Les 5 teufs à ne (surtout) pas rater en mai – Parce qu’il est toujours important de varier les plaisirs, en mai, de respecter les adages et de continuer à faire ce qui nous plaît. Parce qu’essentielle à la survie en milieu hostile parisien codé et formaté, la fête doit se livrer folle et affranchie, dans l’abandon et l’absence de concession. Dans la confession d’une « façon » de voir le monde. D’une « façon » de vivre le jour. D’une « façon » de prendre la nuit. En mai. Respecte toi. Et continue de t’émanciper. Il en reste des codes à casser !
1 – Du vendredi 4 au samedi 5 mai – La Station — Plein Air 2018 — 1er week-end (La Station-Gare des Mines)
Pourquoi ? Parce que c’est la grande réouverture attendue des espaces extérieurs de la Station et que c’est une célébration à ne pas rater. Au programme, une nuit d’amour, même s’il fait froid, et une après-midi soirée de retrouvailles et de mains chaudement serrées, sous le signe du partage, de la découverte et de l’underground. Puis tout le monde sera là. Parce que la Station, c’est une histoire, avec parfois un grand « H », c’est une famille, une façon de vivre, un besoin, été comme hiver. Welcome back bitches !
En vrai ? Parce qu’on y est, de toute façon, tous les weekend, donc pourquoi changer quoi que ce soit aux bonnes habitudes ?
Tu es… Richard. 32 ans cet été. Tu collectionnes les vinyles parce que c’est la mode. Enfin c’est ce que disent tes potes. Mais toi tu les aimes ces objets précieux, tu les chéris, et tu craches sur la tendance. Quand tu rentres du taff, t’en poses un sur la platine, par rituel, pas avant d’en avoir soigneusement dépoussiéré la surface ; tu sors une bière et tu regardes la nuit qui se couche. Quasiment le même rituel, tous les jours. C’est ton truc à toi. Et le dernier disque que t’as trouvé c’est celui de Pelada, un duo de canadiens qui chantent dans un espagnol complètement énervé. Tout ce que t’aimes. Tu penses d’ailleurs demander la chanteuse en mariage. Elle s’appelle Chris Vargas. T’aimes bien les filles autoritaires. Les filles comme elles. Hier, t’as vu que Pelada était à la prog de la réouverture des espaces extérieurs de La Station. Ton endroit préféré. T’y as néanmoins pas trop mis les pieds cet hiver, tu sais pas trop pourquoi, t’aimes pas les clubs fermés, ça t’oppresse ; toi t’aimes les grands espaces, l’air qui filtre tes cheveux, tu préfères avoir froid que chaud, t’aimes pas trop qu’on te colle, t’es le genre de mec « chill » (même si tu détestes ce mot) qui chope live et djs set de loin, posé sur son fauteuil, une bière à la main ; t’aimes bien garder à l’intérieur ce que t’as devant toi, le savourer, pour ensuite le digérer et laisser l’expérience t’inspirer. T’es comme ça, Richard, un mec posé qui chouchoute ses vinyles, s’énerve jamais mais adore les trucs super vénère. Sans doute une espèce d’exutoire. T’es content que la scène extérieure réouvre. T’as hâte des lives en plein cagnard. De boire ta bière fraîche avec le soleil qui se couche dans ton dos. Puis t’es célibataire, et la Station, c’est l’endroit parfait pour rencontrer ta Yoko Ono à toi…
L’artiste qu’on y attend : Pelada, Avenir, JC Satan, Elena Sizova et Fatal Walima
Heure de pointe : 22 h vendredi, et 18h30 samedi !
Potentiel de chope : 89 % mais très tard dans la nuit vendredi, et très tôt, assommé par 23 petits degrés de soleil doux, concernant le samedi !
% sauvagerie/déviance : 91%
Les bails : vendredi de 20 h à 06 h, samedi de 16 h à 02 h / 17,49 euros pour les deux jours, sinon 10/15 euros par soir
2 – Du jeudi 10 au dimanche 13 mai – ⋚ Le Beau Festival 2018 ⋛ (Trabendo + La Petite Halle)
Pourquoi ? Parce que trois jours de concerts rock et pop en plein Paris, c’est une occasion à ne pas rater, avant les grands festivals extérieurs de l’été. Puis, sérieusement, marre de la techno, non, parfois ? Le Beau Festival c’est du live, du vrai, des cars de tournées, des instruments par dizaines, des groupes qui suent, des fronts qui s’épongent sur les premiers rangs du public et des guitares qui se font méchamment gratter par des ongles pas toujours propres. Le Beau Festival, c’est : des chanteurs, des choristes, des slameurs de fou, qui se dandinent, tranquilles ou agités, un micro à la main, qui improvisent (souvent) des gestes chaloupés pour faire genre ils sont à l’aise, c’est aussi pas mal de volume pour le cheveu, des vocalises venues d’ailleurs qui nous rappellent à ce que l’on est pas/plus ou à ce qu’on ne sera jamais, de la funk psychédélique pour y voir plus clair, de la dream pop pour se faire quelques câlins ou prévoir des virées en voiture sans lendemain, des grincements de porte pour se réveiller.
En vrai ? Parce que le Trabendo est une des meilleures salles de concert à Paris et qu’on y va trop peu !
Tu es… Vera. Déjà 15 ans que tu traînes de salle de concert en salle de concert. Enfin, « trainais ». T’as arrêté les concerts, comme ça, du jour au lendemain, sans trop savoir pourquoi. Enfin si, tu sais, mais tu dis pas. T’as arrêté comme ça sans trop rien dire. Après les avoir écumés. T’es passée au dur de la chose, la techno, t’as commencé à pousser plus tard, et à vivre de nuit, à danser sans faire gaffe à l’heure, t’es même parfois passée derrières les platines pour faire rire les copains. Tes copains eux, ils vont plus non plus en concert, eux aussi ils ont arrêté. Désormais, ils organisent des fêtes à Paris, alors ou-é, t’as tourné le dos au live pour lui préférer le dj set qui lui, te fait tout oublier. T’oublier dans la nuit, c’est ton truc depuis quelques années. Tu les fais toutes les soirées techno. Tu t’y sens pas toujours à ta place, mais avec un petit comprimé, t’y oublies toujours tout. Puis en mars, on t’a invitée au concert de Fever Ray. Un groupe que tu adores depuis longtemps. T’as redécouvert un truc, qui te manquait, au fond, mais dont tu t’étais pas rendue compte : le spectacle, le show, les voix, les corps qui jouent ensemble, les lights qui font halluciner, les morceaux qui se reconstruisent, là, sur scène, et toi qui contemples… qui redécouvre, t’as redécouvert ce plaisir là. T’as donc booké tes billets pour le Beau Festival. Naturellement, comme un tendre recommencement.
L’artiste qu’on y attend : Magic Island pour la magie (easy) et First Hate pour la séduction de début de nuit.
Heure de pointe : 19 h, mais on prévois des pic time à 00 h pour slamer, l’air de rien, sauter dans les airs comme ça, comme si t’avais pas prévu ton coup depuis la lecture de cet article…
Potentiel de chope : Un petit 63 % parce que c’est pas trop le propos, mais pourquoi pas, sur un malentendu… un numéro chopé, dans la file des toilettes, c’est faisable !
% sauvagerie/déviance : 72 %
Les bails : de 19 h à 01 h 30, 16 euros le jeudi et 23 euros les deux autres soirs, pass trois jours à 45,90 euros
3 – Vendredi 18 mai – Fée Croquer – Kollektiv Warehouse III (secret place)
Pourquoi ? Parce que cette nuit spéciale de dix heures de son réunit, pour la troisième fois, six des meilleurs collectifs techno du moment. Cette fois-ci, c’est au tour de BNK, Container, Exil, New’s Cool, La Quarantaine et Contrast de se mesurer. Presque terrifiant non ? De quoi ne pas en sortir entier ! La fête s’annonce folle, comme une très très très dark réunion de famille nocturne.
En vrai ? Parce que c’est un six en un, aka un panel très large et détaillé de ce qu’il se fait de mieux aujourd’hui en matière de soirée techno. Pour les vrais amateurs, connaisseurs, vieux de la vieille, ou même pour les jeunes auditeurs encore vierges, c’est l’occasion de se faire l’oreille et de tout donner sur la piste ! Puis c’est un peu le retour de Container, et rien que ça, c’est immanquable !
Tu es… Saïdou de la Pampa. C’est comme ça que tous tes potes t’appellent depuis le début de vos virées en soirées techno. Désormais, même les filles que tu connais pas viennent te parler en soirée et connaissent ton prénom. Ce qu’elles aiment les filles, c’est comment tu danses, parce que tu es bien au-delà des pistos, ceux-là, tu les respectent même pas, t’es sans aucun doute l’un des meilleurs danseurs du moment. Et c’est pas toi qui le dit. On t’a repéré pour ça, les orgas sont les premiers à t’inscrire sur les listes, parce qu’ils savent que t’es devenu essentiel à leurs soirées. Même plus besoin d’être RP ! Sur la piste, on voit que toi, Saïdou de la Pampa, tu voles, tu glisses, du haut de tes dernières Nike React roses. Les filles viennent d’ailleurs tout le temps te demander où tu les as achetées, elle te disent que le rose te sied bien, elle battent des paupières, elle se déhanchent, et toi tu adores ça, danser sur de la techno avec des filles à bananes en travers de la poitrine. C’est pas une histoire de cul, c’est une affaire de séduction, un truc 6.0 que t’aurais jamais cru possible du haut de tes 27 ans. Saïdou de la Pampa, tes premières copines tu les avais rencontrées sur MSN, tu les invitais à danser des slows déjà, à 12 ans, et t’avais une peur maladive du premier baiser. Aujourd’hui, tu danses la techno comme un chef, tu sais toujours quand prendre une fille par la taille, à quel point tu sais que t’as le droit de, et tu rates jamais une Fée Croquer. Parce que tu privilégies la techno quand elle est famille, humaine et qu’on te prend pas pour un con. Saïdou, t’as préparé tes chaussures, ta casquette, ta banane et t’as déjà bloqué ton weekend parce que cette date là, avec la réunion de six des plus gros collectifs techno du moment, c’est juste tout aussi, voir plus important que le mariage de ta soeur !
L’artiste qu’on y attend : Trym, de New’s Cool pour le côté hystérique et sur-agité de ses mix ! Puis Panzer évidemment, parce qu’il est fou !
Heure de pointe : 01 h 56
Potentiel de chope : 78 %
% sauvagerie/déviance : 92 %
Les bails : De 23 h à 9 h du matin / 11 —> 20 euros
4 – Vendredi 25 mai – RAVE LINE 5 (secret place)
Pourquoi ? Pour le flyer, qui est clairement le plus beau flyer sorti depuis ce début d’année. C’est à la fois rétro-futuriste, poétique, ça implique l’idée de paix, de liberté, avec tout autant un coucher de soleil qu’une aube qui se couche sur des visages d’acier. On adore. Juste en voyant le flyer on aurait pu acheter sa place sans connaître la soirée. Et ça c’est fort ! Bravo Contrast.
En vrai ? En vrai, on est super fans des soirées orchestrées par Contrast. Toujours dans une mouvance revival de la techno et de l’acid des années 1990, cette Rave Line promet un feu pour tous les corps, surtout avec cette nouvelle formule qui s’annonce comme un véritable passage ritualiste d’une dimension à une autre.
Tu es… Marine. Tu fêtes tes 37 ans ce soir là et t’as prévu une fête bien hardcore pour célébrer ce « sale » âge que t’assumes sans assumer. Tu traînes pas trop dans les soirées hangar parce qu’elles sentent à deux kilomètres le « mâle pré-pubère en mal de sensations ». C’est toi qui les appelles comme ça, ça fait toujours rigoler tes potes qui t’appellent du coup la « vieille conne ». Tu leur rappelles à chaque fois qu’ils ont le même âge que toi, voire plus pour certains, et qu’ils sont très très cons eux aussi, surtout avec un coup dans le nez. Toi et tes potes, vous vous êtes rencontrés en free vers Caen y’a plus de … tu te souviens jamais… y’a plus de vingt ans. T’as presque pas oublié, néanmoins, le goût que ça avait, de plus y voir très clair et sur ton visage de sentir l’air. Du coup pour tes 37 ans, vu que t’es désormais « parisienne » et « bien installée » dans la vie (ça c’est ta pote Blandine, quand elle se fout de ta gueule), t’as invité tes copains de toujours à une des seules soirées rave où les gens sont pas là « pour faire genre », pour la tendance, parce que oui, tu comprends pas trop, mais « punaise, qu’est ce qu’ils ont tous ces jeunes à écouter des trucs énervés là soudainement depuis quelques années ? ». Ça te rappelle toi quand t’étais plus jeune, et tu trouves ça très mignon, même si tu comprends pas tout à ce qu’ils disent et à comment ils dansent. Ta première Rave Line c’était le 16 décembre dernier et t’avais enfin pu voir ton héros Dave The Drummer. Oh l’hystérie. Tu t’en rappelleras toute ta vie. Un bail que t’étais pas sortie. Un bail que t’avais pas « pris des bails » comme disent les jeunes. Du coup, pour tes 37 ans tu vas te replonger dans la musique, 20 ans en arrière. L’anniversaire parfait.
L’artiste qu’on y attend : Jones & Stephenson, sans hésitation aucune ! Vive la Belgique. Vive les années 1990 !
Heure de pointe : 3 h du matin, heure particulièrement parfaite pour entamer deux ou trois sauts de piste de danse, voire un début de pogo sympa
Potentiel de chope : 90 %
% sauvagerie/déviance : 93 %
Les bails : de 23 h 55 à 12 h / 19,99 —> 22,99 euros
5 – Dimanche 27 mai – LE BAL CON – 5 ans (Cabaret Sauvage)
Pourquoi ? Parce que déjà cinq ans que l’équipe du Bal CON s’occupe d’investir l’espace du Badaboum pour faire d’une simple soirée parisienne une fête loufoque au goût d’idéal, un mariage incongru, une célébration toujours plus folle. Connue aujourd’hui pour ses performeurs aux looks et univers extravagant (dont la mise en scène est depuis toujours assurée par Stefan Beutter), sa programmation musicale intimiste (signée Maxime Iko), mêlant artistes techno reconnus et jeunes pousses du moment, la fête du Bal CON n’a cessé de surprendre mais surtout, de mélanger des populations originellement peu amenées à se rencontrer. Bingo !
En vrai ? Parce que pour cette édition le Bal CON quitte le Badaboum pour prendre ses quartiers un dimanche -qui ne pourra être qu’ensoleillé, sur les espaces intérieurs et extérieurs du Cabaret Sauvage. Deux scènes, house et techno, sous le signe du Péplum et de la luxure. Le temps d’une journée, sors ta toge, nettoie ta fibule, repasse tes braies, achète toi une bonne paire de caligea (quoiqu’une paire d’espadrille La Halle au Chaussures fera l’affaire hein) et découvre en toi la Rome Antique qui sommeillait depuis toujours. Caligula, Augustus, Constantin 1er, Appolonia et autres Cyprianus, Desiderata et Francoveus, sortez de vos temples de papier mâché pour vous abandonner à la luxure intellectuelle d’une danse libre, libérée et profondément libertaire. Des toges vont valser… ! Hmmmm… !
Tu es… Maria de la Fresa. Tu suis les soirées Bal CON quasiment depuis leurs débuts. Tu te souviens d’un soir de janvier, tu avais booké ta place direct en voyant Chloé sur un line-up. T’avais 24 ans à l’époque et t’étais tout frêle. Tu t’en souviens en souriant, d’ailleurs. Bon, tu la voyais souvent à l’époque, la Chloé. Tu ratais pas une seule de ses dates. T’étais un peu maboule. Le seul de ton groupe de potes à la suivre partout. Y’avait un truc dans ses sets, une sensualité masquée qui te faisait péter une durite… Puis t’as découvert l’univers du Bal CON. Les paillettes noires, les décors en carton, les performeurs qui te laissaient entre peur, fascination pure et perplexité. Puis un vendredi entraînant un samedi, tu a répondu présent à toutes les dates. D’un Heartthrob à un Troy Pierce tu tombais amoureux d’un Aubry de Balconnet un vendredi 2 janvier 2015 comme un autre. Enfin c’était déjà le samedi, il était 02 h 43 pour être exact. Tu t’en rappelles comme si c’était hier, tu découvrais le dj venu du Sud, son air de chien battu un peu mignon et le sex-appeal qu’il dégageait quand il touchait les boutons. T’avais envie qu’il t’allumes la lumière à toi aussi. T’étais resté pendu à ses doigts, c’était le cas de le dire, et le bougre ne t’avait même pas remarqué. D’un Bal CON à l’autre, t’as commencé à te looker. Et d’un Marin Marrito, t’as traversé plusieurs dimensions : Mario Marrant, Mario du Marron Chaud, pour te transformer un jour de printemps, c’était un 18 mars 2016, en Maria de La Fresa. T’étais toute bonbon et toute pastel ce soir là. Tu t’étais déhanchée sur les sets d’Ivan Smagghe et de Nari Fshr que tu découvrais à peine. C’était bon, il faisait même un peu trop chaud. Et t’avais rencontré Dany ce soir là. Depuis, vous ne vous êtes plus quittés. Alors l’anniversaire du Bal CON, autant dire que c’est la réunion de famille que t’attendais impatiemment depuis le début d’année. On va s’arracher les cheveux de plaisir, boire à s’en faire dégouliner le vin entre les seins, se tirer sur la toge pour jouer comme des enfants. T’es prête comme jamais à en découdre. « Dimanche 27 mai, appelez-moi Margarita de la Fresa bitches ! »
L’artiste qu’on y attend : Regal, Society of Silence et Marcorosso
Heure de pointe : 15 h pour l’after, 16 h pour la bronzette, et 17 h pour l’apéro !
Potentiel de chope : 98 %, on est clairement à notre max
% sauvagerie/déviance : 91 %
Les bails : de 15 h à 01 h du matin / 10 —> 15 euros
crédit photo : Pierrick C. Rocher pour le Bal CON.