DyE aka Juan de Guillebon, c’est le mec qui se révèle au grand public il y a quasiment 7 ans, avec un clip à plus de 60 millions de vues. Deux albums plus tard, celui qui se fait discret des scènes parisiennes signe un joli retour en head liner de la prochaine Gang Bambi. Ce sera à la Java, samedi 9 décembre, et on a hâte de voir ça.
Retour en 2011, avec la sortie de son premier album Taki 183 chez Tigersushi. Ce sont eux les premiers qui mettent la main sur cette mine d’or en décidant de produire le talentueux bassiste de Joakim. Dans le lot de cet univers pop, c’est Fantasy, clip romantico-gore qui à l’époque marque les esprits. DyE revient en 2014 avec Cocktail Citron, un opus plus lumineux, plus pop, et plus sexy. Cette année c’est son nouvel EP, Emo Machine, qui marque le retour. Une chose est sûre, DyE évolue avec son temps, et sait prendre le temps de faire les choses, de les faire bien, et de rester fidèle à ce qu’il est. Pas de chiqué chez celui qui, il n’y a pas si longtemps, vivait encore son adolescence sur les traces des Kids de Larry Clark…
Tes premières fêtes, tu t’en souviens ?
Oui, au collège, on se retrouvait dans l’appart d’une copine sur l’Ile de la Cité avec toute une bande de potes. C’était les années 90. Les premières love story, les premières nuits blanches en crew…
Le truc qui les rendait inoubliables ?
Je ne me rappelle pas d’une fête en particulier, il y en avait tout le temps. C’était plus une époque qu’autre chose… On se vivait comme dans « Kids » de Larry Clark. On a tout testé.
Le truc qui aurait pu tout gâcher à l’époque, mais en fait non ?
Justement, c’est parti en live à cause d’histoires de cul…
Tu écoutais quoi comme type de musique à l’époque ?
Du rap US, français, de l’Electro-Funk façon « Zapp ». C’était la bande-son qui passait dans les teufs en appart à Paris.
Tu as changé ta manière de sortir au fil des ans ?
Après le lycée, j’étais au conservatoire et sinon je suis resté enfermé longtemps chez moi pour bosser la basse électrique. Je n’ai plus fait la teuf jusqu’à mes 25 ans. Et puis j’ai rencontré Joakim et on a commencé à jouer ensemble dans tous les plus gros clubs du monde.
Ton premier live en solo, tu t’en souviens bien ?
J’avais été invité à jouer pour mon premier album « Taki 183 » au Point Ephémère, et il y avait ce groupe suédois qui jouait en tête d’affiche, Lo-Fi-Fnk. L’effet sur le public a été dingue, c’était comme si tout le monde était sous LSD, en total love.
Le truc qui a changé entre toi à l’époque et toi maintenant ?
J’ai arrêté les jean’s neige et les cigarettes roulées.
Aujourd’hui, tu te sens comment, juste avant de monter sur scène ?
Dans les loges, je suis hyper concentré. Sur scène, je rentre dans le personnage et je kiffe l’instant.
Et après ?
Après le concert, je vais boire une bière ou un whisky au bar de la salle : j’aime sentir l’excitation qui retombe.
C’est quoi le truc qui te rend le plus heureux quand tu joues ?
Après des mois de studio à composer et enregistrer, la musique devient enfin réalité : je peux la partager avec les autres et j’ai la sensation d’un véritable accomplissement.
Tu te souviens de ton fail le plus mémorable ?
D’habitude je suis plutôt du genre à mettre du son qui tabasse. Ce soir-là je n’étais pas dans le mood : j’avais envie d’écouter des morceaux trippants et ce n’était pas forcément du goût du programmateur. Pourtant j’avais ouvert sur un track de 12 minutes de Hieroglyphic Being…
Ta plus belle nuit sur scène en tant qu’artiste ?
J’ai été invité à jouer à Bangkok et je dois dire que l’idée de quitter la France en plein hiver pour quelques jours me plaisait assez. C’était le Bukruk Festival. Je mixais à 5 heures du mat’ sous un énorme Banian, le pied total !
Et en tant que public ?
C’était en 2008, on jouait dans un festival perdu dans la forêt écossaise. On avait été invités par les mecs d’Optimo. Les Breeders sont venus jouer l’album « Mountain Battles ». Magique.
« Ce qui pourrait être de l’ordre d’une position politique dans la fête, c’est le choix des marges, du hors format… »
D’après toi, pourquoi les gens font la fête aujourd’hui ?
Dans cette époque flippante, les gens ont besoin de faire la fête. Il y a même un renouveau de la nuit à Paris, en moins snob qu’à la fin des années 2000. C’est plus ouvert, plus underground, avec des lieux comme La Station ou Mains d’Oeuvre.
Beaucoup de gens disent qu’avant, les gens faisaient la fête de façon politique, pour briser les codes, se libérer de certains carcans, et qu’aujourd’hui la fête ne peut plus être politique, tu en penses quoi ?
La fête n’est plus transgressive parce que maintenant c’est les soixante-huitards qui ont le pouvoir, c’est-à-dire des libéraux, des progressistes. Par contre, ce qui pourrait être de l’ordre d’une position politique dans la fête, c’est le choix des marges, du hors format, le choix de la musique live, pointue et radicale, par rapport au mainstream.
Tu t’es déjà dit “plus jamais”, après une fête ?
A chaque fois.
Quand tu sors, tu sors pourquoi aujourd’hui ?
Je sors quand je suis sur la guest-list et que je peux boire des coups tranquille. Et pour danser bien sûr.