INTERVIEW DU TEUFFEUR 6.0 – Le teuffeur 6.0, c’est le mec, la nana, la créature nocturne de demain, inspiré des folies d’hier, qui prend son envol dans les nuits et les matins d’aujourd’hui. C’est cet oiseau pour qui la fête est respiration, vitale, comme une bouffée d’air indispensable au bon déroulement des choses, comme un cachet qui rend aimable. On continue notre série de ce début d’hier avec Mathilda… Et tu la connais déjà très certainement.

Mathilda, c’est le genre de fille que tu croisais fut un temps dans toutes les bonnes soirées queer de Paris. Mais attention, là seulement où la musique était bonne. Là seulement où la programmation était au poil. Vibrante. Un peu agressive. Innovante. Mathilda, tu savais un peu qu’elle en ferait sa vie, son affaire, du club, une fois l’âge (vraiment) adulte venu. C’est pari gagné. Et Mathilda aujourd’hui, certains font même mine de la connaître pour rentrer en soirée. Si si. Les rigolos. Et Mathilda tu ne la croises pas que dans les bureaux des Nuits Fauves et Wanderlust, tu la croises aussi (et surtout), à fond, sur des dancefloor techno, la main en l’air, et quand elle danse, t’a pas envie de la déranger, parce qu’elle, le son, elle le kiffe. Vraiment. Incollable sur tous les nouveaux artistes techno à ne surtout pas rater, sa plus grande fierté aujourd’hui, c’est la Possession. Et elle a bien raison. Portrait .

Ton prénom : Mathilda

Ton âge : 26, bientôt 27 ans

Tu fais quoi dans la vie d’ailleurs, officiellement ?

Je suis chargée de communication des clubs Nuits Fauves et WanderlustParallèlement j’organise des soirées techno : Possession et Jeudi Techno

Et plus officiellement, tu aimerais te présenter comment ?

Mathilda 26 ans, couche tard – lève tard

“Je me rappelle mentir à ma mère pour aller au Pulp vers 2007 la plupart des jeudi soirs pour y voir Cardini

Ta première soirée en club c’était quoi ?

J’ai commencé à sortir dans des bars quand j’étais au lycée. Je squattais pas mal tout ceux du quartier de mon lycée de l’époque aux alentours de Parmentier/Oberkampf. Par la suite, tous les bars de lesbiennes (il fallait bien trouver des lieux pour draguer) comme le 3W ou encore le Troisième Lieu.

Je crois que mes premiers clubs étaient les Souffleurs et le Pulp (ça reste assez vague dans ma tête). Je me rappelle mentir à ma mère pour aller au Pulp vers 2007 la plupart des jeudi soirs pour y voir Cardini et autres avec ma meilleure amie de l’époque Anaïs. Je devais avoir 16-17 ans. On s’habillait très mal et on dansait un peu la tecktonik… J’y ai aussi rencontré mes premières vraies vraies copines… Je me rappelle d’ailleurs de toutes ces nanas qui dansaient en bougeant les hanches avec les mains sur les côtés devant les glaces du club, généralement sur un Booka Shade Vs Vandalism Never Say White Rooms ou encore French Kiss de Lil Louis. Les lesbiennes du Pulp étaient en fait les premières pistos” ahah.

Et plus tard ?

Après le Pulp et la plupart des bars lesbiens, j’ai tenté une bonne dizaine de fois d’entrer aux soirées Clitorize qui à l’époque se passaient à la Flêche D’or… Sans succès, mon âge ne passait jamais. Je me rappelle avoir été longtemps frustrée de ne pas pouvoir entrer ahah.

“On a fini par faire after sur le toit du Lidl du bout de la rue de chez mes parents…”

T’as une soirée qui t’a marquée plus qu’une autre à l’époque ?

Oui, au Social Club, une date restera gravée : le 28 août 2008 avec The Bloody Beetroots et Toxic Avenger… Le club était blindé, c’était un joyeux bordel, la queue était immense et je me rappelle m’être dit que c’était ce genre d’événements que je voudrais organiser, faire ça de ma vie ! C’était aussi l’âge d’or des soirées Furie et Barbi(e)turix.

Ta meilleure anecdote de soirée ?

Y en a eu tellement ahah… 

  • Me faire virer du Social Club car soit disant j’avais tagué les chiottes au posca. Je me rappelle avoir attendu mes potes une heure devant en ne cessant de demander très bourrée au videur ce qu’était un posca”. On a fini par faire after sur le toit du Lidl du bout de la rue de chez mes parents en attendant que ma mère s’en aille…
  • Toutes les fois où je laisse apparemment place à mon jumeau diabolique Mathildo”
  • Terminer par dire à Pfirter lors d’une Possession au Dock Pullman que même si je suis lesbienne c’est le seul mec avec qui je ferais l’amour”… oui oui…
  • Draguer la lieutenant de police qui était devant notre lieu à Saint Denis alors que j’étais en pleine montée d’ecsta…
  • Puis forcément des histoires de cul mais je vais les garder au chaud…

La fête, ça tient quelle place dans ta vie ?

Ça va faire très cliché mais ça tient une énorme place dans ma vie. Enfin pas forcément la fête mais la nuit en tout cas. Je travaille pour un club, certains weekend et jeudi j’organise des soirées. Quand j’en organise pas je sors à celles des copains… C’est un moyen pour moi de me défouler quand je ne les organise pas, et quand je les organise, de permettre aux gens de se défouler.

Tu as l’impression qu’on fait de plus en plus la fête à Paris ou le contraire ?

De plus en plus, un peu trop même (?).

Mais ça vient d’où, d’après toi ?

Je pense qu’on se sent un peu oppressés dans notre vie de tous les jours. Notre génération a fait de plus ou moins longues études pour finir sous-payés avec un boulot de merde (parfois pas dans notre secteur de prédilection). Le weekend je pense qu’on a besoin de se défouler et de s’écarter d’un quotidien qui ne nous plait pas vraiment. D’où la prise excessive de prods et des soirées qui terminent toujours de plus en plus tard.

Toi, c’est quoi qui te pousse à sortir le soir ?

Le line-up et les copains (mais j’avoue surtout le line-up).

Je ne pourrais jamais sortir dans un lieu ou à une soirée si je n’apprécie pas les artistes qui y passent. Quand je suis en club j’adore danser et je suis très tatillon sur la sélection des artistes ahah… Déformation professionnelle.
“Après 72 h de fête, t’es pas bien, un vieux débris et tu n’oses pas te regarder dans la glace ni prendre le métro, haha”

Tu vas en after ?

J’y allais. Je n’y vais plus trop.

Pourquoi ?

La raison est simple, à chaque fois que je me lève je me rappelle que je n’ai plus 18 ans…

Ton record de nombre d’heures de fête ?

Oulah, je crois que c’était 72 h, une soirée en club puis deux jours d’after plus tard… À la fin t’es pas bien, un vieux débris et tu n’oses pas te regarder dans la glace ni prendre le métro ahah. Et récemment, cet été au Dekmantel avec une amie, Alex, qui avait réussi à m’avoir un pass gratuit. Je sortais d’une Possession le mercredi à Concrete, d’une jeudi techno à Nuits Fauves dont j’ai dû partir directement pour prendre le train à 7 h et arriver à Amsterdam pour le Dekmantel 4 heures après… S’en est suivi trois jours de teufs intensives, un set / live hybrid de Robert Hood INCROYABLE, ainsi qu’un set de Master at Work qui résonne encore dans ma tête dont ce track Seven Davis Jr Sunday Morning (Kaytronik Ruff Kut Mix) que j’ai ramené dans ma hotte et qui a servi à tous mes before.

Johanna Depute


Ton plus grand fail en soirée?

Arriver devant un club pour une date qui se déroulait en fait le lendemain. Et sûrement pleins d’autres choses dont je ne me rappelle plus…

Tu arrives au bar, c’est quoi le truc que tu commandes direct ?

Un Jaggerbomb ou une vodka redbullTu peux nous raconter ta plus belle nuit en club/soirée ?

Je crois que du coup c’est une des soirées que j’ai organisées. J’ai aimé toutes les Jeudi Techno et les Possession mais il y en a quelques unes qui sortent du lot. La première Possession au Gibus le 18 septembre 2015 avec Ansome (live), Roman Poncet, Milton Bradley et Psyk pour l’excitation et le stress que j’avais, ainsi que l’énorme foutoir que c’était à l’intérieur !! Mais aussi une Perc Trax que l’on avait fait en novembre avec Perc, Truss, Bleaching Agent, Randomer et Ansome  qui était une grosse folie. Je me rappelle aussi d’une Concrete avec Pole Group : le set sur le woodfloor de Tripeo m’avait complètement retourné !

Pour ce qui est des teufs à l’étranger je pencherais pour le Kit Kat… mais ce qui se passe au Kit Kat reste au Kit Kat !

Tu es de type qui chope ou qui se laisse choper ?

Les deux.

Je suis une fille facile.

L’artiste qui te fait adhérer au line-up ?

Y en a plusieurs : Perc, Tripeo, Henning Baer, Luke Slater, Shlømo, AWB, Anetha

Le meilleur club actuel pour toi ?

Kompass (Gand), Berghain (Berlin), Nuits Fauves (Paris)

Le remède qui soigne ta gdb du lendemain ?

Un bon vomito

Ton QG pour le before ?

Chez moi avec mes ami(e)s

Ton heure d’arrivée moyenne en boîte ?

1 h  1 h 30

Heure de départ ?

La fin généralement sauf si la musique ne me plaît pas

Un samedi comme un autre, 3 h du mat’, on te trouve où ?

Dans le DJ booth, sur la piste de danse ou dans mon lit

Drogue dure ou drogue douce ?

Dure

Ton track de la teuf ?

Impossible de n’en mettre qu’un…

Aron Mcfaul Well Ummm

Unrest I Will Survive (Bum Bum Club Mix)

Blake Baxter Ride Em Boy

Binny Terraform

Quel type de teuffeur seras-tu dans 10 ans, d’après toi ?

J’espère avoir arrêté un peu la teuf, être un peu plus posée et toujours organiser des soirées

Si tu as des gosses, tu les vois sortir comment dans 20 ans ?

Alors si j’ai des enfants, ils ne sortiront pas (maman poule) ahah. Plus sérieusement je les vois faire la fête mais de manière raisonnable. Sortir autant qu’ils veulent si ils sont sérieux la semaine. Et j’espère que dans 20 ans on aura d’autres super clubs que je ne connais pas encore.