De la scène rave lyonnaise des années 90 aux 50 tonnes de sable (presque) fin installés au Glazart à l’occasion de la PlageBpm Newtrack de samedi 11 juin, qui aurait dit qu’il n’y avait qu’un pas ? Et pourtant, Freddy J, aka Umwelt is back, chargé de son bac à vinyle et de son son, qui ne ressemble à aucun autre.

Vingt ans déjà que le lyonnais trimbale de rave en rave, de teuf en teuf et de club en club, ses nappes acides et envolées frénétiques. Teuffeurs d’hier et actuels jeunes allumés du dancefloor ne s’y sont pas trompés. Umwelt balance sa propre vision du cosmos, en pâture aux caves et autres endroits confinés. Umwelt rassure, Umwelt déglingue, Umwelt t’éteint, le temps d’un set, au futur antérieur. Invité par le collectif Newtrack pour l’ouverture de ses PlagesBpm, nous avons voulu en savoir un peu plus, sur ce vétéran de la Rave française.

On te considère un peu partout comme un vétéran de la scène Rave Française. T’en penses quoi ?

Le terme « vétéran » me fait marrer. Ça fait un peu le gars qui revient de la guerre et que l’on décore pour sa bravoure et son honneur ; au fond c’est une forme de respect, donc c’est cool, j’aime bien !

Si tu devais en citer d’autres, des vétérans qui tournent encore, il y aurait qui ?

J’ai beaucoup de respect pour des artistes français comme Manu La Malin, The Hacker, Terrence Fixmer, Zadig et bien sûr Laurent Garnier. J’en oublie bien sûr mais faire une sélection est difficile.

Certains parlent aujourd’hui de « nouvel âge » de la Rave. D’accord ? Pas d’accord ?

Je n’en pense pas grand-chose. L’esprit Rave a toujours existé pour moi. Ce qui se passe en ce moment c’est que la nouvelle génération semble plus ouverte d’esprit, un peu plus en rébellion contre l’establishment, avide de liberté et surtout curieuse !

C’était comment tes débuts dans la scène Rave, à Lyon ?

Le mouvement Rave à Lyon a vraiment été lancé en 1993 avec le squat l’Hypnotique sur les pentes de la Croix Rousse. A l’époque, on n’était pas nombreux à jouer ce style de musique, les connexions étaient plus faciles et plus rapides, on avait nos repères, nos codes. Puis tout est allé très vite, je me suis retrouvé résident à L’Hypnotique et sur l’émission de radio « Teknoland ». Le dimanche soir on invitait les djs de passage pour mixer à Lyon et le samedi on s’incrustait dans une autre émission plus généraliste, pour donner en direct les infolines des soirées. Les choses ont tellement pris de l’ampleur que la Radio à du arrêter l’émission suite à des pressions préfectorales. C’était une époque assez folle, on ne calculait pas grand-chose. Ce que je sais aujourd’hui c’est qu’on ne se rendait pas compte de la chance qu’on avait de vivre ces moments fantastiques.

C’est quoi ton premier gros choc musical ?

La plus grosse claque dont je me souvienne c’est la retransmission de la rave « Maxximum Power Zone » du Bourget sur Radio Maxximum en décembre 1990. Toute la nuit, dans ma chambre, je chargeais des cassettes pour enregistrer la totalité de la soirée. Je les ai écoutées en boucle pendant des mois jusqu’à ce que la bande lâche. J’en ai encore deux ou trois dans mon grenier. Cette soirée m’a marqué à jamais…

Ça te fait quoi de jouer aujourd’hui devant un public plus formel que celui des raves ?

Je dirais que cela dépend surtout des lieux et des line-up proposés. Il y a beaucoup plus de clubs et de festivals qu’à l’époque. Les soirées sont plus institutionnelles et il y a moins l’esprit libertaire qui animait les raves des années 90. Mais j’ai bon espoir, il y a plein de nouvelles orgas qui font preuve de créativité tant en ce qui concerne les lieux que les plateaux !

Préparer un set pour toi, quelque soit le public, c’est…

…c’est passer beaucoup de temps à la préparation de son bac à vinyles ! Jouer exclusivement du vinyle oblige à être plus sélectif.

Si tu devais reprendre une émission radio comme Teknoland à l’époque, tu penserais à inviter qui en premier ?

Je choisirais un artiste de la nouvelle génération qui représente bien l’esprit rave et la scène actuelle. Le producteur grecque Morah , par exemple. Il serait parfait !

Le meilleur track pour un closing sur une plage en coucher de soleil ?

Je n’ai jamais testé cette situation, je pense que ça dépend aussi de la plage, sable ou galets (rires). Mais mon track acid trance Motor Coordination pourrait faire l’affaire !

Tu as sorti deux nouveaux labels il y a quelques années New Flesh et Rave or Die, il y en a un des deux qui te tient le plus à cœur ?

Un plus que l’autre ? non ! Les deux sont complètement différents et complémentaires. J’ai lancé New Flesh en 2010. J’y invite des projets très électro et pointus avec des artistes très différents, confirmés ou non, français comme Franck Kartel, Jauzas The Shining et Dynarec, et étrangers comme Defekt, Univac, Rogue Frequency (à venir en Juillet)… quant à Rave Or Die c’est plus un délire perso où j’invite des artistes pour des splits avec moi, plus orientés dancefloor rave et trance.

Il y une ville, un endroit en particulier, une ambiance dans lequel/laquelle tu aimes tout particulièrement jouer ?

J’ai bien aimé Athènes. J’y suis allé récemment pour jouer au FASMA Festival et j’ai adoré l’atmosphère de la ville qui mélange la douceur du climat méditerranéen, la présence forte de l’Antiquité et les tensions liées à la crise que subit le pays. J’ai beaucoup aimé les rencontres que j’ai faites là-bas ainsi que le public.

Et si tu ne faisais pas de musique, tu ferais quoi de ta vie, de tes journées ?

Essayer de survivre !