Le dj aka celui sans qui le dancefloor serait mort. Le dj, c’est lui qui donne le ton, un sens au rythme de ton petit pas de danse, une raison à la vie de ton déhanché tout chaloupé, une façon de palier à ton mauvais pas chassé. Il est magicien, artiste, jongle avec tes sentiments, bourreau des coeurs, c’est lui qui dit « la nuit, je mens ». Baratineur et meilleur ambianceur, doué de ses doigts, de ses mimines en général, tu rigoles de ses mimiques mais bon sang « qu’est ce qu’il est sexy ?! ». On a décidé de lui consacrer un portrait, juste pour lui, pour lui dorer l’égo, le temps de quelques simples mots.

Il s’appelle : “Dj Ombre”, “100% heat”, “Tragédie de platine” ou « Dj Pl1lenëz ». Sinon, il utilise son prénom, simplement, parce qu’il a clairement la flemme. Un dj a souvent la flemme. Il change même parfois une lettre ou deux, pour faire l’original. Antoine se transforme alors en « Antione », Arnaud en « Arhnaugh » et Rachid en « Richad ». Un dj est toujours original.

Celui dont on parle s’appelle Etienne. Il se fait appeler “Dj Pl1lenëz”. Il explique le jeu de mot à chaque soirée, il met tout le monde mal à l’aise, « non mais quand même, il pousse un peu le gars », mais on continue d’le booker, parce qu’il mixe pas sur Traktor le gars, et qu’il réussit une transition sur trois et pour la scène actuelle c’est quand même pas si mal.

Signe particulier : Il passe sa life en ramasse, toujours le casque autour du cou et utilise beaucoup trop l’expression « sa race ». il aime le Club Mate, la bouffe vegan, mais rajoute toujours un supplément bacon. Il part en vacances dans des endroits super exotiques perdus au “milieu de nulle part” connus de tous, puis il fabrique des colliers en coquillage pour se « rapprocher de l’essentiel », parce que c’est “trop trop cool”. Un dj ne dit pas “trop” mais “trop trop”, ou-é c’est comme ça – Puis le plus important, l’INSTAPAUSE. L’été venu, les hashtags fusent et les likes s’affolent… #troptropcool #holidays #nowhere #lostintranslation #beautifulpeople et autres #nofilter #beautifullife et #beautifulpeoplewithbeautifulproblems

Son véritable signe astro : Cancer pour les gentils juste un peu névrosés. Scorpion pour ceux qui brisent des cœurs, mais il dit à tout le monde qu’il est Vierge ou Lion, parce qu’il a lu dans le GQ du mois de juillet que c’était le signe le plus en vogue pour 2018…

Son heure d’arrivée en club : A ses débuts, il jouait les bons élèves et débarquait au moins une heure avant de jouer. Il sifflait son verre tranquillou, tapait la discute aux orgas, se prélassait en backstage l’air de dire “coucou c’est moi qui joue bientôt”, derrière ses lunettes de marque allemande à 5 e achetées à crédit chez Guerrisol. Désormais c’est lui qu’on attend. Quand on le booke, on lui dit qu’il joue à 17 h pour être sûr qu’il se pointe avec moins de 20 minutes de retard. Un dj star, on l’attend. Oui monsieur.

Son % de chope : 150 % à 8h du mat’ en after, 78% derrière les platines, parce qu’il a beau être B.G., sa façon de chanter quand il lance un track depuis quelques mois, c’est… PLUS POSS’. La semaine dernière il a même… pris le micro. Oui. Voilà. Le dj vieillit lui aussi…

Son heure de départ du club : Un dj ne quitte jamais le club, sache le. Quand tu crois qu’il est parti il est encore là. Le dj est toujours un peu là, tapis dans l’ombre. Le dj fait partie du club, tu le vois pas arriver, et tu le vois jamais partir, c’est la règle.

Son dj phare : Pietro De Los Lagos, un dj chilien qui ne joue plus devant plus de 150 personnes depuis 1999. Il aurait mixé en juin 1997, suspendu par un hélicoptère au-dessus d’un pyramide égyptienne, avec sept platines. Le mec est un mythe, il mixe de la house de Chicago avec de la psy-trance japonaise. Etienne en est fan depuis au moins 2 semaines et 6 jours.

Son look : L’outfit du DJ est très important. Essentiel même. Voire plus que son mix. Le quotidien d’Etienne est devenu un catwalk sans foi ni loi, un podium où seul lui brille, étincelle dans la masse immonde et infâme qu’est devenu pour lui « la rue », le public, les “autres”, la « fange », ce reste du monde où l’humain lambda ne fait pas semblant de scratcher un jog pendant ses pauses déj.

Sa hantise ? Un MP3 mal téléchargé. Puis les dj qui mixent sur Traktor et se font booker plus que lui. Le pire dans tous cas, ils sont parfois mieux payés. Le comble.

Son spot : Les backstages, évidement. Mais attention, il a beau y rester des heures, le dj, lui, il a « pas l’temps ».

L’icône qu’il aurait voulu incarner : L’icône la plus mythique, celle qui s’éteint à 27 ans comme les autres membres du fameux Club (Janis, Kurt, Jimi, etc…). Ou 33 ans comme Jésus. Ou-é Jésus t’as vu. Dj ça rend humble c’est I.N.C.R.O.Y.A.B.L.E. Mais comme Etienne prétend avoir 25 ans depuis déjà 5 ans, on doute qu’il passe à la casserole et devienne la star déchue qu’il aimerait tant être un jour. C’est malin.

Son best drink ever : Vodka – Red Bull – Maté. Il en boit trois avant de monter sur scène. Toujours. Ne jamais entraver les habitudes d’un dj. C’est d’ailleurs un problème, il doit toujours râler pour son troisième ticket conso. S’pa possible ça. T’es une star ou tu l’es pas !

Quand il ne mixe pas on le trouve : Dans son lit parce qu’il ramasse encore ou sur une brocante, parce que le dj chine. Sinon, le lundi matin, à la terrasse d’un café super à la mode, le dernier Antidote sous les yeux. Le midi, au Café de La Poste. L’aprèm, chez Colette. Vers 16h chez Merci. Le dj est très tendance. Sinon le dj n’est pas dj.

Sa devise : “Il est où l’after ?”

Note pour toi la dj : Tu bouillonnes parce qu’on a pas encore parlé de toi ? T’inquiète, bébé, ça viendra bien assez tôt.

Merci à Paillette pour cette fabuleuse illustration.