NEW KIDS ON THE BLOCK – Avec la rentrée, il fallait bien qu’une soirée, nouvelle et fraîche comme un dancefloor de septembre, ou comme les joues d’un petit qui rentrerait à la maternelle, vienne tenter de nous remettre des étoiles dans les yeux. Parce que pendant l’été tout fout l’camp, et quasiment même notre envie de faire la fête. Alors quoi de mieux qu’une soirée sortie tout droit des terrains de jeux de notre enfance, pour nous sortir l’esprit de la rentrée et de son goût de délavé?
Sors ta plus belle pelle, la tenue que t’avais jamais osé arborer dans les teufs classiques, ta candeur d’enfant et ton plus beau sourire -parce que t’es happy, et rendez-vous vendredi soir au Petit Bain pour la Kindergarten #1 !
Le mot d’ordre du collectif Kindergarten ? Faire du club un espace safe pour tous. Ouverte à toutes et à tous, créatures de la nuit comme écoliers du jour, la Kindergarten c’est sur une idée de Hugo et Thibaut le jour, aka Marmoset et Tiggy Thorn la nuit, qu’elle voit le jour. Clubbeurs émérites, c’est avec un œil affûté qu’ils vivent la nuit, alors “quitte à reprocher des trucs au clubbing parisien, autant essayer nous-même de créer notre truc”, non ? Pour la première édition, ce sera très acid…ulé ! Au programme, Calling Marian, Problèmes d’Amour, n.stal, entre autres… Rencontre !
Qu’est ce qui donne envie de monter sa propre soirée ? Beaucoup de gens y pensent mais d’où vient l’impulsion réelle ?
Marmoset : Ça fait un peu plus de deux ans que je m’intéresse à l’orga de soirées via des projets associatifs ou des collaborations. J’ai rencontré une multitude de gens qui gravitent dans ce milieu – DJs, performers, habitué.e.s des clubs – et parmi eux Thibaut. Il m’a paru être la bonne personne puis c’était une bonne période pour créer un truc qui nous ressemble parce que tout le monde a des critiques légitimes à émettre sur le clubbing à Paris, donc pourquoi tenter un truc nouveau et voir si y’a du monde qui suit.
Tiggy Thorn – “On avait pensé à “Nyctalope” mais c’était trop vulgos.”
Tiggy Thorn : Je pense que ça se fait au fur et à mesure des rencontres et des projets, il n’y a pas de “moment charnière” je crois, c’est l’évolution naturelle des choses que de vouloir produire au lieu d’assister. Puis effectivement comme le dit Hugo, quitte à reprocher des trucs au clubbing parisien, autant essayer nous-même de créer notre truc ahah.
Kindergarten, ça vient d’où ce nom, ça signifie quoi pour vous ?
Marmoset : On cherchait un nom qui évoquait l’enfance, le jeu, un truc qui mélange vraiment le côté “excitation vicieuse” du clubbing mais aussi plein de couleurs, de naïveté. Puis un truc qui se retienne vraiment et qui fasse bloc
Tiggy Thorn : On avait pensé à “Nyctalope” mais c’était trop vulgos.
Le principe de la Kindergarten ?
Marmoset : Kindergarten, c’est un terrain de jeu pour les gens majeurs, un espace safe où l’on peut s’autoriser d’être qui l’on veut être pendant un moment de relâchement. On travaille en collectif avec tous ceux qui participent à la soirée, c’est-à-dire que les graphistes, artistes, DJs, scénographes, photographes et aussi nos potes qui ont des idées sont invité.e.s aux réunions pour qu’on ponde un projet cohérent, et pas juste un agglomérat de boulot individuel. A chaque soirée, on construit la nuit comme un projet d’art plastique, pour que le son, la vidéo, la scène et la déco forment un tout. On s’inspire vraiment du mouvement Club Kids, donc de l’autodérision, du déguisement, de la convivialité et de la diversité. Ah oui, et le tout pour moins de 10 balles, ça c’est vraiment important.
Tiggy Thorn : C’est une soirée ouverte à tout le monde. C’est important pour nous de proposer un concept à la base queer et déjanté mais totalement accessible par chaque personne voulant découvrir / s’amuser. Tant que tout le monde est respectueux de tout le monde c’est bon pour nous.
Votre clubbeur Kindergarten il ressemble à quoi ?
Marmoset : Déjà, il ou elle sourit un peu et a l’air content.e d’être là ahah, aime parler aux gens et n’ira jamais emmerder quelqu’un d’autre. Il ou elle peut se ramener habillé.e avec une robe en papier ou un sweatshirt Fleury Michon.
Une égérie qui ressemble à la Kindergarten ?
Marmoset : J’sais pas si les gens voient qui est Christine Deviers-Joncour mais je l’aime un peu, elle est fraîche, corrompue, maladroitement bourgeoise, elle aime la fête et le cul, elle est capillairement audacieuse et grand poseuse dans l’âme…
Tiggy Thorn : Je me dois de dire Elmo. Parce que déjà j’adore Elmo, que c’est une petite boule rouge poilue au genre un peu indéfini, qu’il est super énergique, super mignon et qu’il aime tout le monde.
Vous pouvez m’en dire plus sur ces fameuses photos de lancement de la soirée ?
Marmoset : Le photographe est notre ami Jean Ranobrac, qui immortalise régulièrement des drag queens ou des personnes LGBT+ avec un amour infini et un réel talent. On voulait faire un gros coup de comm dès le départ et c’est vrai qu’un shooting de photos de profil ça marche, c’est efficace et les gens sont juste contents de porter les couleurs d’un projet de potes. Donc on a listé une petite trentaine de personnes qu’on a rencontrées ces dernières années et qui représentent plein de sous-catégories, histoire de coller à l’image qu’on a construite du clubbing queer à Paris.
Tiggy Thorn : C’était super important pour nous d’avoir du visuel avec de l’humain, avec notre identité visuelle collée sur le visage comme un groupe d’enfants après un cours d’arts plastiques qui a dégénéré.
Le line-up vous l’avez monté comment et pourquoi celui-ci ?
Marmoset : J’avais organisé une soirée il y a deux ans et Ed Isar était sensé mixer mais il y a eu un cafouillage dans l’asso que je représentais, qui avait booké un autre DJ à sa place. Vu que je l’aime beaucoup et que je connaissais son envie d’un set acid/club kid, je me suis racheté en lui proposant avec joie de faire l’opening. Calling Marian nous a été proposée par Jean (le photographe) et ça aurait été vraiment con de pas l’avoir pour notre première aussi ahah. Enfin, VHS et Problèmes d’Amour sont membres du collectif, et Paul (Problèmes d’Amour) a invité son frère, n.stal, pour un warm up en B2B. En soi tout le monde se connait et c’est un peu un line up de potes, parce que je voulais qu’il y ait une adhésion totale à un projet collectif et pas juste un “on te paie et tu te démerdes” .
Tiggy Thorn : Pour le coup tout ce qui est musical c’est principalement Hugo qui s’en occupe, moi je suis surtout une personne de l’image.
C’est quoi la principale difficulté qu’on rencontre quand on monte une soirée ?
Marmoset : Anticiper la thune ahah. Pour une première, si on vise un public assez large, on sait que la com peut vraiment tout changer et c’est pour ça qu’on a beaucoup misé sur la manière de médiatiser notre projet. Par contre, pour préparer un budget prévisionnel sans même avoir d’indicateurs comme les attendings sur l’événement FB, il faut juste être précautionneux et faire en sorte que le public soit au rendez-vous.
Tiggy Thorn : Le temps, qui avance beaucoup trop rapidement. L’anticipation permanente des choses à faire et des nombreuses deadlines.
L’avantage qu’il peut y avoir ?
Marmoset : Incontestablement, voir les gens bosser entre eux. C’est vraiment excitant d’être en coulisses et de voir les gens du collectif collaborer au fur et à mesure. J’ai passé pas mal de temps à parler de son avec les DJs, à assister au brainstorming des performers, et cette émulation motive tout le monde. Ça donne envie de monter encore plus de projets.
Tiggy Thorn : Voir des gens s’amuser et prendre plaisir à la fête, se mélanger. C’est tellement agréable de passer de spectateur à acteur.
On y boit quoi à la Kindergarten ?
Marmoset : Un Grand Fizz, ça serait trop cool mais je sais pas si ils ont du Saint-Germain à Petit Bain, donc juste Vodka-Perrier citron pour moi. En vrai les consos sont pas trop chères par rapport aux boîtes parisiennes en général, donc on boit ce qu’on veut mais en plus grande quantité ahah.
Tiggy Thorn : De manière usuelle je suis très concentré sur le classique vodka-redbull, pour la Kinder je ferai peut-être l’effort de prendre un petit malibu-passoa-soho-ananas-mangue histoire de me rappeler mes cuites de jeune âge.
On y danse quel type de musique ?
Marmoset : Ça navigue au milieu de l’acid, acid house, acid techno, la vieille house un peu ravesque de la fin des 80s-début 90s, les bricolages de la scène Club Kid, etc. On cherche pas particulièrement à exclure toute la culture techno, loin de là (on a quand même une guest techno ahah), mais j’avais vraiment envie de réfléchir à une identité musicale propre à la soirée et sortir un moment de l’excitation un peu trop uniforme pour la techno d’aujourd’hui.
Tiggy Thorn : Voilà, ça. On y danse dans tous les cas.
Elle est copine de quels autres collectifs la Kindergarten ?
Marmoset : Ah bah déjà on est obligés de souligner ici notre gratitude envers les deux papas de la House of Moda, Reno et Crame, qui ont la foi de nous supporter depuis des années errer autour d’eux sans un weekend de répit, et qui nous ont fait déjà confiance. C’est à la Moda qu’on a pu autant de fois se maquiller et se déguiser, rencontrer plein de gens qui aujourd’hui en partie forment le collectif.
Marmoset – “Venir à la première Kindergarten, c’est assurer la possibilité financière d’en faire d’autres encore plus dingues”
Tiggy Thorn : J’aurais dit les deux mamans de la House of Moda plutôt mais soit. On est aussi copains avec la Tech Noire, l’Extravaganza & autres chouettes lieux qui donnent une visibilité au milieu drag queer !
Pourquoi ce choix de lieu ?
Marmoset : Déjà le lieu change un peu des endroits habituels, et on trouvait ça important pour ne pas donner l’impression que la soirée ressemble à d’autres. Après parce qu’ils ont une belle scène avec un beau vidéoprojecteur et un bel écran, parce que la salle est parfaitement adaptée pour ce qu’on voulait faire et parce qu’ils sont une belle terrasse. Au delà de ça, les gens qui y bossent sont vraiment cools (cc Camille), et ils portent un projet solidaire et coopératif, dans lequel chacun a sa place !
Tiggy Thorn : Puis y’a un grand fumoir en extérieur.
On attend quoi de cette toute première soirée ?
Marmoset : Que les gens s’amusent, que chacun.e ait envie de contribuer à la soirée, de soutenir les artistes qui viennent assurer près de quatre heures de performances, de se motiver pour faire vivre une vie artistique nocturne à Paris.
Tiggy Thorn : Des costumes, des couleurs, des rires et des souvenirs.
L’avenir de la Kindergarten il est où ?
Marmoset : Pour l’instant, on compte refaire d’autres éditions à Petit Bain au rythme d’une tous les deux mois environ, mais ça n’exclut pas plein de projets annexes qui commencent à naître au sein du crew. Venir à la première Kindergarten, c’est assurer la possibilité financière d’en faire d’autres encore plus dingues, on est pas dans une perspective de méga-profit mais on espère pouvoir réaliser plein de Kinders XXL à un prix toujours abordable et encore plus d’animations.
Tiggy Thorn : Puis peut-être aller plus loin et faire des Kinder Country et tout.