Qui aurait cru qu’un jour une bande de filles, une bande de gouines de surcroît, organiserait des teufs dans les plus gros clubs de Paris (et d’ailleurs, d’ailleurs) et réussirait à réunir tous les deux mois quasiment 2000 filles autour d’un seul thème : l’amour et la fête ? Le crew Barbi(e)turix l’a fait, et continue de le faire avec brio, classe et impertinence. Son public ? Des filles qui aiment les filles, des féministes d’hier et de demain, des créatures de la nuit aux envies multiples, des amoureux de musique électronique, des gentils garçons aux sourires béats. Voilà. Et déjà 13 ans que ça dure ! Magique non ?

A l’occasion de leur grande rentrée au Cabaret Sauvage samedi 9 septembre pour une Wet For Me-idols edition de tous les feux, elles invitent la magique Karin Dreijer, leader de The Knife et Fever Ray (rien que ça). On a donc décidé de s’intéresser de plus près à cette bande de teuffeuses-mais-pas-que via trois piliers de la bande :  Rag aka Tonton, Lubna aka Luby, NJ aka Ramasse 3000.

Marie Rouge

Présentez-vous ou taisez-vous à jamais…

Rag : Rag, 38 ans, programmatrice, dans le collectif depuis 2009

Lubna : Lubna, 27 ans, cheffe (d’équipe dans le secteur muséal). Entrée dans les rangs en 2011.

NJ :  Angie, 28 ans, chargée de production (= intermittente ). A payé son boule pour rentrer en 2011, aussi. 

Vous êtes combien au sein du collectif ? Il existe depuis quand ?

Rag : Une quinzaine en fonction des envies de chacune. Le collectif existe depuis 2004

Lubna : On se fait vieille …

NJ : J’aurais pas dit mieux. 

Quand il est 4 h du matin en soirée et qu’on vous demande ce qu’est Barbi(e)turix?

Rag : Une bande de pisseuses qui essaient de faire bouger les choses avec des paillettes. Comment ça, spa clair ? Tiens, prends un pisse-debout.

NJ : Un collectif lesbien qui fait des soirées. Nan mais y’a pas que des gouines, moi chu bie, par exemple, tu vois. En fait, c’est plutôt féministe. Mais genre ouvert. Ah on a un webzine et un fanzine, aussi. Comment ça, spa clair ? Tiens, prends un autocollant.”

Lubna : Des gouines qui font des événements pour les gouines. Moi pour le coup c’est très clair”

Bon mais en vrai ?

Rag : un collectif qui bosse dur pour donner de la visibilité aux femmes et aux lesbiennes. Mais pas que.

Lubna : Des filles qui veulent faire vivre la communauté lesbienne, bie et trans en lui proposant des événements à la hauteur de ses ambitions.

NJ : Trash but class

Qui s’occupe de quoi dans le collectif ? 

Rag : Je m’occupe de la DA et de la prog des soirées.

Lubna : Je m’occupe du rédactionnel : envoi de newsletter, articles promo, event, etc

NJ : La caution bie de la team. En vrai, j’écris également. Et je suis aussi couteau-suisse de Tonton.

Olivia Sinzou

Votre soirée la Wet For Me, elle est née comment ?

Rag : D’une séance de brainstorming qui a fini en concours de qui boit le plus de shot de vodka.

Lubna : Je sais pas, j’étais pas née !

NJ : Pareil que Luby, je buvais encore du Nesquik à la paille.


Organiser des teufs pour vous, ça représente quoi ?

Rag : Quand tu vois un dancefloor bouillonnant et en train de s’éclater, tu te dis que tu ne fais pas ça pour rien.

Lubna : Comme je suis plutôt solitaire de type casanière, c’est pour moi la rare occasion de voir plus de 1500 gouines réunies.

NJ : 160 BPM

Rag : “les filles n’ont pas du tout le même accès aux soirées et aux loisirs que nos ami.e.s hétéro ou gay”

Votre toute première Wet For Me vous vous en souvenez ?

Rag : Princess Superstar, une dj américaine, était aux platines, c’était au Nouveau Casino. Il y avait un ventilo devant la table dj pour qu’elle puisse avoir de l’air dans ses cheveux et faire son effet parce que je le vaux bien” J’ai trouvé ça cheap et génial à la fois, surtout dans une soirée lesbienne.

Lubna : J’avais 21 ans. C’était au nouveau Casino, en plein mois de février. J’étais avec des copains de la fac. Pendant la soirée, mon pote et moi, on aperçoit Julia Lanoe de Sexy Sushi au bar, seule. Mon ami fonce sur elle et lui demande si elle est accompagnée car sa pote est célibataire. J’ai eu extrêmement honte. Sinon, en rentrant, j’ai glissé sur une plaque de verglas et j’ai eu un bleu mémorable sur le coccyx pendant deux mois. 

Marie Rouge

NJ : C’était en 2011 au Nouveau Casino avec Peaches. Je venais d’entrer dans le crew. Rag m’effrayait encore et j’me suis retrouvée plaquée contre les escaliers du fond par la foule et la folie. C’était incroyable et je me suis dit que j’allais encore fréquenter encore quelques temps ces têtes de coupe au bol (bah oui, on était en 2011, et c’était la mode).


Le truc dont vous êtes fiers avec les soirées que vous organisez ?

Rag : Quand tu reçois des messages du genre merci d’exister”, ça fait “waw”. Ça fait réfléchir aussi, ça te rappelle que les filles n’ont pas du tout le même accès aux soirées et aux loisirs que nos ami.e.s hétéro ou gay.

Lubna : Voir des filles de tout âge et de tout horizon se mélanger !

NJ : Quand personne ne veut repartir à 6 h et surtout, la mixité !

Votre rêve à chacune avec Barbi(e)turix ?

Rag : Pouvoir inviter Beth Ditto à l’un de nos événements

Lubna : En vivre tant qu’à faire !

NJ : Vas y, Lubna, arrête de regarder par dessus mon épaule ! 

L’égérie ou la star que vous aimeriez voir un jour dans le public de la Wet ?

Rag : Beth Ditto

Lubna : Rag tu te répètes. Kristen Stewart. J’assume mon côté résolument midinette.

NJ : Erika Linder. No comment.

Marie Rouge

Le DJ que vous rêveriez d’inviter ?

Rag : Maya Jane Coles

Lubna : Maja Jane Coles

NJ : M.I.A, spa une DJ mais j’ai l’droit

Votre plus beau souvenir de Wet For Me jusqu’à aujourd’hui ?

Rag : La Wet qui s’est déroulée quelques jours après les attentats du 13 nov 2015. On a failli l’annuler puis nous l’avons finalement maintenue. Il y régnait une ambiance incroyable, beaucoup d’amour.

Lubna : La Wet qui a suivi le vote du mariage pour tous. On a sorti les cotillons, le champagne et toute la foule a communié autour de cet événement décisif.

NJ : La première Wet For Me hors les murs, à Lyon. 

Votre track préféré à écouter en after c’est quoi ?

Rag : Je ne vais plus en after depuis que j’ai un appartement.

Lubna : Je fais plus d’after depuis que j’ai un chat

NJ : I feel love” de Donna Summer. 

Pourquoi on va en after d’ailleurs ?

Rag : Pour éviter la lumière du jour.

Lubna : J’ai jamais vraiment compris

NJ : Parce qu’on n’arrive plus à se quitter. 

En dehors des soirées on vous trouve où un vendredi soir habituel ?

Rag : Devant Koh Lanta

Lubna : au MOB hôtel à Saint Ouen.

NJ : Dans le coin de Goncourt avec mon fillot, Chloé également pilier de la team  

Le truc le plus WTF qui vous soit arrivé en soirée ?

Rag : Me faire bouffer le cul (et à mon insu) par une drag queen alors que je mixais. Le lendemain ma copine a découvert des paillettes dans ma culotte, moment de gêne.

Marie Rouge

Lubna : Accepter de participer à une performance (alors que je suis plus timide qu’une enfant de trois ans le jour de la rentrée) avec Louise de Ville. Performance qui avait pour thème la chatte” et qui consistait à mimer un rapport sexuel habillé en main et en chatte géante. J’ai fait la main : mon costume n’avait pas de trous pour les yeux, il faisait 45 degrés à l’intérieur. Mais sinon c’était chouette.

NJ : Ne pas arriver à faire péter un cotillon. Sur la scène. Et le balancer en détresse à Nari, avec un regard apeuré. La honte. 

La fête pour vous c’est …

Rag : 48 heures de hangover

Lubna : L’équivalent moderne d’un rituel païen

NJ : Standing in the way of control 

Lubna : “BBX dans dis ans ? Dix marmots avec des casques anti-bruit dans la fosse de la machine”

Un ou des collectifs / soirées dont vous vous sentez proches ?

Rag : House of Moda + Fils de Vénus + Brain + Kidnapp + tant d’autres

Lubna : Fières !

NJ : Fils de Vénus (réponse inachevée hein)

Barbi(e)turix dans dix ans, ça donne quoi ?

Rag : Des booms pour bb Thalys

Lubna : Dix marmots avec des casques anti-bruit dans la fosse de la Machine

NJ : Une Wet For Me au Château Marmont. Ou au Cap Ferret, on hésite encore.