INTERVIEW DU TEUFFEUR 6.0 – Le teuffeur 6.0, c’est le mec, la nana, la créature nocturne de demain, inspiré des folies d’hier, qui prend son envol dans les nuits et les matins d’aujourd’hui. C’est cet oiseau pour qui la fête est respiration, vitale, comme une bouffée d’air indispensable au bon déroulement des choses, comme un cachet qui rend aimable. On continue notre série de l’été avec le portrait de Basile, membre du Comité des Noctambules de la ville de Paris.

Sortir bien, avec envie et passion, pas pour se déglinguer, mais pour sauter en l’air, se retrouver entre ami(e)s, connaissances appréciées, kiffer un set pour le son et les baisers de celui/celle qu’on aime, jouer pour le délire, se fixer des rendez-vous, être organisé dans la fête, c’est ce qui résume bien Basile. Engagé et engageant, squatteur des quais d’Auterlitz et tendre oiseau de nuit des environs. Portrait.

 

Prénom : Basile

Ton âge : 25 ans

Dans la vie ?

Je fais de la com en freelance à l’heure où sont écrites ces lignes.

Ta première soirée en club c’était quoi ?

Le Freedom à Cherbourg, en 2008, avec des gens que je connaissais à peine…

Une anecdote ?

J’avais 16 ans, j’habitais à Cherbourg, j’étais gay à peine assumé et je connaissais cet endroit de réputation. Une boite gay en plein centre-ville de Cherbourg, il fallait que j’y aille ! J’ai rencontré par hasard des gens habitués via le petit milieu gay cherbourgeois. Il ne s’est pas passé grand chose à l’intérieur, j’étais assez timide et je n’ai parlé à presque personne. Je n’ai pratiquement pas bu et à peine dansé. Mais c’était comme une libération d’aller là-bas.

“Je sais souvent un mois à l’avance où je serai quel soir de quel week-end”

Ta plus belle et mémorable anecdote de soirée c’est quoi ?

Ce n’est pas vraiment une anecdote mais une histoire. C’était à la Flash Cocotte en février 2016. Je connaissais un petit gars d’un autre milieu que la night et je lui avais dit que s’il voulait sortir gay sur Paris un jour, il pouvait me faire signe. Il a mis plusieurs mois à se décider à prendre le RER B depuis Palaiseau mais il a fini par me dire ok je viens ce samedi”. J’avais pas vraiment préparé le truc paradoxalement, mais je me suis dit que j’allais lui faire passer une bonne soirée quand même. C’était censé être une sortie amicale entre deux potes. Sauf que rapidement, on ne s’est plus quittés et que c’est devenu quelque chose de sérieux au bout de quelques mois sans que je m’y attende. C’est toujours mon copain aujourd’hui et on fait toujours la fête ensemble. Mais c’est ce que je retire de mieux de ma vie d’oiseau de nuit.

 

La fête, ça tient quelle place dans ta vie ?

C’est du sérieux. Mais c’est surtout un moyen de voir du monde, de retrouver ses amis, de décompresser et d’être heureux. Après quand je dis que c’est du sérieux c’est notamment parce que je sais souvent un mois à l’avance où je serai quel soir de quel week-end parce que je suis assez organisé sur le sujet teuf. Puis je fais partie du Comité des Noctambules de la Ville de Paris, parce que les usagers de la Nuit doivent aussi être représentés. Je suis aussi RP Possession(/Jeudi Techno) parce que j’aime beaucoup cette soirée et que j’ai envie de pousser mes amis à y aller avec moi, et ça marche !
Tu as l’impression qu’on fait de plus en plus la fête à Paris ou le contraire ?

Je suis arrivé en 2014 à Paris et j’ai très peu teuffé la première année. Mais depuis que j’ai commencé, j’ai l’impression que cela ne s’arrête jamais (bien que je ne sorte pas tous les soirs, loin de là, pour bien faire la teuf, il faut aussi savoir dormir).

Et ça vient d’où, d’après toi ?

Il y a un vrai foisonnement de lieux, d’initiatives, de collectifs… Comme si Paris avait enfin arrêté d’avoir des complexes par rapport à d’autres villes comme Berlin par exemple. Paris a trouvé son identité et quelque soit notre style ou nos envies on peut trouver son bonheur.”

Toi, c’est quoi qui te pousse à sortir le soir ?

Il y a beaucoup de facteurs mais l’idée de retrouver du monde est souvent la première motivation. 

” Ma plus belle Nuit ? Un set de Kenny Dope inoubliable au Weather Winter 2015″

On pense quoi des after ?

Je ne sors pas vraiment en afters, les afters m’angoissent un peu… Je préfère une soirée complète qui commence à 23 h et se termine à midi, comme ça on peut partir à l’heure que l’on veut, quand on a vraiment plus de jambes. Certains vont en after parce qu’ils n’ont pas eu leur compte à 6 h du mat’ ; je peux comprendre mais c’est rare me concernant. Je suis souvent démotivé par un changement de lieu (le trajet, refaire la queue, re-payer…), du coup il ne faut pas trop compter sur moi pour l’after.

Ton record de fête, c’était quoi ?

Le Weather Winter 2015 : vendredi + samedi + after Concrete. Je ne saurais dire quel volume horaire cela représente mais j’ai très peu dormi ce week-end là. 

Ton plus grand fail de soirée ?

Quand je me suis fait tirer mon portable de ma poche à une Flash Cocotte parce que je levais trop les bras. Là j’avoue que j’ai vu flou. Je suis resté jusqu’à la fin parce que je me suis dit “foutu pour foutu”… Mais en sortant, j’ai tiré la tronche. 

Ton QG pour le before ?

Mon appart, qui semble être configuré pour ça. Et malgré nos apéros réguliers, on a de très bonnes relations avec les voisins (on leur fait des mots rigolos quand on fait des grosses teufs par contre)

Ton heure d’arrivée moyenne en boîte ?

Minuit, j’aime arriver tôt pour m’approprier le lieu quand il n’y a pas encore trop de monde et aussi ne pas trop faire la queue à 1 h 30 quand tu n’as qu’une envie : danser.

Heure de départ ?

6h30, enfin entre 6 et 7 en général.

Ta boisson porte-bonheur ?

Vodka-Pomme, sans hésiter une seconde.

 

Et celle qui soigne ta gdb du lendemain ?
Un bon thé noir aromatisé (accompagné d’un Nurofen j’avoue), je ne connais pas mieux pour se remettre d’attaque.
Drogue dure ou drogue douce ?
Douce = les bisous de mon copain au milieu de la piste. Je ne connais pas mieux.

Ton track de la teuf ?

Tu choisis comment tes soirées ?

Par rapport au style de musique (techno, house) et au line-up avant tout. Il faut que la musique soit bonne. Et après, au degré d’infiltration du lobby LGBT. Bien qu’une soirée pas du tout gay ne me dérange pas, il faut quand même qu’il y ait un esprit de tolérance.

L’artiste qui te fait adhérer direct au line-up ?

J’ai clairement des artistes préférés qui me font rappliquer de suite (Cleric, Perc, Function…) mais je choisis plus un line-up complet qu’un artiste particulier. Quand je vais à la Possession par exemple, c’est en général l’ensemble du line-up qui m’attire.

Ta plus belle nuit en club ?

Je pense que c’était le Weather Winter 2015, le samedi soir. Un set de Kenny Dope inoubliable, j’ai sauté partout. C’était vraiment exceptionnel, sans doute parce que c’était la première fois que je faisais un truc de cette envergure. J’aime toujours autant, voire même beaucoup plus, aller en soirée techno-house, mais celle-là garde une place particulière dans ma mémoire.

Le meilleur club actuel pour toi ?

J’ai un gros faible pour les Nuits Fauves, même si je suis plus soirée ponctuelle que club en particulier (genre Possession ou Flash Cocotte une fois par mois et qui changent régulièrement de lieux ces derniers temps).

Tu chopes ou tu te laisses choper ?

Clairement je me laisse chopper. J’ai certes déjà quelqu’un mais quand on sort, on est un peu permissifs l’un envers l’autre, à condition que ça reste au stade de jeu” (aussi par respect pour la personne qu’on a en face de nous, afin qu’il ne se fasse pas trop d’idées). Je n’ai jamais été un grand dragueur, je suis plutôt du genre à aimer parler tranquillement cinq minutes avec tout le monde. Du coup si on vient vers moi, je dis oui ou non, mais je vais très rarement lancer les grandes manœuvres. 

Tu seras quel type de teuffeur dans dix ans ?

Je n’en ai aucune idée. Sans doute beaucoup plus calme qu’aujourd’hui. Ou alors de l’autre côté du rideau en organisant quelque chose, pourquoi pas…

Si tu as des gosses, tu les vois sortir comment dans 20 ans ?

J’ai du mal à me projeter sur ce que je ferai dans un an, alors des enfants… J’espère juste si j’en ai que niveau sorties, ils traceront leur proche chemin comme moi qui me suis éloigné des soirées étudiantes de province pour finir dans les clubs techno et/ou LGBT de Paris. Qu’ils auront développé seuls leurs propres goûts quoi.

Un samedi comme un autre, 3 h du mat’, on te trouve où ?

Sur une piste de danse à sauter partout en levant les bras.