Félicie ça nous fait penser à l’antiquité, à une sorte de César allongé sur un sofa qui bidouille des chansons sur une lyre. Et, bien non. Félicie c’est tout simplement le prénom et nom de scène d’une dj qui ne fait pas dans la dentelle. Sa musique nous propulse plutôt contre un mur d’enceinte qui fait bourdonner les oreilles.
Félicie partage avec nous sa vision de la teuf, son processus de création et évidemment sa passion pour la techno. Sa mixtape, au fond, c’est un aller simple pour Berlin. L’ambiance bien dark qui ravive en nous une pulsion diabolique, sorte de cycle infernal à coup de kick toujours plus lourd. Et ça réveille cette envie, constamment plus grandissante, de se libérer par la fête. En réalité, on s’imagine à deux doigts du combat mais on préfère se laisser entrainer par la danse. Ça tombe bien, car on retrouve Félicie samedi pour RAZANCE INTIMACY un petit marathon format 22h-05h pour une nouvelle approche de la rave party.
Félicie… comment, pourquoi, pour qui… la musique ?
J’ai été élevée au rythme de sons houses et électroniques, car mes parents étaient des adeptes de ces genres, c’était donc naturel pour moi qu’il y ait souvent ces styles en train de jouer sur la chaine hi-fi du salon ou sur des CDs dans la voiture. Quelques années plus tard, j’ai commencé à sortir en festival à Paris, ou alors je partais en week-end à Berlin avec des amis. J’y adorais la fusion qui se créait entre le dj et le public, où tout le monde ne faisait qu’un avec le son, et ce sentiment de partage, dans un endroit où les téléphones sont interdits. Ça m’a donné l’envie de découvrir cet univers plus en profondeur. Puis, il y a 2 ans, j’ai rencontré mon copain avec lequel je partage la même passion pour une techno brutale, Cleric, qui m’a aidé à consolider les bases et m’a appris à produire, tout en développant mon propre style de techno.
Le nom Félicie, il t’est venu comment ?
Il faudrait demander à mes parents (rires) ! Félicie, c’est tout simplement mon prénom. J’ai choisi de le garder en tant que nom de scène, car je trouve qu’il a une consonance plutôt délicate, et cela apporte un contraste avec la techno hard que je joue.
Et si tu devais en changer ?
Sûrement FK.you. Certains amis m’appellent comme ça depuis des années car FK sont mes initiales. Au début, j’ai d’ailleurs hésité à le choisir en tant que nom de scène, mais Facebook me censurait mes pages, et pour le référencement de possibles futures tracks, pas pratique ! Je le garde dans un coin de ma tête pour, peut-être, d’autres projets futurs.
Félicie, en trois mots ?
Hard. Fast. Piglets.
Tu viens d’où ? T’as grandi où ?
J’ai des origines norvégiennes mais je suis née et j’ai grandi à Paris.
Ça a joué sur ta musique et sur qui tu es aujourd’hui ?
J’ai pu faire un stage en presse de quelques mois à Berlin, justement dans l’industrie de la musique. Ce séjour m’a permis de découvrir plus en profondeur ce monde, de découvrir et de travailler avec certains artistes. Lorsque l’on vit dans une ville comme Berlin où tout va a 100 à l’heure, et où l’on est immergé au quotidien dans la scène techno, on en apprend énormément et plus rapidement, et l’on y développe son propre univers musical. Concrètement, mon style de techno est devenu plus dur et sombre après. Notamment après quelques détours au Berghain ! (rires).
Ton rôle dans la nuit c’est quoi ?
Essayer de créer de bons souvenirs de la soirée !
Quand tu ne joues pas en soirée, tu fais quoi ?
Je passe énormément de temps à Manchester, dans le studio de mon copain où je produis et mixe. Je pense qu’il faut passer par cette période de « studio ermite », surtout au début, afin de pouvoir se concentrer et apprendre sérieusement.
Le truc le plus WTF qui te soit arrivé un soir de set ?
Pas vraiment WTF, mais plutôt le fait de recevoir des retours vraiment positifs et encourageants du public après mes sets, ou même de voir leurs réactions pendant que je joue. Ça a un coté assez irréel, car il n’y a pas si longtemps j’étais encore seule face à moi même en train de m’entrainer dans ma chambre ou mon studio…
Tu t’es déjà demandé pourquoi tu faisais la fête ?
S’échapper du quotidien et pour ce sentiment de liberté.
Une envie particulière ?
Sortir mon premier EP prochainement.
Cette mixtape, tu l’as conçue comment ?
Au feeling ! Comme pour chacune de mes mixtapes, j’essaye de ne pas faire de tracklist précise auparavant. comme ça, lorsque j’enregistre le podcast, cela donne le résultat le plus spontané et fluide possible. Dans ce mix, on y trouve quelques unes de mes tracks préférées, et des unrealeased.
Si c’était la bande son d’un film, tu prendrais qui en réal ?
Sans doute Alfred Hitchcock, réalisateur dont j’adore l’univers glacial et mystérieux, notamment pour son film Les Oiseaux. Il n’y a justement jamais de musique dans ce film… Je pense que le rendu serait plutôt pas mal, surtout si le mix jouait pendant l’attaque sauvage des oiseaux sur les humains.
Si tu devais la faire écouter à un artiste que tu admires, ce serait qui ?
En tout cas si je devais plutôt ne pas la faire écouter à quelqu’un, ça serait Cleric (rires). Je crois qu’il a dû l’entendre une dizaine de fois haha !
Et tu lui dirais quoi ?
Don’t kill me !