Les Nuits Sauvages

Etienne Jaumet : « Le nombre de lieux de fête diminue dangereusement » – Heeboo

Etienne Jaumet : « Le nombre de lieux de fête diminue dangereusement »

Interview Nuit - Janvier 19, 2018

Etienne Jaumet, c’est sûrement le seul mec à avoir sorti un saxo sur de la « dance music » et à avoir réussi à en faire un truc plutôt cool sur des synthés. Le « cool » est faible, d’ailleurs. Ce qui nous vient en tête à l’idée d’un Etienne Jaumet ? L’étrange et planante ritournelle d’Entropy. Nous sommes en 2009 et la moitié de Zombie Zombie, sort son premier opus. Il s’appelle Night Music et les synthés semblent se multiplier à mesure que les tracks s’enchaînent. Depuis, ils sont fameux les noms à s’acoquiner avec cet amoureux des vielles bêtes.machines. Des Red Hot en passant par Carl Craig ou I:Cube en producteurs, de John Cage à James Holden, on ne passe pas à côté d’un Etienne Jaumet. Pourquoi ? Parce que ses compos sont sans âge. Et ça, ce n’est le luxe que des plus beaux illuminés.

C’est d’ailleurs pour ça que le MOFO festival a décidé de programmer l’homme au.x chapeau.x à Mains D’Oeuvres pour sa 14e édition. Mais pas seul. Et c’est au côté d’Emmanuelle Parrenin et de Eat Gas que l’Indrien donnera forme à des pérégrination

Ta première fête, tu t’en souviens ?

Ma première boum eu lieu dans une petite ville de 600 habitants qui s’appelle Blanc dans l’Indre. J’étais en 6ème. Dans mon souvenir, mes parents étaient encore plus excités que moi à cette idée. Je me souviens m’y être beaucoup amusé en dansant sur L’Aventurier d’Indochine.

Le truc qui a rendu cette fête inoubliable ?

On avait dansé en rond . Un truc de dingue !

A l’époque, c’est quoi les raisons qui t’ont poussé à y aller ?

Mes parents m’avaient poussé un peu car j’étais timide. Pour moi c’était une occasion de faire quelque chose avec les élève de l’école en dehors du cercle scolaire, mais dans un contexte plus intime donc intimidant. C’est toujours un peu stressant les premières fois…

Le truc qui aurait pu tout gâcher à l’époque, mais en fait non ?

Vomir devant tout le monde.

Tu écoutais quoi comme type de musique d’ailleurs ? 

Tout ce qui passait à la radio. De la musique pop des années 80 quoi ! Mes premières vibrations viennent des génériques des émissions pour enfant à la télé. Chapi chapo, les Shadoks….

Tu as changé ta manière d’écouter de la musique aujourd’hui que tu la joues ?

Au départ j’entendait uniquement la musique provenant de la radio et de l’électrophone de mes parents équipé également d’une platine vinyle et d’un magnéto à bande… c’était eux qui choisissaient la musique, moi j’étais trop petit pour manipuler tout cela. Aujourd’hui c’est moi qui choisis quoi écouter ; j’ai toujours les vinyles de mes parents d’ailleurs..

Ta première scène, tu t’en souviens ? 

Je ne me souviens bien lorsque j’ai joué pour la première fois du saxo devant du monde. C’était à la fin de l’année scolaire à l’école de musique du Blanc. J’avais un morceau en solo à faire et un autre en quatuor. Je ne maîtrisais pas tout à fait le deuxième, alors je me suis abstenu de jouer les passages difficiles en espérant que les autres me couvriraient et que cela passerait inaperçu… hélas ça n’a pas échappé à mes parents. Dommage parce que j’étais content de moi, car je n’avais pas joué de fausses notes.

C’est quoi la raison première qui t’a conduit vers la musique ?

Mes parents voulaient que mon frère et moi fassions de la musique. Mon frère a choisi la trompette et mes parents m’ont suggéré le saxophone, car il pensait à juste titre que les deux allaient bien ensemble. Après je me suis laissé porter…

C’est quoi qui pousse un artiste à collaborer avec d’autres artistes d’ailleurs ?

Le hasard surtout… pour ma part j’essaie en plus de jouer avec des gens que j’apprécie humainement.

Le truc important qui a changé entre toi à l’époque et toi maintenant ?

Je ne suis plus obligé de porter une chemise blanche et un pantalon noir comme lorsque je jouais avec l’ensemble de l’harmonie municipale…

Aujourd’hui, tu te sens comment, juste avant de monter sur scène ?

quand j’étais petit j’avais tendance à stresser avant de monter sur scène. Plus du tout maintenant. Je suis plutôt même impatient.

« La musique, c’est un métier difficile et pas très compatible avec une vie normale et équilibrée »

Et après ?

Après je me sens bien et détendu. Comme si ma tête s’était vidée de tout ce qui l’encombrait.

C’est quoi le truc qui te rend le plus heureux quand tu joues ?

Lorsqu’il se passe des choses inattendues dans la musique. Quand je sens les gens capter ce qui se passent. C’est très exaltant.

Il existe un ou des inconvénients dans le fait de jouer de la musique ?

Beaucoup d’inconvénients ! C’est un métier difficile. Beaucoup de musiciens finissent par abandonner. Pas seulement pour des histoires d’argent, mais aussi parce que c’est dur physiquement, intellectuellement et pas très compatible avec une vie normale et équilibrée.

Ton fail le plus mémorable, tu t’en souviens ?

Je n’assume pas tous mes fails. Les échecs, ça arrive souvent. En général, c’est pas très drôle et j’en ai honte. Donc je vais éviter de rendre ça publique.
Faut savoir que pour les musiciens qui joueront avec moi à l’avenir, j’ai beaucoup de mal à me souvenir des morceaux que je vais jouer parce que je change à chaque concert la set list. Ça donne des erreurs de tempo, des fausses notes, des mélodies à la place d’autres… ça fait pas toujours rigoler.

Ta plus belle nuit sur scène en tant qu’artiste, tu t’en souviens ?

Hoooo j’en ai eu un paquet et c’est dur d’en choisir une parmi toutes. Peut être celle avec le Lune Argent Ensemble, un concert avec Zombie Zombie et une dizaine d’autres amis musiciens. Une commande du festival de la Villette sonique. Il y avait des batteries, des percus, des guitares, des cuivres, des chanteurs et pleins de synthés sur scène.

D’après toi, pourquoi les gens font la fête aujourd’hui ?

Pour s’amuser. Ça n’a pas du beaucoup changé depuis que le mot fête a été inventé je pense…

Tu as l’impression de toujours faire la fête ? Plus ou moins qu’avant d’ailleurs ?

Je fais moins la fête qu’avant. Je ne suis pas un gros fêtard à la base en plus. Certainement parce que j’ai trouvé d’autres moyens de m’amuser.

Tu as l’impression que les gens ont changé de façon de sortir depuis quelques années ? 

Oui ils y vont en Uber, en velib et en auto lib. Il y a de plus en plus de façons de sortir depuis quelques années, par contre je trouve qu’il n’y a pas tant de lieux que ça où aller… le nombre de lieux de fête diminue dangereusement.

Avec Zombie Zombie

Beaucoup de gens disent qu’avant, les gens faisaient la fête de façon politique, pour briser les codes, se libérer de certains carcans, et qu’aujourd’hui la fête ne peut plus être politique, tu en penses quoi ?

J’avoue avoir du mal à associer le mot « politique » avec les termes « briser les codes » et « se libérer de certains carcans ». Dans ma tête ça n’a rien à voir… s’amuser c’est tout oublier et se lâcher. En bref le concept de la fête me semble trop éloigné de la politique.

Tu t’es déjà dit “plus jamais”, après une fête ? Il s’est passé quoi ensuite ?

Ho que oui ! plein de fois !

Et après ?

J’ai recommencé …

Tu les vois sortir comment les jeunes dans 20 ans ?

Je les vois sortir en vélo électrique..

On te verra toujours sur scène d’après toi ou t’auras raccroché ? 

Non je ne pense pas que j’aurais raccroché. Par contre j’espère que des jeunes viendront toujours me voir. Une chose est sûre, plus ça ira, moins je jouerai tard dans la nuit.

Adeline Journet

Articles similaires

Plus d'articles

Les teufs du mois

Les 5 teufs à ne (surtout) pas rater en novembre


Pourquoi vas-tu tomber la camisole de force vendredi 17 janvier à la folie ?


Interview Collectifs

Secteur H : « Chez Heetch, la teuf, c’est notre ADN, ce qui nous relie tous »


Focus

Coucou! invite Blastto : « La nuit, tu as accès à un monde que personne d’autre ne voit »