals rights and saving the planet. Sad fact is that the majority of people is convinced about their superiority in the circle of life and that the animals and natural resources simply belong to them and so they make use out of them without any previous reflection of causing pain to them and contributing to an absolute devastation of our planet.
Superficiality, arrogance and staying ‘’blinded’’ in the comfort zone is the main problem of nowadays’ society.

How do you think young people will go out in 20 years ?

If we don’t change our habits in how we treat the earth, there will be no more option for any party.

Do you have a message for “the night” ?

Be nice and not afraid of someone who’s different. Listen to the music and people with an open mind.

Adeline Journet

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