rAHHH, comme un soupir entre envie et surprise. rAHHH ou une réaction à la nouveauté. À ce qui bouleverse sur le moment, dans la découverte et la candeur la plus complète. Dans l’enthousiasme et la spontanéité, rAHHH est un plongeon vers les eaux turquoises de l’urban London. Entre afrobeat, wave et influences rap et grime, son univers intrigue, nourrit la nouvelle scène londonienne, et dans le plus dur, sa poésie émeut.

rAHHH sortait son premier EP fin 2017 sur Gobstopper et fera sa première française à Paris, samedi 30 juin pour la Dancing Shoes du début d’été, à L’International, au côté de Bob Sleigh ou encore Sylvere. Depuis Londres, quelques questions pour le découvrir avant son grand soir, entre influences baile funk et passion pour la Gqom.

Pourquoi ce nom, rAHHH, d’où ça vient ?

C’est un mot d’argot en anglais, une exclamation qui te sort quand t’es surpris ou excité par un truc, peut-être en écoutant une chanson tu vois, ou par rapport à une situation donnée ? J’ai voulu donner à ma musique quelque chose de très londonien, et « rah » fait partie de ces mots qui sonnent très « Londres »; c’est un truc qui vient toujours comme ça, par inadvertance, c’est une action involontaire, et ça m’a paru une bonne idée sur le moment. Rahh.

Tu as commencé quand à faire de la musique ?

Vers 2010/2011. Ce sont les amis de ma soeur qui m’ont fait découvrir le dubstep ; je me souviens entendre une chanson de Skream, Stagger… jusqu’à cette époque je n’avais pas vraiment prêté attention à la musique électronique. C’est là que j’ai commencé à digger des morceaux, à essayer de comprendre comment ils se construisaient, puis je m’y suis mis moi-même. J’avais fait partie de plusieurs groupes à l’école, mais c’était là ma toute première expérience en matière de production musicale. Depuis, j’ai eu plusieurs projets, j’ai parfois fait des pauses mais j’ai toujours fini par revenir à ce projet, c’est devenu une partie intégrante de ma vie.

Tu te souviens de ton tout premier remix ?

Oui, c’était une chanson d’Alkaline, Living It Up.

Pourquoi cette chanson là ?

Tu sais, parfois, une voix dans une chanson attire ton attention, et te donne envie de lui donner une autre direction ; c’est ce que j’ai ressenti en écoutant les voix, quasiment assourdies par l’instrumentale, dans la chanson d’Alkaline ; je voulais leur donner plus d’espace, pour faire danser, et plus d’harmonies.

Tu viens tout autant du monde de l’afrobeat que du rap, ou d’influences plus waves, d’où vient cette hétéroclysme ?

Mes influences changent sans arrêt, il y a toujours quelque chose de nouveau, de frais, qui m’inspire ; en ce moment tu vois je m’intéresse beaucoup au baile funk, à sa vibe dure et minimaliste, ses structures ultra simples. Des centaines de morceaux sortent tous les mois et ils semblent tous capter un moment assez pur et sauvage d’énergie ; les artistes les enregistrent sans artifices, et les postent directement sur YouTube, sans réel mastering ou arrangement. Je pense que ce genre de truc remet les choses à leur place, ça me fait me souvenir qu’il est important de rester simple parfois dans ce que l’on fait. D’autres trucs m’inspirent, comme la musique Gqom (sorte de house teintée de musiques traditionnelles) par exemple. Entendre des morceaux d’artistes comme RudeBoyz ou encore DJ Lag, dans une pièce sombre et petite, ça te fait ressentir cette sorte de pression continuelle depuis Durban (anciennement Port-Natal en Afrique du Sud) construite à partir des rythmes les plus simples.

Du coup, ton univers en trois mots ?

Levers de soleil, nostalgie et naivité.

Tu es né à Londres c’est bien ça ? Y’a un truc en particulier que tu aimes dans l’industrie musicale à Londres ?

Oui, né à Londres et plus ou moins coincé là-bas. À Londres, il y a tellement de choses pour nourrir ton inspiration, je parlais de la musique Gqom tout à l’heure et pour moi, il est totalement incroyable de pouvoir me pointer dans un petit club de Tottenham et d’y trouver des orgas capables de consacrer des soirées dédiées à cet obscure genre musical sud-africain, juste par amour de cette musique. C’est quelque chose d’assez commun aujourd’hui à Londres, on trouve de plus en plus d’orgas passionnés par la musique et rien que la musique, non la mode ou le business, mais juste un groupe de gens qui aiment faire de la musique, des arts, des vêtements ou n’importe quoi d’autre en s’inspirant de choses ou d’idées tirées du monde entier.

Tu te sens comment avant ta première en France, en particulier à Paris ?

Je suis super excité ! J’imagine qu’avec les chansons que je vais jouer et cette touche très Londro-centrée, je me sens un peu comme une espèce d’ambassadeur de la ville, d’une manière un peu étrange d’ailleurs ; du coup ou-é je suis super excité à l’idée de représenter Londres et cette mouvance là.

Y’a un truc qui te connecte à Paris ?

J’ai toujours ressenti beaucoup d’amour et d’amiration pour des labels comme Sound Pellegrino, ou encore la team Club Cheval, ou ClekClekBoom, puis certains éléments issus d’Ed Banger. Paris m’est toujours apparue comme très indépendante dans son rayonnement, avec une forte influence, très futuriste, de sa musique club, qui, de mon point de vue, manque aujourd’hui à la scène londonienne.

Qu’est ce que tu aimes dans la nuit, que le jour ne t’apporte pas ?

J’imagine que la nuit te donne la chance de découvrir des gens, de faire en sorte qu’ils baissent leur garde plus facilement, qu’ils mettent de côté leur inhibitions, et deviennent plus sensibles à de nouvelles idées, de nouvelles musiques et de nouveaux types de population qui émergent. Il y a quelque chose de très particulier dans le fait d’être dans un club sombre, entourés de tout un tas d’inconnus, faire face à des enceintes et danser jusqu’à ce que le soleil se lève…